Marie Bardet, Contre temps, 8 mars 2018
Lorsque Carla Lonzi[1] lance à l’été 1970 « Crachons sur Hegel », elle revendique avec force une série de transformations émergeant des pensées-pratiques féministes de cette époque en Italie. Parmi ces transformations conceptuelles et politiques, il y en a une de cruciale importance dans le contexte actuel: « donner une grande valeur aux moments ‘improductifs’ est une extension de la vie proposée par la femme »[2]. En questionnant une certaine valorisation de la productivité basée sur une son opposition à l’improductivité Lonzi prétend forger une arme révolutionnaire de lutte contre le patriarcat. Lonzi insiste sur le fait d’étendre la distribution d’une certaine valeur aux moments dits d’« improductivité » (de la reproduction en particulier), comme un des aspects de l’apport nécessaire des femmes à l’histoire et à la critique marxiste. « Cracher sur Hegel », c’est avant tout ne pas laisser la révolution aux mains du marxisme-léninisme de son époque qui fait largement l’impasse sur les rapports de domination hommes-femmes, les subsume à une dialectique de l’égalité calquée sur celle du maitre et de l’esclave ou à un économicisme fervent[3].
Donner de la valeur à ces moments, considérés comme « non productifs », c’est repenser une critique des rapports sociaux de production qui intègre ces actions et ces gestes, et donner à cette place assignée aux « femmes » (que nous pouvons lire comme celles qui deviennent femmes par cette assignation bien plus qu’elles ne le seraient biologiquement a priori) une puissance nouvelle. Cette puissance tient aux effets concrets de cette « transvalorisation » du rôle, de cette place, et de ces « moments » privés, domestiques, occupés à des tâches liées à la reproduction. Autant de gestes problématisés aujourd’hui comme gestes de soin ou travail domestique des activités à peine actives, en tout cas non productives, qui se trouvent être en même temps, bien souvent, le lieu du corps, l’assignation à une vie corporelle qui serait définitivement féminine. Telle est « l’extension de la vie proposée par la femme », ou par cette femme, Carla Lonzi, ou par cette pensée-pratique féministe italienne des années 1970, conçu depuis la différence.
La relire aujourd’hui, c’est saisir et se laisser saisir à nouveau, par un large bouleversement de l’idée de productivité et d’activité, et de leurs modalités de valorisation. C’est également l’occasion de repenser le rôle que le corps, ou plutôt une certaine attention aux dimensions sensibles, physiques, émotionnelles, corporelles, de nos gestes et de nos activités viennent jouer dans cette place et dans ses possibles redistributions. Ce bouleversement est avant tout celui d’une valeur de l’activité et du travail qui cesserait de passer par l’opposition productif/improductif, et actif/passif, et une attention particulière à tous les gestes que ces tâches impliquent.
Ce n’est pas un hasard si ce livre, Crachons sur Hegel, a été republié en Argentine par les éditions Tinta Limón[4], à la fin de l’année 2017, pariant sur sa pertinence pour un dialogue avec des mouvements féministes qui agitent le pays et la région d’une « marée féministe ». Les derniers temps à Buenos Aires et dans tout le pays ont en effet été marqués par une « marea feminista », avec les manifestations Ni Una Menos contre les fémicides depuis juin 2015 ; une large campagne de la lutte pour la légalisation de l’avortement qui est parvenue à installer le débat dans la presse et au parlement dans les dernières semaines ; les appels à des grèves de femmes depuis le 19 octobre 2016, jusqu’aux 8 mars 2017 et 2018, avec toute une série d’assemblées de préparation : cette année, tous les vendredis à Buenos Aires depuis fin janvier se réunissent plus d’un millier de femmes, lesbiennes, transsexuelles et travesties pour préparer la grève internationale des femmes .
Cette marée d’assemblées féministes déferlent dans plusieurs villes, quartiers, lieux de travail et de vie : des assemblées de femmes sur les différents lieux de travail, syndicats, et lieux de lutte (contre les licenciements dans des entreprises, des hôpitaux ou des instituts de recherche, mais aussi dans le Sud du pays après l’assassinat de Santiago Maldonado et Rafael Nahuel en territoire Mapuche…), des assemblées dans des quartiers populaires (comme celle organisée dans le quartier appelé villa 21-24 dans le sud de Buenos Aires, le samedi 25 février dernier[5]), l’organisation en assemblée permanente des femmes artistes « Nosotras proponemos »[6], des étudiantes dans les universités, etc … S’y forge un Nosotras, un nous féminin pluriel, par l’accumulation de ces voix d’un mouvement féministe composite. Un nous que l’on retrouve dans une série de hashtag accompagnant les manifestations et les grèves du mouvement Ni una Menos depuis le 3 juin 2015 : #Nosmueveeldeseo [Le désir nous meut], #Estamosparanosotras [Nous sommes là les unes pour les autres], #Vivasnosqueremos [Nous nous voulons et aimons vivantes], et #Nosotrasparamos [Nous nous mettons en grève].
En effet, l’énoncé de ce nous, en espagnol, est genré, et son énonciation semble tenir en elle l’enjeu de son tracé. Ces voix qui disent « Nosotras » savent que c’est sur chaque place, dans chaque assemblée, dans chaque voix, une énonciation située d’un nous, qui implique de parler depuis quelque part, et qui prend corps en remettant à chaque fois en jeu ces bords. On peut voir en effet comment ce nosotras met en tension l’essence du terme « femme » en hébergeant au sein de son énonciation d’autres identités ou désidentifications. Les assemblées récentes de préparation de la grève du 8M 2018 tous les vendredis du mois de février ont fait entendre fortement les voix de plus de mille « femmes », et particulièrement celles de lesbiennes, trans et travesties, veillant à donner une empreinte non biologisante aux discours et actions émergents de ces actions.
L’expérience de ces assemblées permet d’entendre ce Nosotras, non pas tant comme un « nous les femmes » point de départ a priori, mais comme l’effet d’une accumulation de positions et d’expériences situées, en lutte : ce nous d’une énonciation collective qui plutôt que d’une quelconque essence qui nous définirait comme femmes, se constitue par l’accumulation de ses énonciations variables et répétées, toujours situées dans un terrain de lutte.
Nosotras accumulatif, de celles qui pleurons celles qui ont été assassinées dans les fémicides récents, qui sommes abusées, nosotrasassignées aux tâches de soin, condamnées aux inégalités de salaire, nosotras qui exigeons que justice soit faite pour le travesticide de Diana Sacayan[7], qui tenons les comedores qui servent des repas aux enfants dans les quartiers populaires, qui travaillons avec les prisons (c’est le cas du groupe Yo No Fui), qui luttons pour récupérer notre poste de travail dans les entreprises ou administrations qui ferment, nosotras qui sommes travailleuses du sexe et nosotras qui luttons contre les violences policières, nosotras qui avons demandé à être désaffiliées de notre père tortionnaire sous la dernière dictature civile-militaire en Argentine, nosotras qui nous regroupons dans les facs pour dénoncer les cas de harcèlements, nosotras qui reconnaissons le désir comme notre mouvement et qui apprenons à tisser la douleur et la fureur avec la force d’une construction collective. Nosotras comme effets de ce verbe qui a dû s’inventer au cours des derniers mois : « acuerpar » conjugué comme acuerparnos, un néologisme qui se tiendrait entre abrazar et hacer cuerpo, entre se prendre dans les bras et faire corps ; effet d’accumulation de gestes et de paroles prises, d’écoute et de acuerparnos : nosotras.
Des fémicides à la grève
Nosotras Paramos – nous faisons grève, nous nous mettons en grève – surgit le 19 octobre 2016, après le viol collectif et l’assassinat d’une jeune fille, Lucía Pérez, dans la ville de Mar del Plata ; est alors lancé un appel à la grève des femmes. C’était au lendemain de la rencontre nationale des femmes, qui regroupe un week-end par an des milliers de femmes de tout le pays, militantes, syndicalistes, membres d’organisations de quartier, ou non, étudiantes, enseignantes, artistes… depuis plus de vingt ans dans une des villes du pays. En disant Nosotras paramos, le mouvement Ni una Menos propose de reprendre l’outil ouvrier de la grève, comme lutte contre les fémicides :
« Si nos corps comptent si peu, produisez sans nous ! Nous savons que si nous arrêtons de faire ce que nous faisons, nous pouvons arrêter le monde ».
Notons d’emblée que ces fémicides sont loin d’être une exclusivité argentine : en France, par exemple, une femme meurt tous les trois jours du fait d’être femme la plupart du temps tuée par son conjoint, ex-conjoint ou membre de la famille. Des mouvements féministes argentins, réunis contre ces violences et ces meurtres dans le collectif Ni una menos depuis 2015 ont appelé à la grève pour ce 19 octobre, en disant : On nous tue tous les jours, nous, on arrête tout, on arrête de travailler, c’est-à-dire on arrête de faire tout ce qu’on fait.
La reprise de l’outil ouvrier de la grève par un mouvement de femmes contre les fémicides met en relation directe la question de la violence physique et des fémicides avec la question du travail, des inégalités sociales et économiques, des valorisations des différentes activités, de la répartition des tâches, et de l’économie.
Arrêter tout pour une heure, pour une journée, en plus de bloquer et interrompre le travail, met en évidence la polyvalence de ce travail des femmes, travail salarié, travail informel, travail domestique… Dans l’appel du 8 janvier de préparation du 8M 2018, le collectif Ni una Menos en Argentine affirme:
« Nous disons grève internationale parce que cet outil nous permet de rendre visible, de dénoncer et d’affronter la violence que nous subissons, une violence qui ne se réduit pas à une question privée ou domestique. Cette violence se manifeste comme violence économique, sociale et politique, comme formes d’exploitation et de dépossession chaque jour plus cruelles (des licenciements à la militarisation des territoires, des conflits néo-extractivistes à l’augmentation du prix des aliments, de la criminalisation des mouvements sociaux à la criminalisation des migrations, etc.). »
Ce choix d’arrêter, de suspendre les activités en cours, quand c’est possible, mais aussi quand cela semble impossible (lorsque des vies dépendent des activités de soin, ou que l’on travaille de manière informelle, autonome, précaire, etc. on ne peut pas ou on ne sait pas toujours comment se mettre en grève[8] et c’est un des processus important de ces grèves de femmes, en particulier dans les syndicats comme la CTEP, Confédération des Travailleurs de l’Économie Populaire, l’une des organisations syndicales populaires très active actuellement en Argentine) devient un outil de « cartographie du travail selon une clé féministe » comme le dit l’appel du 8M 2017[9].
Gestes du travail, gestes de la grève
Toute une série de gestes ont commencé à apparaitre en creux de la grève menée pendant une heure le 19 octobre 2016, des gestes qui s’inscrivent en continuité et s’écartent en même temps de la grande gestualité travailleuse. La grève de femmes a donné à voir tous les gestes des multiples travaux formels et informels, employés et auto-organisés, de soin et de survie domestique, des différentes journées de travail qui s’enchainent dans les mêmes 24 heures. Ce travail de cartographie située des multiples formes de travail et des nécessités de transformation continue actuellement lors des assemblées où se prépare le prochain 8M . Ce sont par exemple les femmes incarcérées ou libérées qui ont pris la parole pour dire ce que serait cette grève en prison, depuis la prison, ou au sortir de la prison[10].
En effet, l’expérience de ce geste collectif de tout arrêter se charge d’une puissance particulière : d’un côté, ce geste trace en creux tout au long de la trame d’une journée, tout ce que l’on fait (la fameuse efficience multitâches…), et rend sensibles, visibles, palpables, les diverses formes de travail qui composent nos vies ou cette « indéfinition du travail » (Julie Alfonsi). D’un autre côté, ce geste laisse une sensation pleine de la puissance d’interrompre le cours des actions, de descendre dans la rue retrouver d’autres qui sont sorties de leur lieu de travail, de juste occuper la place où l’on est, de prendre le temps pour la question de comment on l’occupe, comment on s’y meut, comment on trouve un arrêt, comment on arrête de faire ce que l’on était en train de faire, comment on ne « fait » rien, et cependant, l’on « fait » beaucoup.
Bien entendu, cette grève féministe, en donnant à voir toutes les tâches effectuées de manière invisibles, force concrètement à leur nouvelle répartition, durant cette journée, bien sûr, mais aussi celles qui suivent… Cette redistribution s’accompagne en même temps d’une interrogation profonde des systèmes de reconnaissance et de valorisation des activités humaines, en ébranlant de manière radicale un des critères de ce système de valorisation : l’opposition entre actif.v.e et passif.v.e.
L’appel à s’approprier l’outil ouvrier de la grève, lancé par les mouvements féministes en Argentine en octobre 2016 s’inscrit dans une généalogie plus ancienne, et s’est rapidement étendu dans la région, pour converger le 8 Mars 2017 avec d’autres initiatives venues de Pologne et des États-Unis et se poursuivre avec l’appel à une grève internationale des femmes le 8 mars 2018. Cet appel a dès le début suscité de forts débats, telles que les discussions avec les syndicats sur la légitimité à appeler à la grève ou pas, ou encore autour de ce que cet appel fabriquait comme figure de femmes qui cessent de faire ce qu’elles faisaient.
On a vu par exemple l’année dernière surgir des campagnes sur les réseaux sociaux « anti grève » du 8 mars, avec des femmes se prenant en photo avec un panneau disant «#Jenefais pas grève parce que ma famille a besoin de moi active ». En passant du #nosotrasparamos au #yonoparo, cette campagne passe tout d’abord de ce nosotras au pluriel au yo singulier. Mais surtout, elle prétend ramener l’appel à la grève à une apologie de la passivité, dénonçant une sorte de dépravation de la « bonne à rien faire » qui abandonne ses obligations (ici en particulier assignées comme obligations familiales). En glorifiant l’image de l’activité de la femme parfaite répondant aux besoins de sa famille, cette contre-campagne tentait d’instaurer l’idée selon laquelle cet appel à la grève était un appel à la passivité et de lui opposer la figure de la super femme active pour sa famille. Il est clair que ces gestes arrêtés, suspendus, tout comme l’expérience de grève en général, ne sauraient en aucune façon se comprendre comme une grande passivité qui viendrait s’opposer aux activités.
Passives / actives, productives / improductives
Alors, que ce soit l’assignation patriarcale historique à une place privée liée à ces « moments improductifs », que cherchait à bouleverser Lonzi en proposant d’étendre une certaine valeur à cette improductivité ; ou que ce soit, à l’inverse semble-t-il, la figure de la super activité féminine brandie en étendard contre l’appel à la grève des femmes, c’est bien l’opposition entre actif.v.e et passif.v.e qui apparait être le pivot central d’organisation de la place et du rôle des femmes, et de la valorisation des activités productives ou improductives. Et c’est ce pivot qui se trouve perturbé par ces propositions et expériences de grève de femmes.
Dans la mesure où l’expérience de la grève, autant que la revendication de l’extension de la vie à ces moments dits « improductifs », rend d’une certaine manière caduque cette opposition entre actif et passif, elles forcent à forger d’autres catégories pour comprendre nos gestes et leurs effets, et exigent de repenser et de transformer les relations de production et de reproduction et leur valorisation. Et cela concerne les femmes, bien sûr, mais aussi la société dans son ensemble.
En effet, cette même opposition entre activité et passivité est au cœur de l’impératif de construction des différences de genres binaires entre masculin et féminin. En même temps qu’elle est également l’opposition qui prétend définir le travail et sa valorisation à partir de l’opposition entre actif.ve.s et passif.ve.s, entre celles qui ont un travail et celles qui n’en n’ont pas. Mais c’est aussi celle qui forge les figures plus récentes guidant nos vies de plus en plus auto-entreprenariales selon l’opposition winner versus looser[11]. C’est cette opposition que la grève des femmes vient, entre autre, mettre en branle en rendant concrètement visibles, ou sensibles, dans chacun de nos geste interrompus, tout ce qui sera bloqué pendant le temps de cette grève, tout ce que d’autres devront prendre en charge éventuellement… mais aussi les multiples formes de travail pas toujours reconnues en tant que telles.
Arrêter tout, suspendre un geste, ne pas le faire, est alors le contraire d’une passivité. C’est bien plutôt une manière de porter son attention sur la manière dont on allait faire ce que l’on fait, et une occasion pour laisser affleurer mille manières de faire autrement. Voir comment le geste d’arrêter détisse dans chaque action, au cours de chaque geste, la ligne de répartition entre activité et passivité jusqu’à lui en faire perdre tout sens, laisse voir d’autres modalités de faire qui sont également des manières de ne « pas » faire.
« Notre action c’est d’arrêter » lance un groupe d’artistes de la danse et du théâtre à Buenos Aires, Escena Política, en amont de leur action d’intervention pour le 8 mars : elles invitent à un « Bombachazo », un rassemblement avec des culottes sur les visages devant les théâtres de Buenos Aires le 8 Mars. C’est que creuser l’idée de ces gestes de la grève comme une remise en cause de l’opposition entre activité et passivité à plusieurs niveaux, recoupe leurs savoirs-sentirs (Isabelle Ginot)[12] de danseuses et d’actrices. En effet, on retrouve dans le champ de recherche des pratiques artistiques en danse et théâtre, ou des études du geste le fait de suspendre un geste soit une manière de le rendre encore plus sensible, et que chaque geste articule subtilement du faire et du non faire, rendant inopérante la question « actif ou passif ? ».
En opérant une alliance stratégique entre luttes contre les fémicides et luttes contre les violences économiques et sociales, la grève féministe est à la fois suspension et transformation, comme le rappelle Silvia Federici dans son appel à la grève :
« Se mettre en grève ne veut pas seulement dire interrompre certaines activités, des activités professionnelles, ça veut aussi dire nous engager dans des activités qui sont transformatrices, qui d’une certaine manière nous poussent au-delà de nos occupations de routine et de la vie quotidienne, des occupations qui contiennent en elles-mêmes d’autres possibilités »[13].
Pour suspendre et transformer, pour « tout changer », la cuisine de la grève internationale des femmes est en ébullition, des syndicats de plus en plus nombreux à appeler à la grève, aux universités qui reprennent tout juste les cours, des quartiers qui s’organisent pour la grève aux assemblées un peu partout, de la reprise du tube de cumbia de la chanteuse Gilda[14] à l’appel tout juste lancé d’un « orgasmathon »[15] pour le 8 mars à minuit, c’est « sur les places, dans les maisons, et dans les lits » (« en las plazas, en las casas, en las camas ») que se construit et se découvre ce #nosotrasparamos.
Notes
[1] Carla Lonzi (1931-1982), critique d’art, poétesse et théoricienne, féministe, elle fut la co-fondatrice des Revolta femminile, au sein du mouvement féministe italien des années 1970.
[2] Carla Lonzi, Escupamos sobre Hegel, ed. Lapléyade, Buenos Aires, 1975, p.18(“Dar gran valor a los momentos « improductivos » es una extensión de la vida propuesta por la mujer.”)
[3] “On se contentera ici de souligner que c’est en réalité au marxisme que s’en prend Lonzi derrière le masque de Hegel. Le marxisme du Parti Communiste Italien, certes, mais aussi le marxisme des divers groupuscules d’extrême gauche qui faisaient dissidence avec le PCI, mais qui, pour autant, ne remettaient pas en cause le patriarcat. Le féminisme de Lonzi, proche en cela de qui se passait en France à la même époque avec le Mouvement de Libération des Femmes, est né d’une insatisfaction profonde quant à la capacité de la cause prolétarienne, qui subsumait les problèmes de sexe et de genre sous des problématiques économiques, à prendre en compte la spécificité du combat des femmes. C’est à la reconnaissance d’une domination phallocratique irréductible à une domination de nature économique, bien que pouvant se combiner et être réappropriée par cette dernière, que nous invite Lonzi et qui, encore aujourd’hui, garde tout son sens. » Paris, Eterotopia, coll. « Rhizome », 2017, 101p. », Terrains/Théories [En ligne], 7 | 2017, 10
[4] http://la-periferica.com.ar/libro/ESCUPAMOS-SOBRE-HEGEL. Il a également été publié en France en 2017, Carla Lonzi, Crachons sur Hegel. Une révolte féministe, Paris, Eterotopia, coll. « Rhizome », 2017.
[7] Diana Sacayan était une leader du mouvement trans et travesti en Argentine, assassinée de 13 coups de couteau le 11 octobre 2015. Le procès qui s’ouvre dans les jours à venir présente pour la première fois le facteur aggravant de « trasvesticide » contre l’accusé.
[8] Cf. Entretien avec Verónica Gago et Natalia Fontana, Revue Alexia.
[11] Au lendemain de l’élection de Macron comme président, à Montreuil, on a vu une banderole dans une manifestation qui disait : « on ne sera jamais des winner, connard ».
[12] Isabelle Ginot, « Inventer le métier », Recherches en danse [En ligne], 1 | 2014
[13] Silvia Federici, dans son appel à la Grève des Femmes, visible dans son intégralité ici.