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Nous, les femmes du Sud et du Nord de la Marche Mondiale, nous nous sommes réunies pour participer à notre 12ème Rencontre internationale, malgré le contexte difficile d’une pandémie mondiale. Nous sommes venues de 50 pays de toutes les régions du monde, pour partager nos luttes et construire une analyse commune pour renforcer nos actions au moment présent. La pandémie a mis en évidence les inégalités sous-jacentes et les multiples crises du système, la marchandisation et la privatisation du service public, la dégradation de l’environnement et la crise écologique qui alimente la crise climatique. Nous sommes confrontées à l’aggravation du conflit entre le capital et la vie. L’exploitation augmente et les femmes sont les plus touchées. Les intérêts des entreprises passent avant la santé, comme nous le constatons à travers l’accès inégal aux vaccins dans le monde, des services publics médiocres et l’infime attention portée aux autres maladies et à la santé sexuelle et reproductive. Les entreprises multinationales pillent et volent les terres, sans aucun respect pour les droits humains, et imposent des dettes illégitimes aux peuples de tous les continents.
La montée des gouvernements autoritaires et des forces conservatrices et fondamentalistes a fait reculer les droits pour lesquels nous nous sommes battues. Nous sommes confrontées à une violence et à une militarisation croissantes pour contrôler nos territoires, nos vies, notre travail politique, nos corps et nos sexualités. Les nouvelles formes de colonialisme se reflètent dans les politiques migratoires racistes, la fermeture des frontières, la criminalisation des réfugié-e-s et l’augmentation des blocus économiques, politiques et financiers contre les peuples dont les gouvernements ne se plient pas aux intérêts de ce système prédateur. Le capitalisme avance dans une perspective néolibérale conservatrice, fondamentaliste et autoritaire, imposant un projet de mort et criminalisant les mouvements sociaux qui osent s’y opposer, tout en proposant de fausses solutions, comme le capitalisme vert.
Les acteurs du capital, patriarcal et raciste, imposent consciemment et délibérément une série de politiques qui privilégient les droits de la minorité à ceux de la majorité de l’humanité.Cela a entraîné la détérioration des conditions de vie et a aggravé la marginalisation et la discrimination des communautés les plus défavorisées : réfugié-e-s, travailleur-euse-s agricoles, travailleur-euse-s migrant-e-s, LGBTQI+, personnes âgées, non-propriétaires, personnes handicapées, corps racialisés etc. Simultanément, ces politiques ont engendré des crises dans les secteurs du logement et ont réduit les services de santé sexuelle et reproductive, accentuant la vulnérabilité des femmes et des identités féminines face aux violences basées sur le genre ainsi que l’exclusion économique. Les États alignés sur le capitalisme ont répondu aux crises en renforçant les discours individualistes et leurs politiques patriarcales, racistes, hétéronormatives, en utilisant la militarisation, l’exclusion des frontières et la criminalisation de la migration.
D’autre part, nous, les femmes, nous avons répondu à la pandémie en renforçant la solidarité pour assurer les conditions de vie et fournir de la nourriture, des soins de santé et un accès minimal aux produits de première nécessité, tout en résistant et en nous organisant, en exigeant des politiques publiques pour faire face à la pandémie telles que l’accès au logement, aux soins de santé et aux vaccins, aux actifs productifs ainsi que des politiques pour protéger l’emploi, les droits des travailleur-euse-s et les revenus pendant le confinement général.
Nous, Marche Mondiale des Femmes, nous résistons au système capitaliste et patriarcal et dénonçons la politique interventionniste de l’impérialisme, le sionisme et toutes les formes d’occupations racistes et néocolonialistes, les fondamentalismes religieux et les tentatives de cooptation des luttes féministes. Nous réaffirmons notre engagement à continuer en marche, à résister pour vivre et pour transformer les systèmes qui génèrent la pauvreté et la violence envers les femmes.
Nous réaffirmons le pouvoir de notre organisation aux niveaux local, régional et national comme fondement de la force de notre mouvement internationaliste. Nous appelons toutes les femmes, groupes et organisations de femmes à continuer à s’organiser et à accumuler du pouvoir à travers des processus d’organisation populaire, d’éducation et de communication populaire, de construction d’actions collectives et d’économie féministe en descendant dans la rue. Nous reconnaissons le pouvoir des réseaux sociaux et nous élisons Capire pour être la voix qui connecte chaque femme engagée avec notre mouvement et nos alliances pour la défense d’une vie digne.
Nous nous sommes positionnées en plaçant le principe de durabilité de la vie au centre, en réaffirmant que nous sommes écodépendantes et interdépendantes. Nous voulons vivre en harmonie avec la nature et construire de nouvelles relations sociales basées sur la réciprocité des soins et le renforcement des biens communs. Nous nous engageons également à lutter contre les féminicides, contre toute violence sexiste et contre la marchandisation du corps des femmes. À partir des visions politiques que nous avons accumulées et de nos expériences de lutte internationaliste, nous continuons engagées dans la construction du féminisme avec des mouvements alliés au niveau local, régional et international.
Nous sommes solidaires avec toutes les femmes et peuples en lutte pour leur souveraineté et leur autodétermination : d’Afghanistan, de Palestine, du Soudan, du Kurdistan, du Sahara occidental, de Cabo Delgado, ainsi que les femmes mapuche, du peuple Q’eqchi du Guatemala, du Honduras, du Salvador, de Cuba et du Venezuela, et toutes les femmes migrantes exilées qui sont contraintes de fuir leur pays et subissent toutes les formes de violence.
Nous réaffirmons que la liberté, l’égalité, la justice, la paix et la solidarité sont nos valeurs fondamentales et nous appelons à une solidarité continue avec les femmes et les peuples qui luttent pour l’autodétermination de leurs corps et de leurs territoires. Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !
31 octobre 2021