Développer une culture internationaliste

Projet de lignes directrices pour le travail de la commission altermondialisation et solidarité internationale de Québec solidaire

Nous présentons ici des extraits d’un document en discussion actuellement à la commission altermondialisation et solidarité internationale de Québec solidaire (QS). La Commission est composée de militants et de militantes de plusieurs associations de QS un peu partout au Québec. Elle a pour mission d’aider le parti à intervenir dans les débats sur la situation internationale, mais aussi plus généralement sur les orientations du parti, étant donné sa participation à la commission politique de QS. Par ailleurs, la commission poursuit un travail d’éducation populaire sur les grands enjeux internationaux qui nous interpellent. Les extraits que nous présentons sont en quelque sorte les repères analytiques de la discussion en cours au sein de la commission. Elle doit lui permettre de définir les lignes directrices de son action pour la période qui va nous amener aux prochaines élections générales au Québec.

En février 2006, Québec Solidaire est né sous la bannière du féminisme, de l’écologisme, du pacifisme, en inscrivant également l’altermondialisme dans les courants constituants du nouveau parti. La déclaration de principes adoptée par le congrès de fondation de QS affirmait déjà, « Nous sommes altermondialistes ». Dans le document, on retrouvait une section qui relevait à la fois des enjeux de la solidarité internationale, et aussi, suivant une approche anti-systémique, d’un rejet du modèle de mondialisation néolibérale, ce faisant, en reprenant le mot d’ordre des mouvements altermondialistes, « Un autre monde est possible ». Depuis, les mouvements altermondialistes ont beaucoup évolué. La grande vague de lutte amorcée au début des années 2020, qui avait amené à la création du Forum social mondial (FSM), et au Québec, le Sommet des peuples des Amériques, a bousculé le (dés) ordre mondial néolibéral.

Par la suite, les mouvements ont affronté la militarisation et la « guerre sans fin » entreprise par l’impérialisme américain et ses aillés-subalternes comme l’État canadien. Au début des années 2000, le mouvement alter s’est internationalisé avec Occupy, les printemps arabes, sans compter le printemps érable ici au Québec.

Aujourd’hui, les dispositifs du pouvoir se sont réorganisés sous la bannière de l’austéritarisme et du militarisme. Des mouvements populaires, des formations politiques de gauche résistent dans des conditions d’une grande adversité, ce qui n’empêche pas d’immenses mobilisations comme celles du mouvement des femmes au Chili et en Argentine, des jeunes au Liban, en Algérie et en Haïti, des peuples autochtones partout dans la Grande Tortue (Amérique du Nord) qui résistent au pillage et à la prédation de la Pachamama, notamment dans l’Amazonie. Malgré la hausse de la répression sous prétexte de la Covid, des mouvements populaires partout dans le monde persistent et signent, à commencer par les États-Unis où Black Live Matters a développé la plus grande vague de résistance dans l’histoire contemporaine de ce pays, d’où la défaite de Donald Trump.

Un peu partout dans le monde, les formations politiques progressistes sont partie prenante de ces luttes, de ces résistances, de ces mouvements. Dans notre monde globalisé, la solidarité internationale et l’altermondialisme ne sont plus des causes « secondaires » réservées aux ONG et aux groupes spécialisés, mais un terrain de lutte important, sachant que chaque victoire, comme chaque défaite, d’un bout à l’autre de la planète, nous interpelle tout de suite avec de multiples impacts. Contribuer à la construction d’un alter Québec épris de justice sociale et écologique, en solidarité avec les peuples autochtones, en marche vers une république citoyenne associée aux initiatives de transformation dans le monde, voilà ce qui motive la Commission altermondialiste de Québec solidaire.

Bref retour sur l’action internationale de Québec solidaire

Depuis son avènement, QS s’est manifesté en solidarité avec les peuples en lutte, notamment dans la lutte contre le libre-échange et la militarisation, ainsi que pour l’écologie. Le parti s’est également activé avec les camarades en Catalogne, en Écosse, au Pays basque, là où la lutte pour l’émancipation sociale se conjugue, comme au Québec, avec celle pour l’émancipation nationale. QS également a pris parti en faveur des résistances en Bolivie, Haïti, en Algérie, en Palestine, en Colombie et au Chili.

Il s’est opposé publiquement aux manœuvres de l’État canadien, fidèle allié-subalterne des États-Unis dans la guerre « sans fin » menée par l’Empire en déclin, comme par exemple, face aux menaces d’intervention impérialiste en Iran. Des élus et responsables de QS sont allés sur le terrain pour mieux comprendre les combats en cours, comme au Chili, aux États-Unis, en Catalogne, en Afrique du Sud et ailleurs.

Fait à noter, QS a porté plus récemment davantage attention à l’évolution des résistances et des alternatives progressistes aux États-Unis. C’est ainsi que Commission altermondialiste a amené plusieurs délégué. es des États-Unis au congrès et aux rencontres du Conseil national 2019. L’importance de ces luttes ne peut être sous-estimée en tenant compte qu’aux États-Unis, il y a une levée en masse des jeunes, des Africains-Américains, des femmes et des couches populaires en général, qui ont débouché sur la défaite de Donald Trump lors des élections de novembre 2020.

Tout ce travail a été répercuté dans QS grâce aux médias sociaux de la Commission qui rejoignent plusieurs réseaux et individus. Cette liste non exhaustive montre que QS a été loyal à sa cause. On aurait pu faire plus et mieux et nous avons appris de ces premières expériences.

Un combat politique pour un autre monde

L’objectif des présentes lignes directrices est double :

  • rappeler et bonifier les critères de définition des priorités de l’action de la commission,
  • définir un modus operandi qui permette de compter sur l’appui et l’engagement du plus grand nombre de personnes membres de QS qui pourraient s’intéresser à la solidarité internationale au travail de la commission altermondialiste.

Ainsi, les lignes directrices pour le prochain mandat 2021-2022 vont nous amener aux prochaines élections générales 2 n 2022. D’abord nous voulons traiter de nos priorités, qui sont largement définies dans le programme lui-même.

Ensuite, nous voulons proposer les grandes lignes d’une nouvelle approche de l’organisation de la commission, à la fois plus souple et plus structurée.

Pour Québec solidaire, l’altermondialisme et la solidarité internationale sont un combat politique pour la transformation sociale au Québec. L’altermondialisme affirme une solidarité plus internationaliste liée au combat politique anti-systémique, en opposition à la domination mondiale du néolibéralisme et de l’impérialisme, où le Canada occupe une place secondaire (par rapport aux États-Unis), mais importante.

Le combat altermondialiste QS ainsi s’inscrit avec la lutte contre le capitalisme canadien et pour que le Québec exerce sa souveraineté sur tous les aspects de son avenir, comme l’affirme le programme de QS :

En opposition à cet « ordre » fait d’exploitation, de compétition et de domination, l’altermondialisme propose une alternative démocratique et solidaire : un monde d’inclusion, de coopération et de solidarité. Il apparaît donc comme l’axe central d’un nouveau projet de société. Québec solidaire (…) prend position sur les questions internationales en s’appuyant sur les principes suivants : contre l’impérialisme et pour une véritable solidarité internationale; pour la prévention de la violence et l’édification de la paix; pour un commerce international juste et équitable.

Les positions et les plans d’action de la commission tiennent compte de la situation internationale, marquée par la triple crise sanitaire, économique et environnementale. Reprenant le combat des mouvements altermondialistes contre la mondialisation néolibérale (opposition à la dérèglementation, au libre-échange et au néolibéralisme), l’essentiel du combat solidaire doit promouvoir un projet de société basée sur la justice sociale et environnementale et qui s’appuie sur la mobilisation populaire et l’engagement politique des mouvements sociaux.