En Amazonie les feux s’intensifient avec la grande sécheresse

Crédit photo Noicolay Kondev - Domaine public CC0

Celia Sales, correspondante de retour du Pérou

Depuis quelques semaines les incendies en Amazonie se sont intensifiés. Aux dégâts perpétrés par les grandes entreprises industrielles et face à l’incapacité des gouvernements à prendre les mesures qui s’imposent, le climat et la sécheresse nourrissent les feux et provoquent des effets dévastateurs toujours plus marqués. Tous les pays amazoniens soit l’Argentine, le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Paraguay ou encore le Pérou voient des hectares de terres partir en fumée à grande vitesse.

Voilà des années que l’Amazonie brûle. L’année 2024 a été encore plus meurtrière que les années précédentes. Plus de 88 millions d’hectares de forêt amazonienne ont disparu. Au Brésil la fumée se ressent jusqu’à Sao Paulo, à plus de mille kilomètres. Au Pérou, plus de 15 personnes sont mortes sous les flammes. En Bolivie les habitants de la selva sont obligés d’abandonner leurs terres et leurs maisons. En Uruguay, l’air est devenu irrespirable dans de nombreuses régions.

La déresponsabilisation des gouvernements 

En Bolivie, Luis Arce a déclaré une pause environnementale, une mesure qui suspend toutes les autorisations de brûlis sur les terres agricoles. Au Paraguay cette pratique est également la première cause des incendies, là où 90 % des terres appartiennent aux grands propriétaires de l’agroalimentaire. Bien que la majorité des feux sont d’origine humaine, la grande sécheresse rend les situations incontrôlables. Les pluies se font de plus en plus rares, notamment à cause del Niño qui provoque un déséquilibre météorologique dans les régions du Pacifique. Bien que ce phénomène soit naturel, le réchauffement climatique accentue ses effets et sur du plus long terme.

L’Amazonie est une zone convoitée par un grand nombre d’industries, par la diversité des ressources que ses terres offrent. Alors que les événements climatiques extrêmes s’enchaînent, leurs effets s’intensifient sur une Amazonie déjà affaiblie par la déforestation, l’empêchant de se régénérer et de faire face à la sécheresse grandissante. Pendant ce temps, au Pérou, en Colombie, au Brésil, en Équateur, les gouvernements ont déclaré l’état d’urgence dans nombre de leurs régions.

Le 11 septembre, des militant.es se sont réuni.es à La Paz, dénonçant les anciennes lois votées par le gouvernement bolivien. Appelées lois incendiaires, elles facilitent les brûlages illégaux et promeuvent le développement de l’industrie agroalimentaire. Le gouvernement brésilien maintient ses contradictions continuant de laisser l’exploitation des ressources pétrolières dans les embouchures de l’Amazonie tout en se présentant comme leader de la transition énergétique. Au Pérou, après une rencontre avec les forces de sécurité, la présidente Diana Boluarte a assuré que chacun.e a sa responsabilité à jouer et a demandé aux personnes «d’arrêter de jouer avec le feu». Cette déclaration risible démontre bien le manque de responsabilisation de la part des gouvernements sur la crise environnementale.

Appel international à sauver les poumons de la planète

Reconnaissant le manque de capacité pour faire face à la crise, les pays sollicitent l’aide internationale. À l’ONU, Lula appelle à la lutte climatique globale, pendant que son pays vit les plus grands incendies depuis quatorze ans. Alors que l’Amazonie colombienne continue de brûler, la COP16 s’organisera à Cali entre le 21 octobre et le 1er novembre 2024. Organisée en plein cœur de la crise, cette rencontre est attendue par nombre d’associations, espérant que les points discutés du cadre mondial de la biodiversité Kumman-Montréal seront enfin appliqués.

Les peuples autochtones sont les premières victimes des incendies. En plus de devoir quitter leur lieu de vie, la nature est un élément essentiel au sein de leur culture. L’impact psychologique est encore plus fort, voyant la Terre Mère disparaître à petit feu. Grands acteurs dans la lutte écologique, leurs revendications sont souvent accueillies par le mépris des gouvernements qui continuent de ne pas les reconnaître comme voix légitime d’opposition.