Célia Izoard, Rue Dorion, Montréal, 2024, 344 pages – Une note de lecture d’Édouard de Guise
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La ruée minière au XXIe siècle : enquête sur les métaux à l’ère de la transition, de Célia Izoard, soulève le paradoxe d’une transition écologique dans une économie extractiviste. Véritable monstre dans un costume d’agneau, l’industrie minière serait loin d’être la panacée écologique appuyée par les élites politiques et économiques partout dans le monde.
Dans cet essai, la journaliste montre d’abord comment la transition du fossile à l’électrique est insoutenable, car elle requiert des quantités colossales de métaux divers, dont il faudrait décupler l’exploitation au-delà de toute mesure raisonnable. Pour l’illustrer, elle évoque l’électrification du parc automobile britannique. Cette transition « nécessiterait l’équivalent de deux fois la production mondiale actuelle de cobalt, les trois quarts de la production de lithium, et la moitié de la production de cuivre. »
Izoard met le doigt sur un enjeu important de cette nouvelle ruée minière : les discours évoluent, mais les motifs demeurent. Entre 2008 et 2018, un changement se serait opéré pour justifier l’activité minière. Alors que l’on parlait d’objectifs de croissance économique, on évoque maintenant la nécessité d’accomplir une transition depuis les énergies fossiles vers l’électrique.
La journaliste plaide pour un retrait des mines. Le régime minier serait ainsi l’un des piliers du régime capitaliste et un catalyseur de la crise climatique. L’industrie minière est donc doublement polluante. Outre sa propre dépendance à l’industrie pétrolière, les équipements miniers et les transports fonctionnant aux hydrocarbures, elle pose des risques majeurs pour les écosystèmes terrestres et marins.
Contrairement à plusieurs autres appels à l’action individuelle en matière d’environnement, il s’agit pour Izoard d’un appel à l’action collective. À l’échelle dont elle souhaite voir des changements, il devient nécessaire de faire ces choix en tant que société, et non comme un renoncement personnel
Édouard de Guise est un correspondant spécial du Journal des Alternatives à Paris.