États-Unis : le capitalisme, plus meurtrier que le coronavirus

Mike Pappas, Tre Kwon, Révolution permanente, 13 avril 2020

Des morts par milliers chaque jour et des corps entassés dans des fosses communes. Ce sont les images surréalistes qui nous parviennent depuis la première puissance impérialiste, épicentre de la pandémie aujourd’hui. Une situation qui n’a rien d’une fatalité et qui a été largement orchestrée par des décennies de politiques néolibérales, comme le démontrent Mike Pappas et Tre Kwon, éditorialistes du journal marxiste Left Voice.

RP Dimanche : Quelles ont été les réponses de Trump et du gouvernement fédéral à la crise sanitaire ? Pouvez-vous nous en dire plus à propos des lois d’urgence qui sont en train d’être passées ? Qu’en est-il du Parti démocrate ?

Tre Kwon : Premièrement, le gouvernement a mis beaucoup trop de temps à réagir à la crise. Malgré les mises en garde du reste du monde, Trump n’a rien fait pour endiguer la propagation initiale du virus. Il affirmait alors que le virus était une « fumisterie » de démocrates et que ce n’était pas plus grave qu’une grippe, avant de finir par admettre que le virus se propageait aux États-Unis tout en minimisant sa gravité. Aujourd’hui, il reconnaît enfin l’ampleur du potentiel bilan humain de l’épidémie alors que nous nous apprêtons à franchir la barre des 20 000 morts dans le pays. Sa position initiale a activement participé à la propagation du virus, même si on ne sait pas exactement combien de gens l’ont attrapé et propagé par sa faute. Les mesures de confinement qui sont aujourd’hui prises dans de nombreux États peuvent s’avérer nécessaires mais elles ont aussi une dimension politique en créant un effet dissuasif sur l’action collective et en atomisant la classe ouvrière. En outre, dans bien des pays, ces politiques renforcent l’appareil répressif des États, ce qui est évidemment extrêmement préoccupant.

D’un point de vue économique, la Maison Blanche et le Congrès ont convenu d’un plan de sauvetage d’une valeur de 2 billions de dollars. De ce montant, plus d’un demi-billion de dollars iront aux grandes entreprises – avec 60 milliards de dollars uniquement pour les compagnies aériennes. En comparaison, environ 125 milliards de dollars seulement sont consacrés à la santé. Il faut savoir par ailleurs que ce sont près de dix millions de travailleurs qui se retrouvent au chômage depuis l’explosion de la crise, sachant que ces chiffres n’incluent que ceux ayant demandé des indemnités de chômage – et n’incluent pas, donc, les millions de travailleurs sans papiers qui ont probablement perdu leur emploi mais ne sont pas éligibles au chômage. Il s’agit de la plus importante vague suppressions de postes depuis la Grande Dépression. À titre de comparaison, les États-Unis ont vu 12 millions d’emplois supprimés entre 1930 et 1932.. soit autant qu’actuellement, et ce en deux semaines seulement !

Dans cette situation, chaque citoyen américain est censé recevoir un chèque de 1200 $ – mais dans des endroits comme New York, c’est souvent moins que le prix d’un loyer. Sans gel des loyers, cet argent n’est qu’une subvention pour les propriétaires. On ne sait pas non plus quand cet argent arrivera réellement. Cette faible subvention est refusée aux millions de travailleurs sans papiers aux États-Unis – des travailleurs qui paient des impôts mais ne reçoivent aucun soutien. Bien au contraire, l’agence de déportation ICE continue d’arrêter les soi-disant résidents « illégaux » en pleine pandémie et, contrairement aux hôpitaux, ils reçoivent suffisamment de matériel de protection de la part du gouvernement.

Le gouvernement fédéral n’a absolument pas réussi à se préparer à une pandémie comme celle-ci. Trump essaie de rejeter la faute sur les États. Son beau-fils, Jared Kushner, par exemple, s’est référé au stock fédéral de respirateurs et d’autres équipements qui manquent cruellement en disant « notre stock ». Trump a invoqué la loi sur la production de défense de 1950, qui permettrait au gouvernement d’orienter l’industrie vers la production de fournitures essentielles. Mais rien ne se passe pour l’instant. General Motors, par exemple, a demandé 1 milliard de dollars pour fabriquer des respirateurs. Nous approchons le pic de l’épidémie, mais jusque-là General Motors n’a toujours pas produit un seul respirateur.

Le Parti démocrate, entraîné par la sénatrice et ancienne candidate à la présidentielle Elizabeth Warren, a ajouté quelques points au plan de sauvetage pour contrer les pires formes de corruption qu’il comprenait. Maintenant, les compagnies aériennes ne sont pas censées utiliser l’argent du plan de sauvetage pour racheter des actions, et les entreprises de Trump ne sont pas censées obtenir des fonds. Cependant, ils ont globalement accepté l’idée de ce sauvetage des grandes sociétés à la hauteur de mille milliards de dollars et n’ont proposé aucune alternative. Ça explique en grande partie la hausse de la côte d’approbation de Trump de ces derniers temps – puisqu’il n’y a aucune autre proposition sur la table. De cette manière, il se présente lui-même comme étant à la gauche des démocrates. Il dit que, grâce à lui, tout le monde recevra 1 200 $ alors que la dirigeante démocrate Nancy Pelosi réclame, elle, un « contrôle des ressources ».

RP Dimanche : Les États-Unis sont l’une des principales puissances capitalistes, et pourtant leur système de santé n’est pas du tout à la hauteur face à crise. Qu’est-ce qui fait défaut ?

Mike Pappas : Il y a tellement de problèmes qu’il serait difficile de tout mentionner.. D’abord, comme disait Tre, les États-Unis ont pris énormément de retard dans la campagne de dépistage. L’OMS a validé un protocole de test, que de nombreux pays ont commencé à appliquer, mais les États-Unis ont préféré développer le leur, sans doute pour qu’une entreprise américaine remporte l’appel d’offre. Non seulement cette politique a, de fait, retardé la mise en place d’une campagne de dépistage massive, mais en plus, les CDC (agence fédérale des États-Unis en matière de protection de la santé publique, ndlt) ont dû rappeler les tests distribués, qui se sont révélés défectueux. Le temps d’être en mesure de procéder à un dépistage à grande échelle, il était déjà trop tard pour endiguer la propagation du virus au sein de la population.

Il est bon de préciser qu’un des principaux avantages des tests, c’est de permettre de mettre en quarantaine les cas dépistés de Covid-19, et les personnes avec qui ils ont été en contact, comme on a pu le voir en Chine ou en Corée du Sud. Mais pour ça, il il faut un système de santé publique solide, capable de gérer le suivi d’un grand nombre de cas. Les États-Unis ne disposent pas d’un tel système. Au lieu de ça, on a un système de santé dominé par des entreprises privées ou des organisations dites « à but non lucratif », mais qui fonctionnent quand même comme des sociétés à but lucratif. Résultat, on se retrouve avec un système complètement décousu, incapable de suivre la progression d’une épidémie.

C’était déjà le cas avant la crise aux États-Unis ; et maintenant on va devoir gérer le pic de l’épidémie dans des villes comme New York, dans les semaines ou les mois à venir. Le système de santé américain est déjà complètement débordé par la pandémie. Les infirmières de New York, par exemple, menaçaient déjà de faire grève l’année dernière, pour dénoncer les sous-effectifs. Elles avaient beau se plaindre, les directions des hôpitaux ont refusé de prendre la moindre mesure. Tout ce qui compte pour eux, c’est de réduire les coûts pour augmenter les profits, coûte que coûte. Je vous laisse imaginer les conditions de travail actuelles maintenant que la pandémie est arrivée.

RPD : Quels sont les liens entre la propagation du COVID-19, l’économie capitaliste et les politiques de santé aux États-Unis ?

Mike Pappas : Cette crise est un exemple flagrant de la façon dont les politiques de marché que les capitalistes présentent continuellement comme bénéfiques pour tout le monde sont en fait extrêmement préjudiciables. Dès 2016, l’administration Obama a signalé la probabilité potentielle d’une épidémie globale dans un rapport qui tirait les leçons du combat contre le virus Ebola. De nouveau en 2019, une simulation du ministère de la Santé et des services sociaux de l’administration Trump, appelée Crimson contagion, a imaginé la possibilité d’un pandémie mondiale. Maintenant, si nous vivions dans un pays doté d’un système de santé publique fonctionnel qui travaillait à préparer et à prévenir les maladies, on pourrait s’attendre, en se basant sur ces données, à ce que les hôpitaux se soient préparés à de tels scénarios. Au lieu de cela, les systèmes hospitaliers ont opté pour l’obtention de fournitures « juste à temps » car l’achat de fournitures en avance représentait pour eux un investissement non rentable.

La logique de marché a également un effet sur le financement des entreprises publiques. Dans une société où le marché règne sans conteste, l’idée qu’il devrait y avoir moins d’ingérence gouvernementale se traduit par une réduction des budgets des entreprises publiques. Par exemple, comme le rapporte The Intercept, l’administration Trump a non seulement fermé l’unité de sécurité sanitaire mondiale du Conseil de sécurité nationale, mais a aussi réduit le financement d’organisations telles que le Centre pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui se concentrent spécifiquement sur la prévention mondiale des maladies. Au lieu de financer la recherche et le développement publics, cette logique a conduit à la signature d’un grand nombre de contrats de recherche avec des compagnies privées qui préfèrent mettre de l’argent dans le développement du prochain médicament à succès plutôt que de mettre en place des traitements permettant de protéger massivement la population. C’est aussi ces choix-là qu’on paie aujourd’hui.

Mais il faut également regarder du côté de la gestion du personnel hospitalier. Depuis un certain temps, la direction s’efforce de réduire autant que possible les effectifs car cela est considéré comme une dépense supplémentaire qui menace les résultats. Malheureusement, cette réduction des effectifs est responsable d’une difficulté bien supérieure alors qu’il s’agit de répondre à une pandémie. Nous voyons maintenant des directeurs d’hôpitaux se démener pour trouver du personnel, ou pour faire travailler le personnel en place jusqu’à ce qu’ils développent eux-mêmes des symptômes, contribuant, in fine, à une plus grande propagation du virus.

Mais si le gouvernement n’a pas préparé le système de santé pour les raisons évoquées plus haut, il a également rendu la population plus vulnérable. La destruction complète d’un dispositif de sécurité sociale est essentielle au fonctionnement du système capitaliste. Il est avantageux pour les capitalistes de réduire les allocations chômage, les congés maladies payés etc. car cela place la classe ouvrière dans une position plus profonde de précarité et de vulnérabilité, en plus de faire des économies. Plus les populations sont vulnérables et plus il est facile de les exploiter sur leur lieu de travail puisqu’elles sont désespérées de garder leur emploi. Aux États-Unis, les travailleurs doivent continuer à travailler même quand ils sont malades. Quand on a ça en tête il n’est pas difficile de comprendre comment le coronavirus a pu se propager autant !

Finalement je dirais que le capitalisme a rendu la population plus vulnérable au virus tout en mettant les institutions dans l’incapacité d’y répondre. Le coronavirus n’est pourtant qu’un avertissement de ce qui va arriver si nous ne nous mobilisons pas contre ce système. Le nombre de décès et de souffrance à attendre du coronavirus n’est rien en comparaison de ce qui va résulter de la crise climatique à venir. A mesure que les capitalistes continuent de détruire l’environnement – 100 entreprises sont responsables de 70% des émissions de gaz à effet de serre – nous verrons s’accroître l’émergence de nouvelles maladies, mais aussi l’augmentation de conflits mondiaux, de famines et de morts.

Actuellement, alors que la crise fait rage dans le monde entier, l’administration Trump s’efforce de faire reculer les normes de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) afin que les entreprises puissent polluer davantage l’air et l’eau dont nous avons tous besoin pour survivre. Comme l’a rapporté The Intercept, 2,2 millions de personnes pourraient mourir aux États-Unis si le coronavirus n’était pas contrôlé. L’augmentation de la pollution atmosphérique augmentera le risque de complications du coronavirus. Ce n’est pas un hasard si les habitants du Bronx, historiquement touchés par des politiques structurellement racistes, incluant une pollution environnementale disproportionnée, sont deux fois plus susceptibles de mourir du coronavirus. Des premières études montrent maintenant sans surprise que les personnes racisé.es, les Noir.es en particulier, contractent le coronavirus et en meurent à un taux disproportionnellement plus élevé que le reste de la population. C’est pour cela qu’il est crucial de répondre à la crise par des méthodes qui s’opposent directement au système économique capitaliste qui est bien le responsable dans cette situation.

RPD : Justement, quelles mesures sociales et économiques devraient être prises aux États-Unis pour enrayer le COVID-19 ?

Tre Kwon : Il a été démontré, pays après pays, que la stratégie la plus efficace pour contrôler la pandémie est le dépistage massif et le traçage des contacts récents des personnes infectées. Ces mesures se sont révélées efficaces dans des pays comme la Corée du Sud par exemple. Combinées à l’isolement des malades et à des quarantaines des cas suspects, ces mesures ont permis d’éviter le confinement de tout le pays. Dans les cas où le virus circule déjà dans la population, comme aux États-Unis, les mesures de confinement sont nécessaires, mais elles doivent aussi être conjuguées à des tests massifs et à l’isolement des clusters. Or un pays qui, comme les États-Unis, a considérablement réduit le budget du système de santé publique au fil des ans, n’a pas les moyens de mettre en place les mesures de dépistage et d’isolement nécessaires. Par ailleurs, les mesures de confinement général sans tests arrangent le gouvernement, car il n’a alors pas besoin de faire pression sur le secteur privé pour qu’il produise des tests en masse.

Mike Pappas : Face aux difficultés que nous rencontrons, il faut aller à l’encontre des règles du capitalisme. Cela commence à se faire à différents niveaux, maintenant que les gouvernements capitalistes du monde entier se rendent compte que les industries ne peuvent pas et ne veulent pas participer de manière appropriée à cette crise. Dans le monde entier, des gouvernements, comme en Espagne et en Irlande, nationalisent les hôpitaux pour mieux lutter contre la crise. Aux États-Unis, après beaucoup de réticences, Trump a utilisé le National Defense Production Act pour contraindre General Motors à augmenter la production de matériel médical vital tels que les respirateurs. Sans ce type de mesures, les capitalistes ont maintes fois montré leur détermination à rester les bras croisés à attendre une occasion de maximiser leurs profits, pendant que les gens meurent.

Plus concrètement, Left Voice [groupe nord-américain lié au Courant communiste révolutionnaire-Révolution permanente, ndlt] défend un programme d’urgence en 10 points présentant les mesures immédiates qui, selon nous, devraient être prises pour faire face à la pandémie. Nous pensons que la population doit se mobiliser et exiger des mesures telles que la gratuité des soins ou la mise en place d’un congé maladie d’urgence pour tou.te.s Nous avons aussi besoin de nationaliser immédiatement les industries de tous les secteurs qui peuvent aider à la crise et de les placer sous le contrôle direct et démocratique des travailleurs pour garantir que leur production serve à la gestion de la crise. De même, ce sont les patients et les travailleurs de la santé qui devraient contrôler le système de santé et son fonctionnement, pas de riches PDG et actionnaires des Conseil d’administration. C’est la seule garantie pour que la crise soit gérée pour les intérêts du plus grand nombre et pas d’une poignée de privilégiés.

RPD : En tant que travailleurs de la santé à New-York, quelles sont vos conditions de travail à l’hôpital ?

Mike Pappas : Les conditions de travail varient d’un établissement à l’autre. Dans certains centres, le personnel est équipé d’un masque N95 qu’on lui demande d’utiliser pendant 1 à 2 semaines jusqu’à ce qu’il soit « sale, humide ou endommagé ». Dans d’autres, on lui donne du matériel de protection individuel qu’il garde toute une journée. Quelque soit l’établissement, le manque de matériel de protection est criant. Il y a aussi des pénuries en ce qui concerne d’autres fournitures tels que les respirateurs, les poches de perfusions, les seringues, etc. Un manque de respirateurs dans une situation où des patients en ont besoin pour survivre signifie une augmentation inévitable des décès.

Les personnels de santé travaillent de longues heures et sont constamment exposés. Les structures de santé ne testent pas régulièrement le personnel pour le coronavirus même si l’on sait qu’il existe de nombreux porteurs asymptomatiques. Bien qu’elle ne l’admettra jamais, cela est dû en partie à la crainte de la direction qu’un trop grand nombre d’employés soit testé positif et retiré de de la force de travail qui est déjà fortement limitée.

Cependant, les travailleurs de New York ripostent. Des infirmières, des médecins et d’autres travailleurs en première ligne planifient des actions dans les hôpitaux de la ville pour dénoncer la situation actuelle. Des infirmières de l’hôpital Jacobi dans le Bronx, dans l’État de New York, ont récemment organisé une action pour attirer l’attention sur les mauvaises conditions de travail. Le « Groupe de travail des travailleurs en première ligne contre le COVID-19 », dans lequel je suis investi, a récemment organisé une action à l’hôpital Mount Sinai pour attirer l’attention sur le manque de matériel de protection individuel, les mauvais protocoles de contrôle de l’infection et d’isolement et les dispositions inadéquates de congés maladie. Nous avons appelé à une tolérance zéro vis-à-vis des représailles contre les employés qui ont pris la parole ou qui ont manifesté leur colère.

RPD : Pouvez-vous nous en dire plus sur le mouvement de grèves sauvages et la persistance de la lutte des classes dans la crise ?

Tre Kwon : Déjà il faut savoir que le nombre de grèves aux États-Unis a augmenté au cours des deux dernières années. L’année dernière, des milliers d’infirmier.es des hôpitaux de New York se sont battu.es pour obtenir une augmentation des effectifs. Notre grève a été sabotée à la dernière minute par la direction bureaucratique de notre syndicat. Mais nous voyons maintenant à quel point nos revendications pour exiger plus de personnels étaient importantes.

Les États-Unis, où très peu de travailleurs sont syndiqués, en particulier dans le secteur privé, ont vu une petite explosion des actions de travailleurs contre la crise. Les travailleurs de différents entrepôts Amazon à travers le pays exigent des protections contre la pandémie – lors d’une action à Staten Island à New York, l’un des organisateurs a été licencié par l’entreprise. Le propriétaire d’Amazon, Jeff Bezos, a gagné 6 milliards de dollars supplémentaires depuis le début de la crise.

Il y a eu des actions similaires à travers le pays, comme par exemple 1000 travailleurs d’une usine de conditionnement de viande du Colorado quittant leur lieu travail, ou des travailleurs de l’assainissement à Pittsburg exigeant de meilleures protections. Les travailleurs de l’industrie automobile ont fermé les trois plus grands fabricants automobiles en organisant des grèves sauvages – après que leurs dirigeants syndicaux aient refusé de fermer les usines. L’action la plus progressiste que nous ayons vue jusque-là est sans doute celle des travailleurs de General Electric à Lynn, dans le Massachusetts, qui ont exigé que l’entreprise se mette à fabriquer des respirateurs plutôt que de fermer les usines et de laisser les travailleurs sans emploi.