Par Andrea D’Atri, Révolution permanente, publié le 9 mai 2020
Le féminisme avait déjà pointé la brutale précarisation du travail de reproduction social qui repose, majoritairement, sur les femmes, mais aussi la forte contradiction entre vie et profits dans le système capitaliste. La pandémie actuelle confirme ces diagnostics, mais que faire maintenant ?
La crise sanitaire provoquée par la pandémie du Covid-19 s’additionne à, et accélère, la crise capitaliste précédente. Comme le montre Matías Maiello dans son article “Pandémie et capitalisme, la lutte sur deux fronts de la classe ouvrière”, « la pandémie du coronavirus a rompu l’équilibre capitaliste précaire qui perdurait au niveau mondial, traversé par des tendances récessives, orphelin de nouveaux moteurs d’accumulation, affrontant des tensions géopolitiques croissantes, et marqué par un important cycle de révoltes ». On peut voir comme jamais que cette crise capitaliste, « n’est pas uniquement économique, mais aussi écologique, politique et socio-reproductive »[1].
Si l’on se concentre sur ce dernier aspect de la crise, on peut confirmer que le coronavirus a mis en lumière, la manière brutale et effrontée dont le système capitaliste subordonne la reproduction sociale à l’incessante et massive production de marchandises. Afin qu’une minorité puisse se remplir les poches, grâce à l’exploitation du travail de millions de personnes de plus en plus précaires. La gestion des gouvernements de cette crise sanitaire, montre de manière évidente que le capitalisme repose sur les profits générés par l’exploitation du travail salarié, même quand cela rentre en contradiction avec la protection de la vie de la population. Parmi ces mesures, on peut citer : le retard avec lequel l’arrêt de la production non-essentielle s’est fait dans plusieurs pays et la vitesse avec lequel s’est imposée la reprise de la production – en ignorant les avertissements des épidémiologistes – ainsi que les plans de sauvetages de millions d’euros pour les entreprises, articulés au manque de fournissement du personnel sanitaire en matériel sanitaire [2].
Féminisation et manque de protection de « la première ligne »
Le manque de financement et le vide provoqué par des décennies de politiques de privatisation et de plans d’austérité ont fracturé les systèmes de santé publics, y compris dans des pays comme l’Espagne qui se vantait de compter avec l’un des meilleurs au monde [3]. C’est pour cette raison que, même si la crise actuelle dévoile l’importance du système sanitaire pour la reproduction sociale, la crise prouve que les secteurs qui ne génèrent pas de profits pour les capitalistes, comme la prophylaxie ou les soins de santé primaires, sont désinvestis pendant que ceux qui en rapportent, sont privatisés.
D’un côté à l’autre, les femmes sont toujours les perdantes. Par exemple, dans le secteur de la Santé, la privatisation des secteurs les plus rentables, entraîne une surcharge de travail reproductif non rémunéré pour les femmes dans les foyers. De plus, les femmes sont les plus nombreuses dans les secteurs les plus précaires du service public. Dans lequel les plans d’austérités ont supprimé des postes, flexibilisé les conditions de travail, et réduit les moyens et les ressources, ce qui s’aggrave avec la pandémie.
Lorsqu’on parle de « guerre contre le coronavirus », il n’est souvent pas signalé, qu’une des différences de cette guerre avec les guerres conventionnelles, c’est le fait que les femmes, qui d’ailleurs sont celles qui majoritairement prennent en charge les taches reproductives dans leurs foyers, représentent un secteur majoritaire dans ce qu’on appelle les « premières lignes ». Cette dernière inclut : le personnel sanitaire, le personnel des EHPAD, le personnel de nettoyage, les travailleurs de l’alimentation et d’autres secteurs qui fabriquent des produits de première nécessité. Comme l’affirme Kim Moody dans [“How “just-in-time” capitalism spread COVID-19”]>https://spectrejournal.com/how-just-in-time-capitalism-spread-covid-19] (En français, Comment le capitalisme a propagé « juste à temps » le COVID-19 NdT), de nombreuses travailleuses et travailleurs de ces secteurs sont issus de l’immigration et n’ont pas de papiers : les invisibles pour les États impérialistes qui, paradoxalement, sont aujourd’hui présentés comme les travailleurs « essentiels » dans la crise actuelle. Aujourd’hui on peut voir que l’économie et la préservation au quotidien de la vie de millions de personnes dépendent de leur travail.
Selon des données d’écoles de médecine et de l’Institut National de Statistique de l’État Espagnol, les femmes représentent 49,77% de l’ensemble des spécialités médicales des services de santé et 79% uniquement dans l’infirmerie. Les données ne sont pas très différentes entre différents pays européens. Ce qui montre que les emplois des soins sanitaires (du care), reposent majoritairement sur le travail d’une énorme “armée blanche”, “blanche” du fait de la couleur des “tenues de guerre” féminines.
Aujourd’hui, ce sont elles qui démontrent comment agit l’irrationalité capitaliste dans cette crise sanitaire. « Nous sommes là […] pour exiger du matériel de protection sanitaire, des respirateurs et un protocole de sécurité adéquat pour les travailleurs de la santé de la première ligne. Nous sommes la principale force de travail. La phrase ”Nous sommes tous ensemble face au coronavirus” dite par Cuomo, Trump, par d’autres politiciens ou même que certains patrons, est totalement fausse. C’est nous qui mettons nos corps en première ligne de la bataille. C’est nous qui mettons en danger notre famille et nous-mêmes dans notre travail », disait l’infirmière Tre Kwon, de l’Hôpital Mont Sinaï de New York”, interviewée par plusieurs chaînes de télévision aux portes de l’hôpital.
« On remercie la communauté pour les applaudissements, mais il faut savoir que nous sommes envoyées à la guerre sans armes », affirmait une infirmière de Buenos Aires. « En tant que personnel de santé, on a besoin de se faire tester, s’il vous plaît faites entendre ce message. », demandait l’infirmière à la caméra du Journal Télévisé le plus vu de la journée. Pour finir, elle ajoutait : « Nous ne sommes pas des héros, nous sommes des travailleurs précaires ». Une docteur espagnole prévenait dans le presse : « Sans matériel sanitaire on se contamine entre nous et on contamine la population. » Elle ajoutait : « Jusqu’à ce qu’on n’ait pas du matériel de protection sanitaire pour toutes les travailleuses, et pas uniquement pour le personnel soignant, la contamination va continuer. » D’un point à l’autre du globe, on écoute la même exigence, désespérée et urgente : du matériel de protection sanitaire pour tous et toutes. Et pourtant, le grand patronat et les gouvernements sont incapables de répondre à une demande aussi élémentaire.
Unité dans la grève : « Faites grève pour les soignantes ! »
Le 25 mars, les travailleuses et travailleurs italiens ont convoqué une grève générale des secteurs non-essentiels pour exiger leur fermeture. 400 infirmières ont lancé un communiqué pour dénoncer le manque de matériel de protection sanitaire et l’annulation des droits du travail. « C’est le moment de faire grève ! Santé et sécurité avant tout ! Notre grève sera une grève symbolique mais on te demande à toi de faire grève. Pour que d’autres travailleurs la suivent aussi, pour qu’ils fassent grève pour nous » [4].
La crise sanitaire internationale, montre que sans l’unité de travailleuses et travailleurs de différents secteurs salariés de la reproduction et de la production, les capitalistes peuvent imposer plus facilement leur système chaotique dans lequel leurs profits passent avant nos vies. Même avec l’énorme prestige social, bien mérité, que le secteur de santé a acquis pendant cette pandémie, ce secteur n’a pas à lui seul, la force d’imposer ses demandes élémentaires.
Dans les rues du quartier de Harlem, à New York, Tre Kwon exigeait en face des caméras d’une chaîne de télévision américaine, une revendication qui dépasse le cadre sanitaire mais qui aujourd’hui, plus que jamais , est indispensable : « Il est nécessaire que l’industrie soit nationalisée et mise sous contrôle populaire, sous contrôle démocratique de ses travailleurs. C’est la seule manière rationnelle de faire face à cette crise. General Motors et toutes ces entreprises attendent leur plan de sauvetage économique du Gouvernement. Mais, ce dont on a vraiment besoin c’est de planifier l’économie de manière centralisée et coordonnée. Pas dans les mains de Trump, qui est un autre patron multimillionnaire fanatique qui veille uniquement pour ses propres intérêts. La planification de l’économie doit se faire sous contrôle démocratique de la population, de la classe ouvrière ».
Un féminisme réellement anticapitaliste doit montrer qu’aujourd’hui, les infirmières de New York, qui posent la nécessité du contrôle ouvrier de la production pour pouvoir produire du matériel sanitaire, sont tout aussi indispensables que les travailleuses de la gestion ouvrière textile en Argentine qui ont reconverti leur atelier pour fabriquer des masques.. Mais il faut surtout souligner que le rôle essentiel des travailleuses dans le soin de la population, leur donne aujourd’hui une autorité pour appeler, non seulement au soutien de la population, mais surtout aux travailleurs d’autres secteurs d’activité pour qu’ils se mobilisent aussi pour la santé de la population. Une mobilisation qui va au-delà du cadre hospitalier : il faut imposer des comités de sécurité hygiénique et sanitaire gérés démocratiquement par les travailleurs de chaquee entreprise ; exiger l’intégration de travailleuses et travailleurs chômeurs pour augmenter la production de matériel sanitaire, sans réduction de salaire ; mettre sous contrôle ouvrier toute usine qui ferme ou licencie pour éviter que’encore plus de personnes ne perdent leur emploi et plus de familles ne tombent dans la misère ; lutter pour la nationalisation des usines essentielles et pour la reconversion de la production des usines non essentielles, pour les mettre au service des besoins de la population. Toutes ces mesures font partie d’un programme rationnel d’urgence qu’aucun gouvernement des démocraties capitalistes du monde n’ont mis en place, puisqu’elles attaquent les intérêts des grands capitalistes.
L’unité des travailleuses (et travailleurs) de la reproduction sociale et les travailleurs (et travailleuses) de la production est une arme de lutte indispensable pour faire face au capitalisme qui impose ses contradictions en fonction de ses propres intérêts.
Suite à de longues décennies de délocalisation de la production dans les pays périphériques, alors que les pays centraux augmentaient les services de logistique, de transport et de livraison à domicile, la crise sanitaire met en lumière le fait que les infirmières de la « première ligne » des hôpitaux de Madrid, New York ou Buenos Aires, dépendent du travail des ouvrières et ouvriers textiles de Beijing, qui ont vu leurs horaires de travail augmenter dans ces dernières semaines [5]. De plus, le matériel sanitaire que produisent ces ouvriers de Beijing, circulent par la suite, lors de la commercialisation, dans les mains d’un réseau international de travailleurs – hommes pour la plupart – du transport, qui sont aussi exposés au virus et qui se mobilisent aussi pour leurs droits.
Les décennies de néolibéralisme ont restructuré le monde avec des nouveaux circuits de marchandises qui ont permis le surgissement et le développement de cette pandémie, et d’autres à venir comme le montrent certains scientifiques. Mais ces décennies, ont aussi créé des nouvelles positions stratégiques pour la classe ouvrière et des nouvelles faiblesses pour le capital à échelle mondiale. Dans la recherche d’une main d’œuvre « bon marché », les masques de toute la planète se fabriquent en Chine. Celles-ci sont ensuite mises dans des conteneurs, transportées dans des bateaux, déchargées dans d’autres ports du monde, rechargées dans des camions, stockées dans des dépôts et distribuées en cargaison jusqu’à arriver dans les mains de Tre Kwon et ses collègues de New York. Un circuit dans lequel interviennent des milliers de travailleurs et travailleuses pour garantir la réalisation des profits capitalistes, mais qui peuvent, par conséquent, aussi les interrompre.
Les masques, blouses, respirateurs artificiels, les lits, et même encore les hôpitaux, pourraient être fabriqués, mais seulement si la classe ouvrière prenait dans ses mains les grandes entreprises de l’industrie textile, de l’automobile, de l’armement, et les reconvertissait en fonction des besoins de la population, en combattant en même temps la précarisation et les licenciements de larges secteurs de la population.
Certaines femmes de la « première ligne » ont lancé le message suivant à leurs frères et soeurs de classe : « Faites grève pour nous ». Mais le rôle qu’elles occupent dans la société capitaliste ne leur permet pas, aujourd’hui, de faire grève pour faire entendre leurs revendications. En revanche, la reconnaissance sociale gagnée dans cette pandémie, fortifie et amplifie leur voix face à des millions de salarié.es, face à leurs soeurs de la classe ouvrière. Classe qui dans la dernière décennie a vécu un intense processus de féminisation de ses rangs.
Il n’y a pas de vide, mais la (lutte) politique
Jeff Bezos, patron d’Amazon, a fait un surplus de 24 milliards de dollars dans ces premiers mois de l’année. Le confinement qui a renvoyé des millions de travailleuses et travailleurs à la misère, a été la condition qui lui a permis d’exploiter plus ses travailleurs et multiplier ses richesses. Lorsqu’on dit que « la crise doit être payée par les capitalistes », on parle du fait que les travailleuses en « première ligne » ne doivent pas manquer de matériel sanitaire pendant que l’homme le plus riche du monde cumule des fortunes extraordinaires.
Mais pour qu’ils payent la crise, il faut leur imposer. Le potentiel de la classe ouvrière – de plus en plus féminisée et racialisée – est celui d’interrompre le fonctionnement de l’économie et toucher de plein fouet les fortunes capitalistes. Son potentiel consiste aussi dans le fait de pouvoir faire des alliances avec d’autres secteurs opprimés, de construire un nouvel ordre social basée sur la satisfaction des besoins de la majorité et non d’une minorité de parasites. Mais ce potentiel, ne se développe pas dans le vide, pour se développer, il est nécessaire de faire face à des obstacles. En plus d’affronter le patron, dans la lutte pour préserver nos vies, la classe ouvrière doit aussi faire face aux bureaucraties syndicales. Celles-ci, acceptent l’existence de l’exploitation capitaliste. Elles limitent la lutte de la classe ouvrière à une négociation sur le niveau d’exploitation, mais elles ne veulent jamais éliminer cette dernière. Ces agents du capitalisme au sein du mouvement ouvrier, sont en train de demander à leurs bases d’accepter les licenciements, les conditions de travail précaires et les plans d’austérité pour éviter une « situation pire ». En dernière instance, ce qu’ils font c’est démoraliser la classe ouvrière pour préparer des solutions à la crise favorables au patronat qui cherchent à sauver leurs profits pendant que les masses populaires payent la crise.
La classe ouvrière devra aussi faire face à l’État capitaliste, qui dispose, non seulement du monopole de la force, mais aussi de partis politiques qui représentent ses intérêts. Les femmes « en première ligne » qui demandent des moyens de protection sanitaire à Rome, New York, ne font pas uniquement face à la chaotique gestion de la crise de Donald Trump ou Giuseppe Conte. Elles devront aussi faire face aux réformistes et néo-réformistes qui, avec un discours de gauche, gèrent la décadence capitaliste en négociant avec les patrons du pays les miettes et en donnant l’illusion que tout reviendra à la normale après la pandémie. C’est le rôle de Unidas Podemos qui soutient le PSOE dans le gouvernement de l’État Espagnol. Mais aussi celui de Bernie Sanders, qui même sans être à la tête des États-Unis, joue le même rôle que Podemos, en redorant le blason du Parti Démocrate pendant sa campagne électorale en apportant son soutien daucandidat de l’establishment Joe Biden. C’est le même rôle qu’avait joué le gouvernement de Syriza en Grèce pendant la crise de 2008.
La crise ne va entraîner aucune expérience communautaire, aucune société égalitaire, et encore moins le communisme. Nous sommes au milieu d’une bataille et il y en aura d’autres à venir très prochainement. Et le rapport de force des prochaines batailles dépend de ce qu’on fait aujourd’hui.
En tant que féministes anticapitalistes et socialistes, nous parions sur l’émergence d’un sujet collectif, avec les femmes en « première ligne » de la lutte politique et de la lutte de classes, pour faire tomber les capitalistes, leurs gouvernements et leur État. Cela ne vient pas de l’espoir utopique de dire que la crise va entraîner la fin du capitalisme. Les prochaines attaques qui seront faites à nos conditions de vies et de travail, à celles de millions de personnes, devront être imposées à un peuple travailleur et une jeunesse qui, à échelle mondiale, ont été en première ligne des luttes antérieures à la pandémie. A l’image des mobilisations qui ont résisté à la brutale répression du gouvernement néolibérale de Piñera au Chili, les durs affrontements du peuple pauvre de Bolivie contre les forces putschistes d’Añez, les mobilisations en Catalogne et à Hong Kong pour le droit à l’auto-détermination, ou encore la lutte des Gilets jaunes contre la précarisation de la vie qui ont occupé les rues de Paris et d’autres villes pendant plus d’un an. Rues qui ont par la suite était vidées par la dure bataille contre la réforme des retraites dans le secteur des transports. Mais aussi, un mouvement de femmes, qui dans le monde entier, se mobilise massivement depuis quelques années.
De plus, les travailleurs sont d’ores et déjà en train de montrer des signes de résistance. On a pu le voir dans les grèves des grandes usines de l’automobile et de l’industrie aéronautique. Dans les grèves des jeunes livreurs précaires pour exiger plus de moyens de protection, dans les mobilisations symboliques des infirmières italiennes, dans l’organisation à la base du secteur de la santé de New York, dans les mobilisations virtuelles dans les réseaux sociaux des travailleuses et travailleurs du fast-food, etc. La classe ouvrière n’acceptera pas, passivement, les prochaines attaques à venir. On peut voir d’ores et déjà, dans les discours des infirmiers et des travailleuses et travailleurs de la « première ligne », que la crise actuelle est en train de faire émerger des nouvelles manières de penser.
Si l’on aspire à une société réconciliée, où la reproduction et la production se développeront de manière harmonieuse avec la nature ; une société libérée de toute forme d’exploitation et d’oppression, il ne suffit pas d’attendre que la crise fasse émerger une insurrection de manière spontanée. Nous devons la préparer dès aujourd’hui. Sans l’intervention dans les combats actuels avec une perspective révolutionnaire, de celles qui militent pour un féminisme anticapitaliste et socialiste, nous serons impuissantes face aux prochains affrontements durs de la lutte de classes à venir.
Le féminisme anticapitaliste ne doit pas se limiter à constater que les femmes travailleuses, sont pour la première fois dans l’histoire, presque la moitié de la classe ouvrière. Il ne doit pas se limiter non plus à dénoncer que les femmes sont les victimes des pires conditions de travail, des salaires les plus bas et de la violence patriarcale. Parce que les femmes sont aussi celles qui sont aujourd’hui en « première ligne », celles que la population du monde entier applaudit le soir et qualifie « de héros ». Elles sont en train de dire à leurs camarades qu’elles ont besoin d’unir leurs forces pour vaincre. C’est donc le moment que le féminisme anticapitaliste prenne dans ces mains la tâche d’organiser ces secteurs, avec un programme indépendant, qui ouvre la perspective de mettre à bas le capitalisme et imposer un nouvel ordre socialiste, où l’on aura tous et toutes du pain, mais bien sûre, aussi des roses.
Notes
1. Arruzza, Bhattacharya et Fraser, Manifeste du Féminisme pour le 99%, 2019.
2. Cette contradiction entre vie et profit est mise en lumière dans cette crise sanitaire qui bouleverse, pour la première fois, les pays les plus riches et développés du monde. Ce qui fait que les pays impérialistes représentent aujourd’hui l’image dantesques qui avant étaient réservées aux pays dépendants, soumis à l’exploitation de leurs ressources naturelles et à la surexploitation de leur force de travail au service des multinationales européennes et nord-américaines.
3. Selon le dossier “Rémunération Économique et Satisfaction Professionnelle”, produit par Medscape en 2019, depuis 2009, les professionnels de la santé de l’État Espagnol ont perdu 1400 euros de salaire annuel par rapport à la période précédente à la crise économique de 2008. De plus, le dossier montre que « les médecins généralistes gagnent 14% de moins que les spécialistes et les femmes, dans les deux cas, gagnent environ 19% en moins ». Un article d’un journal espagnol autour des dépenses du système de santé en Espagne, montre qu’en 2016, l’État Espagnol ne respectait pas les normes européennes : sur trois travailleurs de la santé, 1 avait un CDD dont un tiers durait moins d’une semaine. Entre 2009 et 2014, 12 180 postes de la Santé Publique ont été supprimés. Alors que la moyenne européenne était de 5 lits pour 1000 habitants, en Espagne il y en avait 3, depuis l’application des plans d’austérité suite à la crise mondiale d’il y a dix ans. Les coupures budgétaires dans la Santé ne sont pas proportionnelles à la chute du PIB suite à la crise, elles ont été, au contraire, beaucoup plus importantes, surtout dans les secteurs des premiers soins, qui sont toujours les plus démunis et les plus utiles en temps de crise. Dans l’État Espagnol, à l’exception de 2009 où le budget a été un peu plus élevé à cause des vaccins achetés pour faire face à la grippe A, les budgets ont toujours chuté avec les années.
4. L’appello di 400 lavoratori della sanità : ci stiamo ammalando a migliaia, non possiamo scioperare, il 25 marzo fallo tu #scioperaperme, Unione Sindacale di Base, 22/03/2020.
Appel de 400 travailleurs de la santé : on compte les contaminations par milliers, nous on ne peut pas faire grève. Le 25 mars, fait grève pour moi. Union Syndicale de Base (NdT).
5. Depuis le 1er mars, la Chine a exporté près de 4 milliards de masques et près de 40 millions de blouses, à près de 50 pays.