Nanihi Laroche, correspondante
20 septembre 2024 – Plus de deux semaines après sa nomination en tant que nouveau premier ministre français, Michel Barnier n’a toujours pas encore annoncé son gouvernement. Le candidat du groupe de droite LR (Les Républicains), arrivé troisième aux législatives, rencontre des difficultés pour finaliser son cabinet et proposer un programme clair, ayant promis des « changements et des ruptures ». Si l’annonce est imminente, il faudra attendre encore pour que Michel Barnier détaille ses grandes priorités dans son discours de politique générale. Voyons ce que fut son programme par le passé, pour comprendre dans quelle direction il pourrait aller.
Les propositions de Michel Barnier de 2022
Vu qu’aucune politique générale n’a encore été officiellement dévoilée et qu’aucun document sur les projets budgétaires n’a été transmis, il est difficile de définir le programme du nouveau premier ministre. Cependant, en se présentant à la primaire de la droite en 2021, Michel Barnier nous offre une idée du plan qu’il soumettrait.
- Immigration
Dans les grandes lignes de son projet qu’il proposait pour les présidentielles de 2022, Michel Barnier a particulièrement insisté sur le thème de l’immigration. Il a souligné la nécessité de « limiter » ce phénomène, en mettant un terme aux « régularisations massives ». Sa proposition phare consistait en l’instauration d’un moratoire de trois à cinq ans. Dans la foulée, il avait exprimé son intention d’ouvrir des négociations avec les « partenaires européens » sur la question des frontières, qu’il décrit comme de véritables passoires.
Il a plaidé pour une diminution de moitié du nombre d’étudiant.es provenant de l’étranger, tout en souhaitant conditionner le regroupement familial à l’apprentissage du français et à la garantie de ressources financières supplémentaires.
- Économie
En matière d’économie, Michel Barnier était aligné avec les orientations d’Emmanuel Macron. Durant sa campagne, il a insisté sur le fait de « remettre le travail et le mérite au centre de notre société », au détriment de l’assistanat. Il préconisait une réduction des impôts dits de production de 10 milliards d’euros. Sur la question de la rémunération, il avait pour projet d’abaisser les contributions patronales sur les salaires intermédiaires (entre 1,6 et 2,5 SMIC) pour que les partenaires sociaux répartissent cette diminution des cotisations entre l’emploi, l’investissement et l’augmentation des revenus. Il soutenait aussi la réforme des retraites à 65 ans.
- Environnement
Concernant l’environnement, Michel Barnier voulait « relancer » le nucléaire, tout en soutenant les énergies renouvelables.
- Droits sociaux
Le nouveau premier ministre s’était opposé à la dépénalisation de l’homosexualité en 1981. Mesure très contestée aujourd’hui.
L’influence de l’extrême droite
Michel Barnier fait face à des pressions provenant de l’extrême droite. Sa nomination comme premier ministre place l’extrême droite française dans la position de « faiseuse de rois » et renforce son pouvoir sur un gouvernement qu’elle tient désormais dans sa main, comme plusieurs analystes le constatent.
En effet, Jordan Bardella, chef du Rassemblement national (RN) d’extrême droite, a menacé de censurer le nouveau gouvernement si ce dernier s’avérait être le continuateur zélé de la politique macroniste. Il a toutefois déclaré qu’aucun blocage n’était à l’horizon pour l’instant, et qu’il attendait le discours de politique générale pour porter son jugement.
Une alliance entre Républicains et Macronistes
Par contre, c’est avec la direction du parti du président que semble se définir actuellement l’équipe autour de Michel Barnier. Bien que tous les noms ne soient pas encore révélés, il est frappant de constater une forte représentation de candidats LR dans des secteurs traditionnellement associés à la présidence, tels que la défense et la diplomatie. D’autres noms issus de la macronie ressortent énormément, laissant entendre un gouvernement LR et Renaissance, le parti d’Emmanuel Macron..
Le président français s’engage à soutenir ce nouveau gouvernement si son camp fait partie de la majorité des membres du nouveau gouvernement, adoptant une approche de demi-cohabitation. À ce jour, aucun membre des partis du NFP n’a accepté de joindre son gouvernement.
Il s’agit en quelque sorte d’une évolution non surprenante et d’une alliance naturelle entre les Macronistes et les Républicains, compte tenu des positions qu’a défendu Michel Barnier dans le passé. En quelque sorte, le président français a fait le choix de la droite pour donner le mandat de gouverner.