Nadia Hardman Human Rights Watch, Jérusalem, 9 février 2024
« Forcer plus d’un million de Palestiniens déplacés qui se trouvent à Rafah à évacuer cette zone, en l’absence d’un endroit sûr où aller, serait illégal et aurait des conséquences catastrophiques. Il n’y a aucun lieu sûr à Gaza. La communauté internationale devrait prendre des mesures pour prévenir de nouvelles atrocités. »
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné à l’armée et à d’autres représentants du gouvernement de soumettre à son cabinet un plan d’évacuation du gouvernorat de Rafah, situé dans le sud de la bande de Gaza. Netanyahu a déclaré qu’une telle mesure est nécessaire pour attaquer les bataillons du Hamas dans cette zone.
Rafah, qui comptait 280 000 habitants avant l’actuel conflit, abrite actuellement la majorité de la population de Gaza, y compris la plupart des 1,7 million de Palestiniens déplacés. Les conditions y sont de plus en plus désespérées, les personnes vivant dans des camps de fortune – des tentes construites avec des matériaux fragiles – et dans des immeubles surpeuplés. De nombreuses personnes ont été déplacées à plusieurs reprises, en raison des intenses frappes aériennes et opérations terrestres israéliennes, ainsi que du blocus prolongé.
Le droit international humanitaire interdit le déplacement forcé de civils, sauf lorsque cela est temporairement nécessaire pour leur sécurité ou pour des raisons militaires impératives. Lors des hostilités à Gaza, Human Rights Watch a averti que le risque de déplacements forcés, un crime de guerre, devenait plus élevé. Tout déplacement forcé de la population ne dégagerait pas les forces israéliennes de leur responsabilité de prendre toutes les mesures possibles pour protéger la population civile. Les civils qui choisissent de ne pas évacuer une zone, suite à des avertissements, doivent néanmoins continuer de bénéficier d’une protection intégrale en vertu du droit international humanitaire. De nombreux civils pourraient être incapables de suivre un ordre d’évacuation pour des raisons de santé, de handicap, de peur ou de manque d’autre endroit où aller.
Le 26 janvier, la Cour internationale de Justice a ordonné la prise de mesures conservatoires dans le cadre de la requête déposée par l’Afrique du Sud et alléguant qu’Israël viole la Convention sur le génocide. Cette ordonnance exige qu’Israël prenne des mesures visant à « prévenir la commission, à l’encontre des Palestiniens de Gaza, de tout acte » de génocide, à « permettre la fourniture des services de base et de l’aide humanitaire » et à « prévenir et punir l’incitation […] à commettre le génocide ».
Nadia Hardman, chercheuse auprès de la division Droits des réfugiés et migrants à Human Rights Watch