Éditorial du journal haïtien Le Nouvelliste
L’année 2022 commence avec la violence inscrite dans l’actualité, comme avait fini l’année 2021.
Le 1er janvier, les vidéos du Premier ministre Ariel Henry et de ses ministres, essayant de se mettre à l’abri sur fond de concert de détonations, ont fait le tour des réseaux sociaux et des médias.
Hardi ou téméraire, Henry avait décidé de se rendre aux Gonaïves, en dépit des menaces proférées contre sa venue par les groupes armés de la ville. Il y a été, mais n’a pas pu prononcer son allocution de circonstance.
L’image des membres du gouvernement et des forces de l’ordre, obligés de prendre leurs jambes à leur cou, a terni la symbolique de la Fête de l’Indépendance même si elle colle parfaitement à notre actualité de ces derniers mois.
La violence est le moteur et le frein de tout.
Ce même week-end, les groupes qui périodiquement, depuis des mois, s’affrontent au bas de Delmas et au cœur du vieux Port-au-Prince, dans les quartiers de Bel-Air, à la rue Saint-Martin, à Delmas 2 et à Delmas 6, sont repassés à l’action. On parle de blessés et de morts.
Aucun bilan officiel n’est, pour l’instant, disponible.
Une nouvelle mutinerie, réprimée dans le sang à la prison civile de la Croix-des-Bouquets, a encore ému les habitants de cette banlieue autrefois paisible. La Police nationale d’Haïti a fait état d’un bilan de dix morts parmi les prisonniers et d’un policier décédé lors de reprise du contrôle de la prison.
Toujours cette fin de semaine, on a appris la mort par balle d’un inspecteur divisionnaire de la PNH à Laboule 12. La version officielle rapporte qu’il a été atteint par un projectile pendant qu’il patrouillait.
Dans chaque cas, les armes ont « chanté » comme on le dit si bien le créole. Gonaïves, Delmas, Croix-des-Bouquets, Laboule, la violence était éparpillée dans des coins divers du territoire national. Des lieux, quoique sociologiquement différents, se retrouvent dans ce dénominateur commun de violence implacable.
En 2022, la violence ouvre l’année. C’est mauvais signe d’autant que ni les autorités, ni les forces de l’ordre, ni les oppositions, ni les sociétés civiles ne semblent s’en inquiéter au point de rechercher de vraies solutions.