Berthony Dupont, Haiti Liberté, 13 mars 2019
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Toutes les forces politiques internationales qui étouffent, piétinent la voix des peuples, entretiennent entre elles des liaisons quasi-organiques. Les consultations entre Washington et New York dans le cadre bien précis de la lutte du peuple haïtien en sont une preuve palpable. Elles visent à faire taire la voix des masses de sorte que s’élève celle des diplomates étrangers. Le rôle néfaste des Nations-Unies en Haïti depuis le prétexte orchestré pour l’arrivée de la Minustah en 2004, est inscrit en filigrane dans le projet américain pour la première république révolutionnaire, internationaliste de l’Amérique.
On ne peut être plus clair quand Antonio Guterres, le Secrétaire général de l’ONU vole au secours de la tactique politique des Etats-Unis en Haïti en suggérant au Conseil de sécurité des Nations-Unies de créer une mission politique spéciale pour Haïti afin de prendre la relève à partir du 16 octobre 2019, date de la fin du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’appui à la justice en Haïti (MINUJUSTH).
Les Nations-Unies bien souvent donnent l’impression d’être politiquement incapables, impuissantes à faire quoi que ce soit pour arrêter les Etats-Unis dans ses massacres à travers le monde, dans des pays comme la Palestine ou la Syrie et d’autres, et voilà que cette instance mondiale vient de prouver, une fois de plus, qu’elle n’est autre chose qu’un satellite des Etats-Unis. Ainsi, les Nations Unies ont induit en erreur les pays du Conseil de sécurité qui, dans le passé, avaient donné le feu vert à une soi-disant mission de stabilisation en Haïti mais qui en réalité s’est révélée être une mission de déstabilisation.
La collusion complice des Nations-Unies et des Etats-Unis ne doit pas rester sans protestation aucune. Autrement, ce serait un autre moyen de garder au pouvoir en Haïti des mercenaires à la solde des Etats-Unis.
Le colonisé mental, le tristement célèbre Edmond Bocchit, actuel ministre des Affaires étrangères et des Cultes appartenant à la clique de bandits du régime pourri et corrompu du PHTK en est une preuve éclatante, quand il déclare : « cette mission est un atout et aura sûrement un impact positif sur l’image d’Haïti à l’extérieur ». Il met en garde contre toute interprétation visant à saisir la prochaine mission de l’ONU comme une perte totale de souveraineté de l’Etat haïtien. Il a aussi souligné que « cette mission permettra à Haïti de sortir sous le giron du chapitre 7 du conseil de sécurité des Nations unies qui projette l’image d’un pays instable et non favorable aux investissements étrangers ».
Le Secrétaire général de l’ONU, Guterres, lui, « […] recommande au Conseil de sécurité d’approuver la création d’une mission politique spéciale [dont la dimension reste à définir] dirigée par un représentant spécial du secrétaire général. […] Son mandat serait de fournir de bons offices et de conseiller le Gouvernement haïtien dans des domaines spécifiques tels que la réforme politique, les élections, la justice, le système pénitentiaire, le développement de la police, la réduction de la violence et les droits de l’homme ». Pourquoi donc cette posture de bonnes intentions alors qu’il n’en sera rien ?
Et puis, quelle serait la différence entre la Minustah, la Minujust et cette mission politique spéciale (sic) qu’on est en train de concocter, si ce n’est pour continuer la mise sous tutelle de notre pays et de nous humilier davantage. Haïti est un pays occupé, ayant à sa tête un gouvernement d’occupation.
Jean Charles Moise, le dirigeant de la plateforme « Pitit Dessalin » est jusqu’à présent le seul à avoir rejeté la prochaine mission politique spéciale de l’ONU qui sera installée en Haïti le 16 octobre 2019 au lendemain de la fin de mission de la Minujusth. Il appelle la population à se mobiliser contre la présence d’une nouvelle mission Onusienne dans le pays.
La complicité américano-onusienne est sans aucune équivoque, sans aucune nuance, quant à l’agression criminelle déclenchée contre le peuple haïtien, et dont les objectifs fondamentaux sont et demeurent la liquidation définitive de la résistance haïtienne. C’est une épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête du mouvement populaire qu’on veut forcer à renoncer à ses intérêts essentiels de classe.
La résistance de la classe ouvrière et paysanne haïtienne ne doit guère capituler. Elle doit se poursuivre et s’amplifier de façon plus nette, plus déterminée et plus radicale pour aboutir à la révolution socialiste dont rêvent abondamment les masses défavorisées du pays qui ne peuvent plus continuer à vivre dans la galère dévorante et exploitante du capitalisme.