Une exposition itinérante
L’exposition montée par la Coalition Haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti (CHCCDH) 1, nommée « Haïti face à la terreur », continue son chemin sur la route escarpée de la sensibilisation par rapport à la situation d’insécurité sur la partie ouest de l’île. Elle prend corps et forme avec l’espace et l’ambiance. Elle s’est posée dans le cadre d’une activité conjointe avec le Centre Internationaliste Ryerson Fondation Aubin (CIRFA) 2 au Comité Social Centre Sud à Montréal. L’événement avait deux volets : L’exposition et la projection d’un film dans la série été de cinémanifeste.
Insérée dans un îlot dans la grande salle communautaire, l’exposition s’incruste dans la vie quotidienne de cet espace de vie comme pour accompagner les pas des personnes qui fréquentent ce lieu. Des croix avec des noms de victimes, des chevalets avec des photos, une chaise pour les anonymes, des cierges pour accompagner la traversée… Le rideau noir s’habille de poèmes et de fleurs une offrande musquée à toutes celles fauchées et tous ceux abattus par la machine infernale de l’insécurité tant des gangs que de la répression directe d’État.
Lancée le jeudi 15 juin 2023 dans le cadre d’un 5@7, environ une trentaine de personnes ont défilé dans une atmosphère emplie d’émotions pour : qui mettre un nom, qui s’approprier une histoire, qui voir les statistiques, qui s’imprégner d’un poème, qui faire renaître un visage… L’exposition accompagna les habitué.e.s de la salle communautaire venu.e.s manger, participer à un atelier, chanter, jouer à des casse-têtes toute la journée du vendredi 16 juin 2023. Les défunt.e.s , l’espace de ces actes de vie, retrouvaient elles/eux-mêmes vie.
L’autre volet de l’activité s’est déroulé samedi 17 juin 2023 avec la projection de René Lévesque1, rebelle, patriote et internationaliste, un film d’Aziz Fall dans la salle du CIRFA dans le cadre de la série cinémanifeste. En dépit de la pluie battante, une vingtaine de personnes ont suivi avec une attention soutenue l’histoire de ce géant si frêle et si menu. Le réalisateur, Aziz Fall, avec simplicité, sans voyeurisme, campe le militant, l’humaniste, l’écologiste et l’homme dans sa nudité complexe d’humanoïde. On découvre un homme aux convictions farouches; déterminé, d’une humilité touchante et d’une solidarité hors pair.
Par-dessus tout, le film est un prétexte pour amener une autre version de la rébellion des patriotes et le regard de René Lévesque sur l’ignorance répandue de l’histoire surtout celle entourant le nationalisme souverainiste au Québec. Dans un même souffle, il dévoile son amour pour la révolution ayitienne, vu comme source d’inspiration, et les enjeux de la mondialisation qui font obstacle à la concrétisation de cet idéal souverainiste québécois.
La grande révélation pour plusieurs, dont pour les personnes d’origine ayitienne qui constituaient plus de la moitié de l’assistance, en particulier les jeunes, ce fut la proximité de René Lévesque avec la communauté ayitienne. Au-delà du portrait de la vie politique et activiste de cet homme, le film est empreint de poésie par le captage de scènes bucoliques ou de panoramas empreints de sensibilité. Une discussion animée s’en suivit de plus d’une heure sur le nationalisme et l’internationalisme à l’ère néolibérale, leur combinaison dualiste, se devant d’être anticapitaliste, écologique et féministe. Quelques digressions ça et là ponctuèrent la conversation sur l’histoire d’Ayiti, le Québec aujourd’hui, la nature d’une solidarité progressiste, la nécessaire solidarité avec Ayiti, etc.
Les trois jours de l’événement se terminèrent par une visite de l’exposition où l’émoi était palpable. Moment de recueillement, aussi de collection d’informations et de faits. Et, la solidarité active commença avec des messages de solidarité dans le cahier …
Une action commune et solidaire entre deux organisations sœurs réussie.
Suivez la page Facebook de la Coalition pour savoir où se posera prochainement cette exposition itinérante, devoir de mémoire pour les victimes de l’insécurité et prétexte pour creuser les notions de solidarité, d’internationalisme et son corollaire, le développement, dans le contexte actuel de crise aiguë du système capitaliste.
Pour prendre contact avec la coalition haïtienne ou le centre internationaliste, voir ci-dessous les adresses courriel.
- La Coalition haïtienne au Canada contre la dictature en Haïti est un regroupement de personnalités, d’organismes et d’associations évoluant dans divers secteurs de la société canadienne. Elle a pour objectif de :
1. dénoncer le non-respect de la Constitution, le démantèlement des institutions, la violation systématique des droits et de la dignité des citoyen.ne.s haïtien.ne.s, l’installation d’un climat généralisé de terreur et de persécution politique, les pratiques arbitraires et dictatoriales de tout gouvernement;
2. être à l’écoute des revendications, exprimer sa solidarité avec la lutte du peuple haïtien et son droit à l’autodétermination;
3. mobiliser la communauté haïtienne du Canada et créer des synergies avec la diaspora haïtienne à travers le monde.
Courriel : coalitioncontredictature@gmail.com[↩] - Le Centre Internationaliste Ryerson Fondation Aubin est une bibliothèque constituée de plus de 25 000 ouvrages portant sur l’histoire du mouvement social et ouvrier. Il a pour objectif:
1. Contribuer au décloisonnement des espaces de production de la pensée progressiste et du savoir engagé;
2. Organiser des cercles de lecture, de discussions, des conférences sur des thèmes en lien avec des problématiques dont la mondialisation capitaliste, l’impérialisme, le racisme, le néocolonialisme, le féminisme, etc.;
3. Offrir un espace de travail pour des étudiant.e.s et des chercheur.se.s
Contact : Centreinternationalisterfa.org
info@centreinternationalisterfa.org[↩]