Alterpresse, 6 décembre 2019
L’opposition politique a manifesté, ce vendredi 6 décembre 2019, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, contre l’ingérence de la communauté internationale, notamment des Etats-Unis d’Amérique, dans les affaires internes d’Haïti, mais aussi en faveur de la démission du président Jovenel Moïse, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Fòk ameriken yo debloke peyi m nan (Les Etats-Unis d’Amérique doivent débloquer mon pays) Aba fòs etranje /Nasyon zini, Oea, Bank mondyal, k ap souse san pèp la. Aba tout kolon diktatè (A bas les forces étrangères / Onu, Oea et Banque mondiale /, qui exploitent le peuple. A bas tous les colons dictateurs), pouvait-on lire sur des pancartes, brandies par la foule de manifestantes et manifestants.
Un camion de ciment a été incendié devant une entreprise privée, sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince, durant le passage de la manifestation, qui se dirigeait en direction de l’ambassade américaine à Tabarre (au nord-est de la capitale).
Les pare-brise de plusieurs véhicules privés et de transports en commun ont été brisés par des protestataires.
Plusieurs entreprises privées ont essuyé des jets de pierres sur la route de l’aéroport international de Port-au-Prince.
La manifestation était, tout de même, encadrée par un fort dispositif de sécurité, composé d’agents de l’Unité départementale de maintien d’ordre (Udmo) de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
« Nous allons prendre les dispositions pour renverser l’inculpé, Jovenel Moïse, en dépit du fait qu’il soit soutenu par la communauté internationale », lâche un manifestant exalté, lors du défilé.
La nouvelle mission des Etats-Unis d’Amérique d’Haïti doit prendre en compte les revendications du peuple haïtien, qui exigent la démission de Jovenel Moïse, ajoute un autre manifestant.
« C’est Jovenel Moïse, qui avait pris un engagement avec les Etats-Unis d’Amérique, et non pas le peuple haïtien. Jovenel Moïse a perdu toute sa légitimité. Il a commis des massacres aux quartiers Bel Air, La Saline (Port-au-Prince) et Raboteau (Gonaïves, département de l’Artibonite) », critique la coordonnatrice de Fanm djanm k ap lite, Cherline Pierre-Louis.
« A bas l’impérialisme, les dirigeants américains sont des voleurs », scandaient les manifestantes et manifestants, lors du défilé, qui s’est ébranlé à l’angle des routes de Delmas et de l’aéroport international de Port-au-Prince, un carrefour dénommé Kafou rezistans.
La manifestation de ce vendredi 6 décembre 2019 a eu lieu, à l’occasion de la visite, dans la capitale, Port-au-Prince (Haïti), du sous-secrétaire d’Etat américain David Hale.
Une énième mission étasunienne, en Haïti, après celle (le mercredi 20 novembre 2019) de l’ambassadrice américaine auprès de l’Organisation des Nations unies (Onu), Kelly Craft.
Toutes ces missions américaines en Haïti, qualifiées par les protestataires de « commissions civiles » – pour paraphraser les missions, envoyées par la France, durant la période coloniale – ambitionnent d’encourager les protagonistes haïtiens à doter le pays d’un gouvernement fonctionnel.
Les initiatives, pour trouver une solution concertée à la crise, se multiplient, a tweeté Jovenel Moïse, après sa rencontre avec le diplomate Hale.
Des pneus usagés enflammés ont été étalés çà et là, durant le parcours. Mais, des agents de la Pnh se sont évertués à les éteindre progressivement.
La manifestation de ce vendredi 6 décembre 2019, contre l’ingérence de la communauté internationale dans les affaires internes d’Haïti, manifestation qui a réuni plusieurs centaines de personnes, s’est heurtée à des barrages de dissuasion, placés aux abords de l’ambassade américaine à Tabarre.
Aux gaz lacrymogènes, lancés par les agents du Corps d’intervention et de maintien d’ordre (Cimo), des manifestants ont riposté par des jets de pierres.
Sur un véhicule, dans lequel des chants de mobilisation étaient entonnés pour animer les manifestantes et manifestants, sur le parcours, des organisateurs ont, alors, appelé la foule à ne pas courir, ni à répondre par des jets de pierres sur les policiers nationaux.
Finalement, un message de circonstance a pu être délivré devant l’ambassade américaine, non loin des agents de la Police nationale d’Haïti, munis de casques, de gilets pare-balles et de boucliers.
« La situation de répression brutale est intenable en Haïti. Nous ne sommes pas quémandeurs de postes. Nous n’allons ni négocier, ni cohabiter avec le criminel et corrompu Jovenel Moïse, dont la population réclame sa démission », ont, en substance, fait savoir, à l’endroit des émissaires étasuniens, les organisateurs de la manifestation, comme les sénateurs Nènel Cassy et Sorel Jacinthe ainsi que Me. Michel André, membres de l’Alternative consensuelle pour la refondation de la nation. [wl emb rc apr 06/12/2019 14:10]