Haïti : tractations de l’opposition

Le Nouvelliste, 11 novembre 2019

« Je crois que nous devons tous avoir l’espoir qu’il y aura un accord. Il faut y travailler. Je crois que les circonstances nous forcent à aller dans cette direction. Ce peuple ne peut plus tenir. Il faut tous travailler à cet accord », a campé mardi le porte-parole de la Passerelle, Lemète Zéphyr pour Le Nouvelliste

Lemaître Zéphyr a confirmé la tenue jeudi mardi d’une rencontre entre la Passerelle, l’Alternative, Mache Kontre, Forum patriotique, Fanmi lavalas et des représentants de différentes organisations de la société.

« Je vois que tout le monde souhaite qu’il y ait un accord. Tout le monde essaie de collaborer pour qu’il y ait un accord. Je crois que tout le monde est en train de lire les signes de la société et de l’international qu’à cette étape-là, on ne peut pas jouer avec la vie de millions d’Haïtiens », a-t-il répondu, interrogé sur l’état d’esprit des acteurs politiques.

« «Nous sommes intéressés et nous serons là »,  a confié au journal l’ex-sénateur Jean William Jeanty, leader de Kontra Pèp, membre de Mache Kontre. « Nous avons fait des plaidoiries et souligné que cette crise ne peut pas être résolue sans un consensus entre tous les acteurs des sociétés politique, civile et économique », a-t-il dit. « Jusqu’à présent, l’Alternative est présente lors des rencontres préparatoires. Hier il y avait une rencontre. Fanmi Lavalas était  présent ; tout le monde était là. L’ensemble des décisions ont été prises pour démarrer les assises de jeudi », a indiqué Jean William Jeanty qui a « bon espoir » quant à la possibilité qu’intervienne un accord.

« Nous sommes obligés de trouver un accord. Nous sommes des Haïtiens. Qu’on le veuille ou non, il faut finir par trouver un terrain d’entente sur les points qui constituent des irritants. La situation est intenable. La crise n’est pas uniquement politique et économique, elle est une crise humanitaire. C’est tout le monde qui est victime de la situation. Nous n’avons pas d’autres choix », a poursuivi M. Jeanty qui croit que ces discussions doivent avoir la méthodologie d’un conclave. Il faut faire comme l’église catholique lors de la désignation d’un pape. Nous ne devrions pas laisser le lieux de ces discussions tant qu’une solution ne sera pas trouvée», a soutenu Jean William Jeanty.

 « Nous sommes dans l’obligation de trouver une entente de façon à soulager la misère du peuple. Nous sommes dans une situation où chacun, coûte que coûte, doit faire les sacrifices nécessaires pour trouver une entente au bénéfice du pays », a confié au journal Joël Vorbe, membre du directoire du parti Fanmi Lavalas.

Me Jean Bonald Fatal, représentant du secteur syndical à ces discussions, espère un dépassement.  « Nous espérons que toutes les parties fassent un dépassement pour arriver à une solution à cette crise qui a trop duré. Nous du secteur syndical sommes les premières victimes de cette crise. Beaucoup de nos membres ont perdu leur emploi ou sont mis à pied temporairement. Nous demandons à toutes les parties concernées, notamment les politiques, de ne pas se laisser guider par leur égo pour que l’on trouve une solution », a-t-il indiqué.   

Le journal a appris que des tractations en cours visent à trouver une position consensuelle sur l’après-Jovenel Moïse. « Des contacts ont été établis, des réunions se sont multipliées », a confié une source qui a refusé d’entrer dans les détails. Aucun différent n’est insurmontable, même si rien n’est jamais gagné d’avance, particulièrement en Haïti, a-t-elle dit.

 » Bien sûr, il y’a une délégation de l’Alternative qui est mandatée pour participer à cette rencontre, a confié, de son côté, Me André Michel. L’Aternative a déjà présenté à la population une proposition de sortie de crise qu’elle a validée en participant à nos différents mots d’ordre de mobilisation. Évidemment, rien n’est coulé dans le béton. Nous avons toujours été pour le dialogue avec les autres. Nous sommes encore pour le dialogue avec les autres et pensons qu’il faut avoir une attitude qui facilite le compromis et l’entente. »

 » Bien entendu, nos engagements sur le terrain de la mobilisation auprès de la population nous interdit de rester prisonniers d’interminables discussions, a poursuivi Me Michel. Tout ceci pour dire qu’en cas de non accord avec les autres, nous continuerons à assurer notre responsabilité.Nous voulons espérer que les autres seront à la fois raisonnables et de bonne foi. Oui, il faut être raisonnable pour reconnaître le poids de chacun dans une discussion.Tous les acteurs ne sauraient avoir le même poids. Cela est sacré. D’ailleurs, l’Alternative a deux composantes : une composante citoyenne et Populaire et une composante institutionnelle qui rassemble les députés et les sénateurs de l’opposition. Nous sommes patients. Nous attendons les autres mais pas indéfiniment. Le peuple est pressé », a expliqué, mardi soir au Nouvelliste, Me André Michel.

Ce mardi, à Port-au-Prince et Delmas, alors que se tenaient des réunions politiques, l’étau du lòk s’est quelque peu desserré. Il y avait plus de véhicules dans les rues. Des succursales de banques avaient ouvert et des queues étaient visibles devant des maisons de transfert d’argent. L’informel a essayé de reprendre du poil de la bête. Les écoles sont toujours fermées. Et certains ont exprimé leur exaspération face à l’arrêt total depuis plusieurs semaines. Ce calme et ce retour progressif aux activités coutumières sont pour le moins précaires.

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