Collectif du Québec URGENCE Palestine
Nous publions la lettre collective à l’initiative de la Coalition du Québec URGENCE Palestine qu’elle souhaitait publier pour la grande manifestation pro-Gaza et pro-Palestine de samedi dernier, 14 juin. Elle a été endossée par une liste impressionnante de 159 organisations , 165 personnalités publiques, et 693 autres signataires. Le Devoir a décliné au motif qu’il allait publier le 10 juin « une lettre qui partage plusieurs arguments semblables ». La Presse, de même qu’aux six médias régionaux de la Coopérative nationale de l’information (CN2i : Le Soleil, Le Droit, La Tribune, Le Nouvelliste, Le Quotidien et la Voix de l’Est) n’ont transmis que quelques accusés de réception automatisés ! Dans les circonstances, nous publions cette lettre que nous avons co-signé et nous vous invitons à la faire connaître dans vos réseaux.
Photos André Querry – via flickr
Sous les bombes depuis 20 mois, la population de Gaza y est tuée, blessée, terrorisée, déplacée sans arrêt. Ses moyens de survie ont été anéantis. Le blocus l’a amenée au bord de la famine. C’est dans ce contexte qu’Israël a lancé, le 18 mai, une invasion terrestre dont l’objectif avoué est de déplacer la population dans à peine 20 % du territoire et de compléter la destruction de ce qui reste d’infrastructure civile, de telle sorte que la population n’ait «nulle part où retourner». Le 21 mai, Benjamin Netanyahou a même inclus dans ses exigences l’application du «plan Trump» : expulsion des Palestinien·nes et contrôle étasunien de la bande de Gaza.
Le Canada doit cesser d’être complice du génocide d’Israël
Le 19 mai, le Canada, dans une déclaration commune avec la France et le Royaume-Uni, haussait nettement le ton à l’endroit d’Israël et demandait l’entrée libre de l’aide humanitaire et la fin de la nouvelle offensive, en brandissant la menace «d’autres actions concrètes» ou de «sanctions ciblées». Mais ce sont là des paroles, alors que c’est le temps d’agir… depuis très longtemps.
Au-delà de l’extrême urgence actuelle, l’enjeu à saisir n’est PAS qu’Israël laisse entrer l’aide en ce moment ni qu’il stoppe son offensive actuelle. Comme l’ont rappelé, le 8 mai dernier, près d’une quarantaine de rapporteurs spéciaux et experts de l’ONU, les États du monde sont confrontés au choix décisif suivant : «mettre un terme au génocide en cours ou le voir mettre fin à la vie à Gaza».
Le Canada doit opter pour l’autodétermination palestinienne d’abord et avant tout
Depuis plus de 30 ans, le Canada a soutenu des «processus de paix» sous le couvert desquels Israël a, ouvertement et en toute impunité, accentué sa dépossession, sa violence et son humiliation à l’égard du peuple palestinien, jusqu’au génocide actuel à Gaza. Depuis octobre 2023, nous n’assistons pas à une «escalade tout à fait disproportionnée» en riposte aux attaques du Hamas, mais à la mise en œuvre, déjà très avancée, du plan d’Israël de saisir ce moment pour mettre un terme définitif à la possibilité même d’un État pour le peuple palestinien sur son territoire.
Le Canada, la France et le Royaume-Uni ont à nouveau professé leur «collaboration avec l’Autorité palestinienne, des partenaires régionaux, Israël et les États-Unis afin de parvenir à un consensus sur les dispositions à prendre concernant l’avenir de Gaza». La poursuite dans cette voie est, en fait, une négation du droit du peuple palestinien à l’autodétermination, parce qu’elle désigne unilatéralement ses représentants et subordonne l’exercice de ce droit à un consensus à trouver avec un État génocidaire et la superpuissance qui a soutenu et armé cet État génocidaire jusqu’à ce jour. À défaut de rompre avec cette vision et de mettre fin à toute forme de collaboration à ce projet ignoble, le Canada demeurera complice de tous les crimes d’Israël.
Le Canada doit agir résolument
Le Canada doit prendre résolument le parti d’honorer ses obligations en vertu de la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide et en vertu de l’avis du 19 juillet 2024 de la Cour internationale de justice selon lequel l’occupation et la colonisation israéliennes de Gaza et de la Cisjordanie sont illégales et doivent cesser «dans les plus brefs délais» (un délai que l’Assemblée générale des Nations Unies a fixé au 17 septembre 2025).
Seules des actions d’une grande force peuvent faire reculer Israël. S’il ne veut pas demeurer complice des crimes d’Israël, le Canada doit déployer IMMÉDIATEMENT TOUS LES MOYENS d’action politique et économique à sa disposition, en tant qu’État. Et ils sont nombreux : reconnaître immédiatement l’État de Palestine, appliquer un réel embargo bilatéral sur tout matériel militaire, se joindre à des actions devant les cours internationales, résilier des ententes économiques et militaires, imposer des sanctions, rompre les relations diplomatiques, pour n’en nommer que quelques-uns.
Le Canada doit aussi œuvrer à ce que tous ses alliés fassent de même et que cette pression internationale réelle soit maintenue jusqu’à ce que soient obtenus non seulement la levée immédiate et permanente du blocus israélien de même qu’un cessez-le-feu immédiat et permanent, mais aussi le respect intégral, non négociable, du droit international par Israël et l’exercice, rapide et sans condition, du droit à l’autodétermination du peuple palestinien.
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