Viktor Tolochk, Sputnik International, 6 mai 2018
Depuis longtemps, l’État hébreu bombarde Téhéran d’accusations à propos de son programme nucléaire, mais se tait soudainement quand les questions concernent son propre arsenal nucléaire. Qu’en est-il réellement? Voici ce que l’on sait.
Après que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé l’Iran de mentir sur son programme nucléaire après la signature de l’accord de 2015, ses propos ont provoqué des spéculations quant à la possession d’armes de destruction massive par Tel Aviv. Israël est notamment soupçonné de posséder des armes de destruction massive, développées supposément à la fin des années 1950, avec un arsenal estimé à 400 ogives. Malgré le fait que Mordechai Vanunu, un ancien technicien du réacteur nucléaire israélien de Dimona, avait dénoncé le programme nucléaire de Tel Aviv en 1986, Israël a maintenu une politique d’«ambiguïté nucléaire», ne niant ou n’admettant jamais posséder des armes nucléaires.
Israël a-t-il menti?
Dans les années 1950 et 1960, le gouvernement israélien du Premier ministre David Ben Gourion aurait menti aux États-Unis et aurait refusé de donner des informations sur ses programmes développement d’armes et de se soumettre à des inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique. Tel Aviv aurait qualifié son réacteur de Dimona, fourni par la France, d’«usine textile» et d’«installation de recherche métallurgique», dans le but de cacher la vérité aux inspecteurs nucléaires américains. « Je ne connais aucune autre nation, dont les voisins déclarent vouloir l’exterminer, et non seulement déclarent, mais se préparent à cela par tous les moyens à leur disposition. Nous ne devons pas nous faire d’illusions sur le fait que ce qui est déclaré chaque jour au Caire, à Damas, en Irak ne sont pas que des mots. C’est la pensée qui guide les dirigeants arabes », avait déclaré M.Ben Gourion après sa démission du poste de Premier ministre.
Quels sont les chiffres?
Bien qu’il y ait beaucoup de spéculations sur les armes nucléaires israéliennes, personne ne sait vraiment quelle est l’ampleur de son arsenal. En 2008, l’ancien Président américain Jimmy Carter avait estimé qu’Israël possédait au moins 150 armes atomiques. En 2014, l’ex-Président a reconsidéré ses estimations, suggérant qu’« Israël a, quoi, 300 ou plus, personne ne sait exactement combien. » Dans un courriel privé, écrit plusieurs mois avant l’accord nucléaire iranien de 2015, l’ancien secrétaire d’État américain Colin Powell aurait révélé le nombre réel d’ogives israéliennes à l’époque: « Téhéran sait qu’Israël en a 200, toutes dirigées sur Téhéran, et nous en avons des milliers ». Le pays posséderait entre 80 et 400 ogives nucléaires, qui pourront être livrées par avion, des missiles de croisière sous-marins et la famille de missiles balistiques de portée moyenne et intercontinentale « Jéricho ».
Refus permanent de signer le TNP
Alors que les signataires du Traité de non-prolifération nucléaire ont toujours plaidé en faveur d’une zone dénucléarisée au Moyen-Orient et que l’Onu tente de faire signer cet accord à Israël, Tel Aviv a fermement refusé de rejoindre la communauté internationale. Israël, tout en ne confirmant ni en n’infirmant l’existence son programme nucléaire, a déclaré à plusieurs reprises que la question des armes nucléaires ne pouvait être dissociée des problèmes de sécurité dans la région, y compris les relations historiquement hostiles du pays avec ses voisins arabes.
En 2010, les 189 signataires du traité ont appelé à une conférence en 2012 pour discuter de la dénucléarisation du Moyen-Orient, appelant Israël à signer le pacte et à soumettre ses installations atomiques aux inspections de l’Onu. Israël, cependant, a rejeté le document, le jugeant « imparfait et hypocrite ». « En tant qu’État non-signataire du TNP, Israël n’est pas contrainte par les décisions de cette conférence, qui n’a aucune autorité sur Israël », a déclaré le gouvernement israélien. « Compte tenu du caractère déformé de cette résolution, Israël ne pourra pas participer à sa mise en œuvre. » En 2015, l’Égypte cherchait à convaincre la communauté internationale de discuter des armes nucléaires présumées d’Israël par le biais de résolutions, mais sa tentative de promouvoir une région dénucléarisée en omettant le débat sur les questions de sécurité régionale lors d’une réunion des Nations unies a été bloquée par les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni.