Riccardo Petrella, Pressenza, 26 avril 2019
L’eau et le climat
La dégradation de la qualité de l’eau à des niveaux dangereux et préjudiciables à la santé humaine, due à une pollution persistante et à une pollution connue et certifiée, est l’un des cas graves d’accusations légitimes portées par des citoyens envers les autorités publiques et des sujets privés impliqués dans des crimes de non-assistance aux personnes en danger.
Pendant des décennies, non, plutôt des années, on a signalé la grave instabilité hydrogéologique du pays. À plusieurs reprises, la Commission européenne a tiré la sonnette d’alarme et a même infligé une amende à l’Italie pour non-respect des normes de qualité de l’eau ; rien n’est parvenu aux détenteurs du pouvoir public et privé.
Nous sommes également confrontés à un cas évident de comportement criminel pour ne pas avoir aidé les personnes qui ont perpétré ces actes non seulement en Italie, mais presque partout, faute de volonté d’agir avec les mesures nécessaires et indispensables pour contrer les phénomènes extrêmes (inondations, ouragans, typhons, sécheresse…) liés au changement climatique désastreux qui continue. Comme nous le savons tous, leur fréquence et leur gravité pourraient encore être évitées ou réduites aujourd’hui si des mesures appropriées étaient prises ensemble dans le monde entier ou au moins au niveau international. Mais cette volonté ne semble pas être dans les idées des palais du pouvoir. Les « impératifs » de la sécurité supposée et de la souveraineté nationale empêchent les États de prendre des mesures communes de résolution commune, sans parler des prétentions des pouvoirs privés à ne pas changer, en particulier des grandes sociétés multinationales. Ils prétendent posséder les moyens et la capacité de résoudre les problèmes mondiaux si nous laissons le choix et l’utilisation de procédés de production notoirement toxiques aux mécanismes du libre marché concurrentiel, en particulier les marchés financiers, comme cela a été proposé récemment, sans aucune honte, même par le président sortant de la Banque mondiale.
A l’occasion de la « célébration » annuelle (22 mars) de la Journée Mondiale de l’Eau, proclamée par l’ONU en 1993 et se révélant, en 25 ans, comme un rituel autoréférentiel de « propagande » en faveur des concepts et élections des dominants (marchandisation de l’eau, commercialisation et privatisation des services d’eau, monétisations et financement spéculatif de l’eau, gestion du prélèvement court terme et gestion productive des ressources) et pour soutenir la manifestation nationale, le 23 mars, contre des œuvres importantes, voici les propositions qui ont été faites :
Nous n’implorons plus les groupes sociaux dominants du monde d’agir, nous agissons en tant que citoyens en utilisant les lois et instruments démocratiques existants,
Pour :
- Empêcher les groupes au pouvoir de continuer à nuire et à voler l’avenir aux jeunes générations. Pour ce faire, il est nécessaire d’interdire la production et les produits toxiques tels que le glyphosate et le PFAS [N.d.T. Composés fluorés hydrophobes et lipophobes couramment utilisés à des fins domestiques ou industrielles] à la source de la pollution des eaux et de l’instabilité hydrogéologique. Un arrêt effectif de la surcharge et de la destruction du cycle de l’eau ; il est nécessaire de libérer les demandes de décision des lobbies industriels et commerciaux qui dépensent des sommes importantes pour produire des études d’impact favorables à leurs intérêts de profit et de pouvoir, derrière l’alibi de l’incertitude scientifique et des conflits entre experts. Nous cessons d’intervenir à risque certifié, quand il est trop tard, mais nous imposons la prévention, « la précaution d’abord » ;
- Adopter des mesures immédiates pour lutter contre le changement climatique et l’injustice sociale, telles que l’interdiction de la finance criminelle (paradis fiscaux, évasion fiscale, sous-produits, libération des fonds des prédateurs spéculatifs mondiaux) et des travaux géants dénués de sens (grands barrages, programmes de déforestation, projets militaires très coûteux, dont les programmes spatiaux, qui ne sont en principe pas durables en termes humains et environnementaux). Les guerres en Irak, en Syrie, au Yémen, en Libye ont été une fois de plus un acte de pure destruction de vie ; les dépenses militaires ne résolvent aucun problème. Les guerres ne sont pas innocentes en ce qui concerne le changement climatique, les jeunes l’ont compris et, à cette fin, ont associé la lutte contre le changement climatique à la lutte pour la paix.
- Approuver d’urgence un plan (national, européen et mondial) pour assurer des biens communs essentiels et irremplaçables pour la vie de tous les habitants de la Terre (eau, semences, savoir/travail).
- Donner force et sécurité aux institutions publiques fondées sur la participation directe des citoyens, élus au hasard en cas d’impossibilité, chargés de faire respecter les modalités et les délais de mise en œuvre des mesures adoptées et des projets en cours d’exécution.
Loin de nous, il pense que ce qui est proposé, bien que limité, peut être fait immédiatement et sans difficulté. Cependant, il est clair que le moment est venu de recourir aux instruments offerts par la loi, par la justice, pour engager des actions de masse contre les administrateurs politiques et privés pour des crimes de non-assistance aux personnes en danger. Nous utilisons la force de la loi pour faire respecter les droits de tous et pour la vie de tous. Nous ne nous attendons pas à être submergés par la force de la violence, que ce soit de la part de l’État policier ou des « extrémistes », souvent manipulés par les puissants, pas seulement dans les pays d’Amérique latine.