La Chine : non à l’autoritarisme , non au «péril jaune»

LI Promise, extrait d’un texte paru dans le bulletin des Democratic Socialists of America, 20 janvier 2020

La montée en puissance de la République populaire de Chine (RPC) au cours des dernières décennies a confondu la gauche occidentale. Présentée comme le grand miracle économique du XXe siècle, la RPC a sorti des centaines de millions de «l’extrême pauvreté» pour les plonger dans une stratification de classe, une précarité économique et une exploitation plus profondes. Nous avons vu le projet néocolonial de la nouvelle route de la soie entrer en collision avec des organismes comme le FMI et la Banque mondiale pour laisser intactes les structures de l’impérialisme de la dette des gouvernements occidentaux dans les pays d’Afrique, d’Asie centrale et du Sud-Est et d’Amérique latine. 

Cependant, une partie importante de la gauche internationale semble incapable de considérer les mouvements populaires de libération en Chine et aux alentours, aussi hétérogènes soient-ils, comme légitimes. Cette logique campiste suppose que la géopolitique mondiale fonctionne selon un mode binaire, et que tout État allié contre les États-Unis mérite d’être soutenu. 

Les perspectives pro-RPC sont présentées comme «anti-impérialistes», brandies contre la rhétorique raciste séculaire du «péril jaune» déployée par des générations d’Occidentaux craignant les Asiatiques comme une menace existentielle pour la civilisation occidentale. En réalité, une impulsion orientaliste similaire, qui insiste sur une différence exagérée entre «l’Est» et «l’Occident», émerge lorsque nous refusons de reconnaître la légitimité des luttes des peuples asiatiques pour les droits humains et économiques fondamentaux et de réduire les opinions de peuples entiers à celles de leurs États souverains. En tant que socialistes, nous luttons avec la complexité des mouvements de masse pour lutter pour les intérêts de la classe ouvrière internationale et de toutes les personnes marginalisées.

La solution à la lutte contre l’État américain n’est pas de s’identifier sans esprit critique à son homologue souverain, reproduisant une rhétorique de la guerre froide souhaitée par les élites régnantes des deux États. Une praxis véritablement antiraciste et anti-impérialiste est de lutter et de faire preuve de solidarité avec tous les démunis, en reconnaissant la complexité des luttes populaires.

Le régime de la RPC légitime son autorité en identifiant ses citoyens à l’État et en s’inspirant d’une longue histoire de chauvinisme han et de déni des droits des minorités. Les tentatives persistantes du régime pour dissimuler ces efforts, annonçant son propre «  respect  » supposé pour certains Ouïghours et autres minorités tout en exploitant et opprimant la majorité de ces personnes, emploient la même stratégie libérale de représentation que les États-Unis.