Le FSM doit changer

Pierre Mouterde

Dès l’origine du FSM, les questions n’ont pas manqué de surgir : au-delà de l’extraordinaire diversité et enthousiasme propres aux premières éditions et dont les audiences ne cessaient de grandir, ne fallait-il pas se donner les moyens de se retrouver autour de grandes orientations communes et rassembleuses, et plus encore autour de moyens d’action véritablement unificateurs ? Des moyens d’actions qui ne soient pas seulement d’ordre social, mais aussi politique et en cela plus généraux et donc plus rassembleurs ? Déjà en 2006 à Caracas Hugo Chavez —alors porté par une révolution bolivarienne encore très vivante— rappelait la nécessité « d’un plan d’action global pour vaincre l’impérialisme », tout en servant cet avertissement aux participants du FSM de Caracas :  » la lutte pour un monde meilleur, de paix et de justice, n’est pas seulement possible, elle est nécessaire… pas pour demain, mais pour maintenant… ce serait terrible si le forum social mondial devenait un festival annuel de tourisme révolutionnaire « .

En 2016, Chico Whitaker —un des fondateurs d’origine brésilienne du Forum— s’interroge lors du FSM à Montréal, sur ce qu’il aurait fallu oser faire dans les éditions passées du FSM : être plus critique, disposer de lieux de débats, s’aventurer à questionner dès le début des années 2000 les orientations de fond —les orientations politiques donc, tant du Forum Social Mondial que des gouvernements de gauche qui en Amérique latine ont représenté de formidables espoirs et paraissent tous aujourd’hui en train d’être poussés vers la sortie par une droite revancharde et agressive. Comment expliquer un tel retournement, et comment expliquer que le Forum ne soit pas arrivé à se développer plus, à devenir une authentique force de transformation sociopolitique à l’échelle du monde ?

L’a apriori de l’horizontalité ?

À Montréal, l’a priori pour l’horizontalité à tout prix a conduit le Forum à être à sa manière une sorte de foire éclatée aux milles et unes idées de gauche, aux milles et une sensibilités de gauche, aux milles et une visions culturelles, artistiques de gauche, aux milles et une pratiques de gauche. Mais sans qu’il y ait de fil à plomb, de lieux communs et rassembleurs où il soit possible —sinon à la marge ou sans grand succès— de faire avancer dans une même direction la richesse des réflexions des uns et des autres, du Nord comme du Sud. Les faire avancer… pour non seulement être capable de pointer du doigt des problèmes de fond, mais aussi et surtout pour stimuler des interventions collectives grandissantes. En somme les faire avancer… pour être un peu plus à la hauteur des formidables défis posés par le capitalisme néolibéralisé d’aujourd’hui.

 

 

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