Amina Diallo, (article maj le 1er avril)
Fabienne Pésentey vit à Montréal. Elle est membre fondatrice de Voix juives indépendantes (VJI). Lors de son exposé dans le cadre des conférences d’UPop sur la Palestine, jeudi dernier 21 mars au café Les oubliettes, elle a présenté comment se définit la mobilisation juive antisioniste de Montréal. Comment une juive peut être antisioniste, quand ces deux termes nous semblent contradictoires à premier vue.
Antisioniste et non-sioniste
La troisième activité de la série de présentations du réseau Upop soutient l’importance de saisir la nuance entre un.e juif.ve antisioniste et un.e juif.ve non-sioniste, qui sont souvent confondus pour madame Pésentey. Les non sionistes ne croient pas à l’idéologie religieuse du sionisme et n’y adhèrent pas, mais ne s’y opposent pas. Tandis que les antisionistes s’opposent fermement à l’idée sioniste, qui à leurs yeux est un projet politique communautariste raciste et excluant.
Les antisionistes refusent l’amalgame qui associe Judaïsme avec l’État d’Israël. Il est tout à fait possible d’être juif.ve sans être israélien.ne, c’est ce qu’elle défend surtout en tant que juive séfarade, originaire du pourtour méditerranéen.
Diversité des profils antisionistes
Madame Présentey a insisté sur la diversité de profils qui existe chez les antisionistes notamment à Montréal, contrairement aux idées reçues.
D’ultra-orthodoxes aux fondamentalistes. en passant par des juif.ves de tradition juive de tout âge se retrouvent au sein de Voix juives indépendantes Canada, un organisme qui lutte depuis 2009 notamment contre l’occupation des territoires palestiniens par Israël.
Elle refuse l’amalgame entre Judaïsme et État d’Israël. Elle pointe la vision isolationiste du sionisme qui propose un État protégé sur la scène internationale, soutenu par les gouvernements occidentaux qui craignent d’être taxé d’antisémitisme. Elle conteste la conception d’isolement de la communauté juive, encouragée par le Hazbarah, un terme hébreu qui définit les communications qu’Israël met en place pour confondre sa population.
Le Hazbarah, une propagande israélienne
Cette propagande enclouage l’idée que «les juif.ves sont une tribu qui doit se regrouper, car la communauté est constamment menacée ». Cela crée un climat de paranoïa qui trouve ses racines dans la mémoire de la Seconde guerre mondiale, instrumentalisée par le Hazbarah.
Dès lors, le Hezbarah crée un climat d’incertitude autour du terme antisémite. Mais qu’est-ce que l’antisémitisme pour le Hazbarah ? Pour la vision israélienne, le sionisme considère l’opposition à l’État d’Israël comme de l’antisémitisme, car ça équivaut à s’opposer aux juifves.
Pour les juifs antisionistes, il est hors de question de supporter le racisme que cette idéologie politique revêt. Le Hazbarah encourage la haine des Arabes à travers une culture médiatique biaisée. Les chaînes nationalisées embrigadent la population et présentent les Palestinien.nes comme une menace qui légitime les actions de l’État telles que le déplacement forcé des Palestinien.nes.La couverture médiatique camoufle l’extermination des Palestinien.nes au nom de la chasse au terrorisme.
C’est cette même méthode qui a été utilisée pour invisibiliser et de dissimuler les 75 ans de Nakbah. L’Arabe est l’ennemi du Juif aux yeux d’Israël et tous les moyens sont mobilisés pour propager cette idée.
Une version des faits censurée et délégitimée
Israël bénéficie d’un soutien indéniable, qui renforce le sentiment de supériorité et de légitimité. La population israélienne n’a pas accès à des ressources informatives alternatives, même s’il existe une chaîne d’opposition constituée de journalistes palestinien.nes et israélien,nes. L’État d’Israël veille à ce que toutes les autres versions des faits soient censurées et délégitimées. Dès lors les Israélien.nes n’ont pas accès à de l’information qui va à l’encontre de la propagande d’État.
Quatrième et dernière activité de la série d’Upop: Quel avenir pour la Palestine?
Après avoir présenté des témoignages personnels sur le parcours des réfugiés, sur leur récit de vie, et sur leur histoire multigénérationnelle, nous aborderons certaines questions politiques actuelles : l’impact de la guerre à Gaza et son aspect génocidaire, la décision de la Cour Internationale de Justice, le droit au retour, le rôle de la société civile en Palestine, de l’initiative BDS. Nous terminerons avec une réflexion sur les perspectives d’avenir qui s’ouvrent après la guerre génocidaire de l’Automne 2023.