Les syndicats dans la lutte pour la justice climatique

Mark Bergfeld, Social Europe,18 septembre 2019

 

Les mobilisations du mouvement dirigé par des jeunes ont inspiré le grand public, mais il reste à voir si les jeunes grévistes du climat ont été en mesure d’inciter les syndicats à passer à l’action pour la Semaine mondiale de l’action pour le climat. Au-delà, les syndicats peuvent-ils développer un « syndicalisme écologique» qui répond aux multiples crises d’inégalité, de changement climatique et de déclin des syndicats?

À l’origine

Le mouvement pour la justice climatique a émergé des réseaux altermondialistes autour du sommet climatique de l’ ONU à Copenhague en 2009. Alors que les élites soutenaient des mécanismes tels que basés sur le marché du commerce des émissions, la géo-ingénierie et la coopération avec les multinationales, le mouvement  a placé les pays du sud de la planète et les groupes les plus défavorisés du nord au cœur de son programme.

Malgré les bonnes intentions du mouvement et l’implication des syndicats, les mouvements n’ont pas été en mesure d’offrir une perspective aux travailleurs du Nord. Ils ont souvent considéré que les travailleurs craignaient davantage la décroissance économique au moment des pertes d’emplois et de la crise financière de 2008. Parallèlement, le déclin continu du nombre de syndiqués, allié au ralentissement économique, a incité les syndicats à s’aligner de manière défensive sur les politiques de leurs gouvernements en matière de migration et de changement climatique.

Mais tout au long du processus de la COP, des syndicats combatifs et des militants écologistes ont compris que les crises économique et écologique étaient indissociables. La campagne syndicale britannique « Un million d’emplois liés au climat », par exemple, a soutenu que la création d’emplois dans les maisons et les bâtiments réduirait simultanément les émissions de CO 2. Les activistes canadiens ont cherché comment offrir aux travailleurs du secteur pétrolier albertain une perspective allant au-delà des sables bitumineux .

« Juste transition »

Depuis lors, de nombreux syndicats à travers le monde ont commencé à s’engager dans des projets visant à construire une économie alternative et à mener une « transition juste ». Des chercheurs comme Sean Sweeney et Treat John ont souligné les impacts sur les travailleurs des politiques environnementales. Aujourd’hui, la « transition juste » signifie une transformation socio-économique beaucoup plus profonde.

S’appuyant sur les réalisations et les idées du mouvement de justice environnementale, syndicats et militants s’unissent pour proposer des alternatives concrètes à une économie basée sur les combustibles fossiles, tout en prônant l’action des gouvernements et des agences locales.

Aux États-Unis, Alexandria Ocasio-Cortez et Bernie Sanders ont proposé de lancer un Green New Deal visant à renforcer le pouvoir des travailleurs. Parallèlement, le Sierra Club, la plus grande organisation environnementale du pays, s’efforce de combler le fossé qui sépare les mouvements de défense de l’environnement et les syndicats.

En Europe occidentale et septentrionale, où les syndicats ont des liens plus étroits avec le gouvernement et disposent d’un pouvoir institutionnel plus important, l’approche du « dialogue social » prédomine. Cela implique une planification économique et une restructuration industrielle selon des principes bipartites ou tripartites, l’accent étant moins mis sur la réduction des inégalités. Il continue de lier les syndicats aux modèles actuels de développement économique et économique basés principalement sur la « valeur actionnariale ». Il n’est donc pas surprenant que même la communauté des investisseurs se soit engagée dans la voie de la « transition juste ».

L’appel de vendredi pour l’avenir à une « grève terrestre » semble être un catalyste pour la convergence des syndicats et des activistes du climat. Le British Trades Union Congress appelle les travailleurs à s’engager dans des arrêts de travail de 30 minutes. En Autriche, des militants syndicaux et des militants du climat organiseront une table ronde sur ce qui peut être fait sur le lieu de travail pour enrayer le changement climatique. En Belgique, le comité d’entreprise d’une compagnie d’assurance appelle son employeur à réduire de moitié ses émissions d’ici 2030. En Allemagne, où les divisions entre mouvements écologistes et syndicats sont particulièrement nettes, plusieurs syndicats demandent néanmoins à leurs membres de rejoindre la manifestation de vendredi.

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