Depuis déjà plusieurs jours, des tireurs d’élite israéliens tuent des manifestants non armés palestiniens à la frontière de Gaza. Avec le Ramadam, la situation s’est un peu calmée. Mais ça va reprendre.
Il ne faut pas parler d’un combat : c’est un massacre où les soldats, bien protégés dans des positions défensives, tirent avec des fusils avec viseur sur des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants qui se présentent les mains nues derrière un système de barrières électroniques de plus de cinquante mètres de large. C’est ce qui fait de Gaza la plus grande prison de la planète.
On pourrait attendre du président palestinien Mahmoud Abbas qu’il dénonce les dirigeants politiques et militaires israéliens, mais il semble qu’il est plus déterminé à affaiblir Hamas qu’à protéger ses concitoyens.
Que l’on n’ait pas entendu de la classe politique israélienne un murmure d’indignation n’est pas surprenant. Pour la droite (largement majoritaire), c’est normal. Mais le parti Méretz (gauche), qui dans le passé avait adopté des positions contre la guerre et l’occupation, a pris ses distances, comme si Gaza n’était pas un territoire peuplé de deux millions d’êtres humains, mais un sanctuaire pour les terroristes, une menace existentielle.
Ce qui est plus grave, c’est le silence assourdissant de l’opinion publique. À l’exception de quelques centaines de personnes, le massacre n’a provoqué ni colère ni honte. Cette absence marque l’inflexion à droite de la société israélienne dans son ensemble. La guerre au Liban (années 1980) et le processus d’Oslo (années 1990) ont divisé l’opinion israélienne. Les partisans d’un véritable processus de paix se sont éparpillés.
Israël a une fois de plus trouvé son unité dans une sorte de mélange nauséabond entre ceux qui applaudissent les exploits de nos soldats à Gaza et ceux qui gardent un silence complice face au massacre. Dans une certaine mesure, ces derniers sont même pires que les fans de Netanyahu et sa politique criminelle.
10 juin 2018