Marwan Bishara, extrait d’un texte paru dans Al Jazeera, 14 avril 2021
L’Iran a accusé Israël de saboter son site nucléaire à Natanz, présentant l’attaque comme une «vengeance désespérée contre le peuple iranien pour son succès sur la voie de la levée des sanctions internationales». Une fois de plus, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, menaçant de «se venger des sionistes». s’est efforcé de faire le brave dans une situation humiliante,
Israël a répondu de la manière habituelle : « no comment ». Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a répété ses propos apocalyptiques sur l’intention de l’Iran de développer des armes nucléaires pour «anéantir» Israël.
Israël a mené de multiples assauts contre le programme nucléaire iranien et ses scientifiques au fil des ans, d’innombrables frappes aériennes sur ses positions en Syrie au cours de la dernière décennie et une douzaine d’attaques contre ses navires et pétroliers au cours des deux dernières années. Israël fait tout, sauf la guerre, pour ralentir ou détruire le programme nucléaire iranien et réduire son influence croissante en Syrie, au Liban et en Palestine.
L’Iran a réagi en intensifiant principalement sa menace rhétorique, mais n’a entrepris aucune représailles majeure, mis à part le fait qu’il aurait visé quelques navires israéliens. Pendant ce temps, il continue d’accélérer son enrichissement d’uranium et de profiter des bévues américaines dans la région pour étendre sa projection déstabilisatrice de puissance à travers le Moyen-Orient.
L’escalade continue est souvent qualifiée de «guerre de l’ombre».
Mais en réalité, il s’agit d’attaques préventives dans ce qui semble de plus en plus être une «guerre d’usure» israélienne contre l’Iran, visant à freiner son influence régionale à travers le Moyen-Orient. Certes, jusqu’à présent, l’engagement militaire direct a été évité. Les deux pays sont dans une course contre la montre.
Considérant que les dernières attaques constituent une escalade dangereuse, le silence de Washington est assourdissant. L’administration Biden a choisi de se distancer simplement de l’incident, comme s’il était un simple spectateur, soulevant des doutes sur son engagement à remplacer les politiques irresponsables de son prédécesseur par une diplomatie significative. Je doute que l’administration Biden ait participé à l’attaque israélienne avant qu’elle ne se produise, même si, comme certains le prétendent, elle pourrait en bénéficier dans les négociations.
L’attaque a été programmée pour embarrasser les États-Unis et les réprimander pour avoir décidé de reprendre les négociations avec l’Iran. Cela a coïncidé avec le début de la réunion indirecte américano-iranienne à Vienne, où les États-Unis se sont déclarés prêts à lever les sanctions afin de relancer l’accord nucléaire en lambeaux.
Mais contrairement à la Palestine, où la réponse aux provocations israéliennes est limitée, les répercussions des attaques israéliennes contre l’Iran pourraient conduire à une escalade catastrophique.
Déjà, l’Iran a déclaré son intention de commencer à enrichir de l’uranium jusqu’à 60% par rapport à son niveau actuel de 20%, le rapprochant de plus en plus d’un niveau de qualité militaire. Il a fait valoir qu’il avait besoin d’un tel combustible de haute qualité pour propulser des navires nucléaires, mais il n’en a pas dans sa marine.
Cela ne manquera pas de provoquer une autre attaque israélienne. La situation est sur le point de devenir incontrôlable, entraînant de graves troubles régionaux et laissant la diplomatie américaine en lambeaux.
C’est pourquoi l’administration Biden et ses partenaires internationaux dans l’accord sur le nucléaire doivent agir rapidement, pour restreindre Israël et l’Iran et les dissuader de prendre de nouvelles mesures unilatérales en adoptant une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU pour désamorcer les tensions. Inutile de dire que Biden sera probablement confronté à une opposition désagréable de la part de puissants acteurs pro-israéliens à Washington et en particulier au Congrès.
Oui, Israël a des préoccupations légitimes en matière de sécurité. Mais ceux-ci ne peuvent être résolus qu’en menant davantage de guerres, en se faisant plus d’ennemis et en soumettant davantage de nations à ses caprices. Le premier pas pour arrive à une paix régionale serait de mettre fin à son occupation militaire de la Palestine.
Combien de guerres l’Amérique doit-elle mener au Moyen-Orient pour qu’Israël se sente en sécurité? Combien de guerres les Israéliens doivent-ils mener pour que Netanyahu reste au pouvoir? Combien d’États arabes doivent être déstabilisés pour que l’Iran retrouve sa fierté? Combien de personnes doivent mourir avant que cela ne cesse?