Carla Biguliak, Révolution permanente, 3 juin 2020
Mercredi dernier, Tony McDade, un homme trans noir de 38 ans, est mort entre les mains de la police de Tallahassee, dans l’État de Floride. Quelques semaines auparavant, une femme transgenre appelée Nina Pop avait été poignardée à mort dans le Missouri. En réponse à ces crimes, une manifestation importante a eu lieu le mardi 2 juin devant le bar Stonewall Inn, l’endroit où sont parties les émeutes de Stonewall en 1969.
L’État, qui encourage le racisme systémique, est responsable.
Le département de police de Tallahassee cherche à faire croire que Tony avait été identifié comme suspect dans une agression au couteau qui avait eu lieu plus tôt dans la journée du 27 mai, et qu’il avait fui les lieux avant l’arrivée des policiers, qui l’ont trouvé à proximité peu de temps après. Selon le New York Times, le chef de la police Lawrence Revelle a déclaré que Tony McDade avait une arme et l’aurait pointée sur un officier, qui lui a ensuite tiré dessus.
L’officier qui a tiré le coup de feu qui a tué Tony a été mis en congé administratif, son identité a été réservée et l’impunité bien connue des forces répressives a été une fois de plus garantie, tandis que les médias dominants continuent d’approfondir la violence transphobe en nommant et en traitant Tony comme s’il était une femme.
Le meurtre de Tony McDade est le 12ème meurtre d’une personne trans aux États-Unis en 2020, et l’un des nombreux meurtres de personnes noires perpétré par la police aux États-Unis .
Émeutes et révoltes contre la violence policière raciste, homophobe et transphobe
Selon le dernier rapport Mapping Police Violence, la population noire représente seulement 13 % de la population totale des États-Unis, mais sur l’ensemble des personnes tuées par la police, 24 % sont noires. Et d’après ce même rapport, de 2013 à 2019, seul 1 % des officiers accusés de meurtre ont été reconnus coupables, tandis que le 99 % restant jouit d’une totale impunité.
L’assassinat de George Floyd a déclenché la colère dans les rues des États-Unis contre la violence policière, la discrimination raciale et la violence institutionnelle systémique dont souffrent les personnes noires. Dans un contexte où le taux global de mortalité par coronavirus chez les Noirs américains est 2,4 fois plus élevé que chez les Blancs, le mouvement qui s’est lancé sonne comme un cri de rage contre tout le système raciste.
Mais pour les personnes LGBT noires la situation face à la pandémie est des plus terrifiante : une enquête menée par Human Rights Campaing auprès de 4000 personnes en pleine pandémie montre qu’aux États Unis : 22 % des personnes LGBT -Lesbienne-Gay-Bi-Trans- noires ont perdu leur emploi, contre 14 % des personnes LGBTQ blanches et 13 % pour le reste de la population. Ce sont également 38 % des personnes LGBTQ noires ont vu leurs heures de travail réduites, contre 29 % des personnes LGBTQ blanches et 24 % pour le reste de la population.
Si les chiffres de cette violence ont été aggravés par la pandémie, ils n’ont pas du tout été généré par celle-ci : la situation était extrêmement alarmante bien avant le coronavirus. Et c’est dans ce sens que la manifestation qui a eu lieu mardi, juste au début du mois de la Pride, devant le mythique bar de Stonewall, ne devrait signifier qu’un début pour les luttes qui commencent à se déclencher. Pour en finir une fois pour toutes avec le pinkwashing et toute les formes de réccupération de notre lutte et pour rappeler que Stonewall était une émeute contre les persécutions de l’État et de la police, et que cette lutte aujourd’hui continue.