
Entrevue avec Ladislas Witanene, coordonnateur du ROJECF, réalisée par Marie-Ève Godin, participante au Parcours d’éducation à la citoyenneté de Katalizo et
correspondante stagiaire au Journal des Alternatives
Le Réseau des organisations des jeunes engagés dans le changement climatique, conservation de la biodiversité, des zones humides et des forêts (ROJECF), une coalition basée en République démocratique du Congo (RDC), développe des actions et des stratégies pour lutter contre les défis climatiques dans une région tourmentée. Le réseau est membre du Réseau mondial des intersections associé au Forum social mondial du même nom (FSMI) qui aura lieu à Montréal du 29 mai au 1 er juin prochains.
Le ROJECF-RDC a été créé en 2021 comme plateforme d’organismes environnementaux en RDC qui met la jeunesse de l’avant. Ladislas Witanene, militant environnementaliste et un fondateur du réseau, raconte que la coalition est venue combler un vide au pays. « Beaucoup d’initiatives se faisaient au niveau du pays, dans les provinces, mais la jeunesse n’était pas intégrée », explique-t-il.
« Elle ne prenait pas part à toutes les activités qui se menaient non seulement dans le secteur de la paix, mais aussi du développement durable ». À travers leur travail de lobbying et de plaidoyer, le réseau a réussi à rassembler près de cinquante organisations.
Parmi leurs activités au quotidien, on compte entre autres des journées de réflexion, de ramassage, de bouteilles de plastique ou de reboisement communautaire. Cette année, le ROJECF-RDC a développé un plan d’action concernant les zones humides, afin de propulser le développement des communautés tout en protégeant leurs écosystèmes.
Le réseau a également comme mission d’encadrer les jeunes à leur sortie de l’université afin de les assister dans la recherche d’un emploi. Ce soutien est d’autant plus important alors que les jeunes peinent à intégrer le marché du travail que. « On essaye de développer des activités génératrices de revenus pour vraiment occuper ces jeunes et de les orienter dans leur vie », explique le coordonnateur du ROJECF-RDC.
Actifs en pleine guerre
« L’est de la République démocratique du Congo est sous la guerre. La cohésion sociale est fragilisée et, chaque jour, il y a des jeunes qui sont tué.es […], des villages qui sont brûlés », explique Ladislas Witanene. « Pendant cette période, c’est important de mettre en œuvre un projet de cohésion sociale qui va amener les gens à agir ensemble malgré la guerre et ses conséquences », soutient-il.
« Nous avons le devoir et l’obligation de construire notre pays, de le développer et de protéger les écosystèmes ». Ladislas Witanene, qui dénonce le manque de financement dont souffre le réseau, explique que l’organisation et les responsables politiques de la région ne partagent pas la même vision. Il considère que le ROJECF-RDC souhaite promouvoir le vivre-ensemble, alors que ces gestionnaires politiques divisent plutôt la population pour leur propre intérêt.
Partenaires du FSMI
Le réseau a déjà participé à d’autres rassemblements et forums sociaux autant à l’échelle nationale qu’internationale par le passé. Le ROJECF-RDC était notamment présent lors de la 29 COP, la conférence des Nations Unies sur le climat de 2024.
Malheureusement, il n’y aura pas de délégation au FSMI de la part du ROJECF à Montréal à la fin du mois de mai, pour des raisons financières, mais aussi par les restrictions sur les visas sont importantes. Néanmoins, Ladislas Witanene est d’avis que le partenariat avec le REMI et le FSMI leur permettra non seulement de créer de nouvelles relations avec d’autres spécialistes et organismes qui ont à cœur des causes similaires, mais aussi d’échanger sur leurs expériences communes en lien avec les thématiques de l’événement. Il est d’avis qu’à l’issue de ces rencontres, le réseau pourrait mettre en place de nouvelles politiques et
améliorer leurs projets.