Solidarité avec les Wet’suwet’en

  13 février 2020

La GRC a effectué des descentes ces derniers jours sur ordre du gouvernement canadien contre des manifestants de Wet’suwet’en bloquant la construction d’un pipeline de 6,6 milliards de dollars, par Coastal GasLinkpour un projet de gaz naturel liquéfié dans le nord de la Colombie-Britannique, a déclenché une tempête de blocus, de protestations et d’occupations à travers le pays. Il est impossible de ne pas rappeler immédiatement l’histoire troublée et souvent brutale du colonialisme canadien. L’affrontement entre les manifestants des Premières nations et la GRC ramène notre attention sur les cicatrices politiques des crises les plus récentes à Oka et en Calédonie, entre autres. L’énorme présence policière militarisée qui a été mobilisée contre les manifestants illustre trop facilement à quel point les voies de réconciliation et de restitution à l’intérieur des frontières territoriales de l’État canadien seront empoisonnées et pleines de détours. L’adoption par le gouvernement néo-démocrate de la Colombie-Britannique de John Horgan à l’automne 2019 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, mettant l’accent sur les consultations, les règlements négociés et le contrôle territorial des Autochtones, ressemble maintenant à un geste complètement creux face aux demandes des compagnies pétrolières et de l’État canadien de continuer à pomper les combustibles fossiles à des niveaux records face à une mondialisation crise climatique.

Nous publions ici une sélection d’appels à la solidarité avec les Wet’suwet’en et les autres Premières nations du Canada soutenant leur lutte contre les États du Canada et de la Colombie-Britannique, la GRC et les sociétés pétrolières et gazières. Assez avec la violence, la marginalisation et les abus coloniaux.

Le Conseil de la nation haïda   solidaire  

En tant que nation souveraine, les Wet’suwet’en ont le droit de vivre en équilibre avec leurs terres et leurs eaux et ont la responsabilité de défendre leur culture, leur langue et leur mode de vie.

En 1985, nous avons exercé notre droit et notre responsabilité de protéger le territoire haïda sur l’ île Athlii Gwaay Lyell . À l’époque, notre nation a reçu le soutien d’alliés et d’amis du monde entier. Leurs paroles, leurs prières et leurs actes de solidarité ont renforcé notre position et contribué à protéger ce lieu chéri. Aujourd’hui, les Wet’suwet’en exercent leur juridiction de la même manière.

Les Wet’suwet’en vivent sur leurs terres et respectent les lois ancestrales pour protéger leur territoire pour les générations futures. En tant que nation, nous sommes alliés dans cet engagement à défendre nos terres et nos eaux. Le projet proposé de Coastal GasLink pourrait entraîner le passage de méthaniers dans les eaux territoriales haïdas. Leur stand est notre stand, et ensemble nous avons une grande force.

Le gouvernement du Canada s’est joint à la communauté internationale pour adopter la Déclaration des droits des peuples autochtones des Nations Unies (UNDRIP). L’UNDRIP reconnaît que les peuples autochtones ont le droit d’obtenir un consentement libre, préalable et éclairé concernant tout projet affectant leurs terres, territoires ou ressources.

La Nation haïda appelle le gouvernement canadien à respecter son engagement envers les peuples autochtones, la réconciliation et l’UNDRIP en reconnaissant et en respectant de manière significative l’autorité de Wet’suwet’en pour prendre des décisions sur des projets qui ont un impact sur le bien-être de leur peuple et leur mode de vie.

Guudang ‘láa ad yahguudang dang.ad id kuuniisii (Avec gratitude et respect envers nos ancêtres)

Solidarité de la Fédération des enseignants de la Colombie-Britannique

La BC Teachers ‘Federation réaffirme notre solidarité avec la nation Wet’suwet’en. En tant que syndicat attaché aux appels à l’action de Vérité et réconciliation et à la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, nous appelons les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada, la Gendarmerie royale du Canada et Coastal GasLink Pipeline à respecter la position adoptée par le Chefs héréditaires de Wet’suwet’en. Ils insistent sur le respect de la souveraineté autochtone, car ils n’ont jamais cédé leur juridiction aux terres qu’ils ont gouvernées et en sont les gardiens depuis des millénaires. Les cinq clans de la nation Wet’suwet’en se sont unanimement opposés à toutes les propositions de pipelines. Éloigner de force les défenseurs pacifiques des terres de leurs terres traditionnelles non cédées est contraire à la Déclaration des Nations Unies.

Notre gouvernement provincial a récemment adopté un projet de loi stipulant qu’il honorera la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Les actions sont plus éloquentes que les promesses vides auxquelles les peuples autochtones sont confrontés depuis des décennies. Si les dirigeants de notre province et de notre pays sont véritablement attachés à la réconciliation et au respect de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones, une action immédiate est requise. Les dirigeants élus doivent agir maintenant en négociant avec les dirigeants respectés de la nation Wet’suwet’en qui détiennent le droit inhérent à l’autodétermination, y compris le droit de défendre leurs terres.

Les 45 000 membres de la BC Teachers ‘Federation sont solidaires des peuples Wet’suwet’en et demandent au gouvernement de la Colombie-Britannique et du Canada de respecter les responsabilités énoncées dans la décision de la Cour suprême Delgamuukw-Gisday’wa de 1997. Nous sommes des témoins en ce moment historique où nos gouvernements doivent faire un choix pour maintenir cette décision de justice ou continuer l’héritage de la colonisation.

Les universitaires en faveur du peuple Wet’suwet’en

Nous écrivons pour exprimer notre profonde gratitude aux gens de Wet’suwet’en qui ont agi avec une vision et une force formidables pour défendre leurs peuples et leurs territoires contre le développement de pipelines, et ont été confrontés à de violentes incursions de la GRC et de l’industrie pour ce faire. Ils tiennent cette ligne depuis des années et prennent soin des terres et des eaux depuis d’innombrables générations. Pour nous et pour beaucoup d’autres, le camp Unist´ot´en représente la résurgence, la reconnexion, la créativité et la relation à la terre. La lutte à long terme des Wet´suwet´en est une lutte légitime et légalement sanctionnée pour les droits, l’autonomie et la souveraineté sur leurs territoires non cédés. Ces efforts profitent à tous les Canadiens. Nous vous remercions chaleureusement.

Nous écrivons également pour dénoncer les actions du gouvernement fédéral, du gouvernement de la Colombie-Britannique et de la GRC. Nous demandons que les travaux illégaux sur le territoire d’Unist’ot’en ​​par Coastal GasLink soient immédiatement arrêtés. Nous demandons aux gouvernements fédéral et provinciaux de respecter les droits des peuples autochtones tels qu’ils sont énoncés dans notre constitution, dans d’innombrables décisions de justice, ainsi que la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (UNDRIP) et ‘Anuc niwh’it’en (Wet’suwet ‘en droit). Nous demandons aux dirigeants et aux politiciens canadiens d’arrêter la militarisation, de communiquer des informations fausses ou partiales et de diviser les communautés. Nous rejetons la campagne actuelle de désinformation, en particulier les déclarations qui affirment que toutes les communautés se sont connectées au pipeline, qui ne tiennent pas compte de la très importante question des conflits de compétence des territoires entre les conseils de bande et de la gouvernance héréditaire. Dans le procès Delgamuukw, les chefs héréditaires des Wet´suwet´en ont été reconnus comme les titulaires légitimes du titre, et leur souveraineté sous-jacente sur le territoire a été établie par la plus haute cour du Canada. Nous exhortons les gouvernements fédéral et provinciaux à comprendre la distinction cruciale entre consultation et consentement et à agir en conséquence.

Nous nous opposons fermement au projet de pipeline Transcanadien et à d’autres projets d’énergie extrême en cours de développement qui menacent les terres autochtones. Selon les dernières preuves scientifiques, il est encore possible que les changements climatiques catastrophiques soient ralentis ou arrêtés, mais cet objectif nécessite une élimination immédiate des infrastructures de combustibles fossiles (Millar et al., 2017, Smith et al., 2019). Et nous demandons aux gouvernements de répondre à l’appel des scientifiques qui ont clairement indiqué que les nouvelles infrastructures de combustibles fossiles représentent la source des émissions les plus menaçantes du monde et nous mèneraient vers des augmentations spectaculaires de la température mondiale (Davis et al., 2010).

Cela s’applique à la production et au transport de gaz naturel, car il bloque également l’utilisation de combustibles fossiles. Le monde doit passer directement aux sources d’énergie renouvelables et le plus rapidement possible. Le gaz naturel ne doit pas être considéré comme un carburant de transition qui «comblera le fossé» entre les systèmes énergétiques à haute et à faible teneur en carbone (Stephenson et al. 2012). La mise en valeur du gaz de schiste et ses infrastructures connexes auront des répercussions très graves non seulement sur les territoires des peuples autochtones qui habitent la province de la Colombie-Britannique, mais sur les zones d’extraction dans le nord-est, le long des territoires et des bassins versants que le pipeline traversera, et en particulier sur les communautés côtières, l’habitat du saumon dans les rivières et la vie marine restante dans la mer des Salish et K̲andaliig̲wii (le détroit d’Hécate), que tout sera affecté par l’augmentation du trafic des pétroliers.

Les processus de gouvernance actuels n’ont pas réussi à protéger adéquatement l’environnement et les droits issus de traités. Pour atteindre les objectifs climatiques du Canada et les engagements du Canada à l’égard de la réconciliation, le gouvernement canadien doit cesser de forcer violemment les gazoducs à travers les terres autochtones.