Puit de pétrole près de la route au sud de Charklik avec les montagnes Nan Shan en arrière-plan. Crédit : John Hill. CC BY-SA 3.0 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Oil_well_in_Tsaidam.jpg

Èva Lachance-Adamus est correspondante à alter Québec et participante à L’UÉMSS

TotalEnergies est le 5ème géant pétrolier au monde et il génère des dizaines de milliards en bénéfice chaque année. Alors que la planète entière se remettait d’une crise sanitaire sans précédent, Total a déclaré plus de 20,5 milliards de dollars US de profit net en 2022.


Cet article est tiré de l’atelier Stop Total : Combats contre les méfaits d’une entreprise française organisé par Attac France, 350.org, Stop Total et Stop EACOP. L’atelier s’est tenu dans le cadre de l’Université des mouvements sociaux et des solidarités à Bobigny.


TotalEnergies est une multinationale française œuvrant dans les secteurs pétrolier et gazier. Ses projets sont, depuis plusieurs décennies maintenant, des plus destructeurs pour la Terre. Il s’agit du 5ème géant pétrolier au monde et il génère des dizaines de milliards en bénéfice chaque année. Alors que la planète entière se remettait d’une crise sanitaire sans précédent, Total a déclaré plus de 20,5 milliards de dollars US de profit net en 2022.

Total et le néocolonialisme

Total est un acteur de taille pour le néocolonialisme français. De fait, ce monstre de l’énergie a fusionné, en 2000, avec la société d’État française ELF. Cette dernière avait été créée en 1966 par le général de Gaulle à la suite de la découverte de gisements de pétrole en Algérie. ELF a donc participé à la mainmise de la France sur les ressources africaines et Total continue de favoriser cette domination, en toute complaisance de l’État français. Le projet du East African Crude Oil Pipeline (EACOP) constitue une bonne illustration de cette dynamique d’exploitation.

L’idée est simple : construire un oléoduc sur les territoires tanzaniens et ougandais de plus de 1400 km tout en prenant la peine de le faire passer par le Lac Victoria, la plus grande source d’eau douce en Afrique dont 40 millions d’habitants dépendent. Brillant, n’est-ce pas ? Ajoutons que près de 100 000 personnes font présentement face à des menaces d’expropriations pour permettre la construction de l’infrastructure en question. Le gouvernement français appui bien évidemment cette opération. Depuis l’annonce du projet, un réal regain d’enthousiasme pour les relations diplomatiques avec les dirigeants africains de la région a vu le jour.  Il est même question de former des militaires locaux pour défendre les intérêts français. L’Agence de développement française (AFD) y a aussi doublé ses investissements depuis l’annonce du tracé du projet d’oléoduc EACOP. Au final, l’État français est au service de Total alors que Total est au service des capitaux privés.

Un exemple de militantisme amusant et effectif 

La contestation face au projet EACOP s’est toutefois bien fait ressentir en France. Les militant.es du mouvement Stop TOTAL se sont mobilisés de manière à ce que le projet soit abandonné par 24 des institutions financières qui promettaient initialement des investissements.

Pour ce faire, ils ont utilisé des techniques de mobilisation créatives et non violentes. Un jeu d’interpellation de la banque française Crédit Agricole a entre autres été mis sur pied. Plus de 1000 directions d’agences locales ont alors reçu des lettres exposant les vraies répercussions du projet EACOP et Crédit Agricole a fini par annoncer qu’il se retirait du projet.

Cependant, Crédit Agricole continue de financer le tout indirectement par sa filière Amundi qui est première actionnaire du groupe Total. Pour tenter d’attirer l’attention du public sur le sujet, l’organisation du mouvement StopTotal a organisé un faux mariage entre Amundi (filiale de Crédit Agricole) et Total, qui a bien fait parler.

Les militants de l’association ont aussi organisé un canular géant faisant croire que de grands centres français allaient être traversés par un énorme oléoduc. En effet, un tracé a été publié et des avis d’expropriation ont même été apposés dans les rues. L’absurdité de ce projet a permis une sensibilisation sur le sujet, d’autant plus qu’énormément de médias ont repris l’histoire.

 

Des militant.es s’opposent au « mariage » entre Total et le Crédit Agricole. Auteur : Attac https://cl44.site.attac.org/spip.php?article1053

 

Carte expliquant le tracé du nouvel oléoduc #WECOP. Auteur : West European Crude Oil Pipeline. https://twitter.com/wecop_?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1650750566417543173%7Ctwgr%5Ee168f8e46102d5f7c17af33769170cd8f678b1c1%7Ctwcon%5Es1_&ref_url=https%3A%2F%2Fvert.eco%2Farticles%2Fun-oleoduc-geant-a-travers-la-france-le-canular-de-militants-ecologistes-pour-alerter-sur-le-projet-de-totalenergies-en-afrique

Pour en savoir plus: Deneault, Alain 2017 De quoi Total est-elle la somme ? Multinationales et perversion du droit, Éditions Écosociété, 2017