Venezuela : les États-Unis et l’« aide humanitaire” :

Javier Nuet, Révolution permanente, 7 mars

 

 

Ces derniers jours, on ne cesse d’entendre parler de “l’aide humanitaire” chaque fois qu’on parle du Vénézuela. C’est ainsi que les Etats-Unis et les partisans de Guaidó présentent leur tentative d’intervention dans le pays pour renverser Maduro. Mais ce n’est pas la première fois que les États-Unis menacent d’envahir un pays pour des raisons humanitaires. Voyons ce qu’ils ont fait à d’autres occasions.

1) Panama

En 1989, les États-Unis ont déclenché l’opération « Just Cause » et sont entrés au Panama avec 20 000 Marines pour demander le départ du président Manuel Noriega. Avec un soutien aérien et naval impressionnant, ils ont lancé des bombardements et une attaque massive contre des aéroports, des ports, des bâtiments publics et d’autres points stratégiques. En deux semaines, ils ont réussi à capturer Noriega (qui a été emmené aux États-Unis pour y être condamné pour trafic de drogue) et ont laissé une énorme destruction et des milliers de morts et de blessés, majoritairement des civils des quartiers populaires comme El Chorrillo. Ce qui est surprenant, c’est que l’autoritaire Noriega avait été un collaborateur de la CIA encore peu avant les faits et n’avait jamais été accusé de trafic de drogue. Le véritable objectif des États-Unis était d’étendre leur contrôle sur le canal de Panama, ce qu’ils ont fait jusqu’en 1999.

2) Irak

En 2003, le président George W. Bush a lancé une campagne assurant que l’Irak, le pays dirigé par Saddam Hussein, détenait des armes de destruction massive. Ces armes ne sont jamais apparues, mais quand on a su qu’elles n’existaient pas, le pays était déjà envahi, les morts se comptaient par millions – oui, par millions – et les États-Unis avaient déjà le pays sous leur contrôle, dans une occupation qui dura jusqu’en 2011.

3) Haïti

Haïti est occupé depuis 2004 par ordre des États-Unis avec l’accord des Nations Unies, dans le cadre d’une mission militaire commandée par le Brésil et composée de plusieurs pays d’Amérique latine. L’excuse était de « stabiliser la démocratie » et d’apporter « l’aide humanitaire ». Les organisations populaires en Haïti ont dénoncé à maintes reprises les violations des droits de l’homme commises par les occupants, allant de la persécution et des arrestations à des assassinats politiques, des massacres dans les quartiers les plus pauvres de la capitale, et des viols de femmes et de filles. Les gouvernements « progressistes » latino-américains ont participé à cette invasion sous prétexte de « soutenir la démocratie » en Haïti.

En 2010, un tremblement de terre a dévasté le pays et touché directement plus de 3 millions de personnes, selon l’ONU. Il a également fait des dizaines de milliers de morts, qui, selon différentes sources, s’élèveraient à 100.000. Face à ce scénario, les États-Unis ont à nouveau parlé d’ »aide humanitaire » et renforcé l’occupation avec 10.000 Marines, profitant de la situation pour renforcer leur puissance sur l’île vis-à-vis du reste des pays qui faisaient partie de l’intervention.

4) Libye

En 2011, des milliers de Libyens sont descendus dans la rue pour affronter le gouvernement de Mouammar Kadhafi, pendant le Printemps Arabe. Les États-Unis ont profité de cette situation pour leur propre intérêt et ont exigé que l’OTAN organise une opération appelée  » Unified Protector « , avec des dizaines de navires, des centaines d’avions de 19 pays et des groupes spéciaux tels que les « observateurs  » français et les SAS anglais. L’invasion était censée rétablir la démocratie dans le pays. Mais le résultat fut la mort et la disparition de milliers de personnes, des dizaines de milliers de blessés, et les États-Unis en profitèrent pour organiser le pillage du territoire.

5) Venezuela ?

En 2019, à partir de la Maison Blanche, les mêmes arguments sont répétés pour justifier les tentatives d’entrée, cette fois, au Venezuela. L’opération est si vaste qu’ils ont organisé un festival de « solidarité » avec des artistes de tout le continent à quelques mètres de la frontière, le jour même où ils ont menacé de faire entrer, sans négociation, leur « aide humanitaire ». Le résultat n’a pas été bon pour les impérialistes, qui n’ont pas obtenu un grand soutien populaire et n’ont pas réussi à rallier des secteurs importants des forces armées à leur cause.

Après cette dure défaite et avec le retour de Guaidó au Venezuela, les Etats-Unis confirment qu’ils continuent à soutenir un coup d’Etat, même s’ils ne sont pas en mesure – pour le moment – de lancer à une invasion militaire.

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