Par Mariña Testas – Traduit depuis l’espagnol

Tout comme le personnel est politique, la construction des villes répond toujours à une certaine conception politique. Le néolibéralisme a conquis le marché, la prise de décision, notre façon de vivre et d’être en relation les uns avec les autres, mais aussi la façon dont nous habitons l’espace public.

Le géographe marxiste David Harvey, dans une interview à El Salto 1, affirme que « nous ne construisons plus les villes pour que les gens y vivent, nous les construisons pour que les gens y investissent ». Nos villes ont progressivement réduit les espaces communautaires pour offrir de nouvelles opportunités d’affaires et d’investissement.

Le phénomène de gentrification a violemment balayé le commerce local et la vie enracinée dans le territoire. Là où il y avait une mercerie, il y a maintenant un bar hipster ; là où il y avait un magasin de chaussures de quartier, il y a maintenant un restaurant gastronomique offrant un menu sélectionné dont les prix sont à la portée de quelques-uns ; là où il y avait une papeterie, il y a maintenant une chaîne de cafés avec des travailleurs précaires. L’architecture dissuasive, dont l’objectif principal est de mettre des barrières aux personnes qui dorment dans la rue, est l’un des exemples les plus notoires, inhumains et scandaleux de cette conception de l’urbain.

« Nous ne construisons plus les villes pour que les gens y vivent, nous les construisons pour que les gens y investissent »

-David Harvey

Le néolibéralisme progresse, mais des espaces et des communautés qui résistent émergent toujours. Les images qui accompagnent cet article représentent cet esprit qui ne succombe pas aux impositions de la privatisation. L’une des photos, montrant une femme assise en train de lire, est peut-être la plus symbolique. Dans un parc de Barcelone, pour tenter de décourager les sans-abri d’y dormir, les longs bancs ont été enlevés pour placer de petits bancs individuels qui empêchent de dormir. Pour éviter cela, des étudiants d’une école de design ont tissé un filet entre les deux bancs séparés pour créer un nouvel espace d’assise. Là où il y avait un espace vide, il y a maintenant un espace d’unité et de dignité. « Il y a quelque chose de politique dans l’air des villes qui lutte pour s’exprimer », a également déclaré Harvey dans Villes rebelles 2.

  1. Harvey, D. (2018). Ahora no construimos ciudades para que la gente viva sino para que se invierta en ellas. J. Scahill, Intervieweur) Obtenu sur https://www. elsaltodiario. com/pensamiento/entrevista-david-harvey-estados-unidos-donald-trump-segunda-parte.[]
  2. Harvey, D. (2015). Villes rebelles: Du droit à la ville à la révolution urbaine. France: Buchet/Chastel.[]