la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis

Jack Rasmus, www.counterpunch.org, 28 mai 2018

Dans des articles précédents, Jack Rasmus a soutenu qu’il y avait trois groupes qui se disputaient le contrôle des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine : Les grands banquiers et les sociétés multinationales aux Etats-Unis se préoccupent principalement d’obtenir un accès plus en profondeur aux marchés chinois ; la faction de la guerre  et de la défense américaine se préoccupe du transfert de technologie chinoise impliquant les technologies de la prochaine génération (5G, IA, cybersécurité) qui ont des implications militaires importantes; et Trump qui se préoccupe surtout de se soumettre à sa base politique intérieure américaine et d’obtenir une sorte de réduction du déficit commercial Chine-États-Unis (de préférence une forte augmentation des achats de biens américains en Chine) qu’il peut ensuite exagérer et gonfler politiquement pour montrer à sa base politique intérieure dans les États rouges que son thème  » nationaliste économique  » (l’Amérique d’abord) est vivant. Trump cherche des gains commerciaux pour renforcer le soutien dans sa base, pour les prochaines élections de mi-mandat et comme rempart potentiel contre la décision Mueller à venir.

Après que l’équipe commerciale américaine se soit rendue à Pékin au début du mois de mai, il était clair que la direction des négociations américaines avait manqué à ses obligations envers les banquiers et les multinationales américaines, Steve Mnuchin, secrétaire au Trésor américain (et ancien PDG de la banque d’investissement Goldman Sachs), a assumé la direction officielle de l’équipe américaine et des négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine. Pour étayer davantage ce changement de pouvoir interne, l’équipe commerciale américaine a laissé tomber Peter Navarro, représentant de la faction de la défense et adoptant la ligne dure anti-chine. Les négociations commerciales ultérieures se sont transformées en discussions entre Mnuchin et son homologue chinois, Liu He, dans des formats privés et des communications individuelles entre Mnuchin-He. Ce changement signifiait que l’obtention d’un meilleur accès aux marchés chinois (le but premier des grands banquiers), et un petit quelque chose dont Trump pouvait se vanter jusqu’à sa base, avait maintenant clairement pris le pas sur la question du transfert de technologie qui préoccupait au premier chef l’establishment de guerre américain.

Depuis le début du mois de mai, cependant, la faction de défense-guerre a riposté. L’armée américaine et ses alliés du Congrès ont intensifié leur discours et leurs actions contre la Chine. Des efforts pour faire échouer la réunion du 12 juin avec la Corée du Nord ont été lancés, et l’armée américaine a récemment pris des mesures pour retirer la Chine des manœuvres navales conjointes du Pacifique. Leurs alliés du Congrès se sont également opposés à la décision unilatérale de Trump de rétablir l’entreprise de télécommunications chinoise ZTE aux États-Unis. Après avoir fait des concessions, levé les blocages sur les importations agricoles américaines et les accords de fusion impliquant des entreprises américaines et chinoises en Chine, la Chine a également réagi en battant en retraite.

De manière opportuniste, le président américain a ensuite fait volte-face sur ZTE et s’est joint au discours anti-chinois, accusant la Chine de l’échec probable des pourparlers avec la Corée du Nord le 12 juin. Comme cet auteur l’avait prédit, il était peu probable, dès le début, que des pourparlers avec la Corée du Nord auraient lieu et, si c’était le cas, ils n’auraient aucun résultat positif. C’est surtout Trump qui cherche de la publicité pour sa base et qui manipule opportunément la possibilité d’un accord de paix avec la Corée du Nord. L’establishment américain de la guerre et de la défense ne veut pas d’un règlement des différends avec la Corée du Nord ; il ne veut pas non plus d’un accord avec la Chine sur le commerce à moins qu’il n’implique un retour en arrière du transfert de technologie et du développement technologique de la Chine. La Chine n’adhérera pas sur ce point, mais augmentera l’accès des banquiers américains à ses marchés et augmentera même ses achats d’exportations américaines. Mais pour l’instant, la faction de guerre américaine a émoussé à la fois les progrès des négociations commerciales avec la Chine et les négociations possibles avec la Corée du Nord.

Les divisions au sein de l’équipe commerciale américaine et des trois factions continueront de se disputer, ce qui réduira la probabilité d’un accord commercial avec la Chine. Pendant ce temps, la Chine poursuit ses efforts de négociation commerciale avec l’Europe, et en particulier l’Allemagne, que l’administration Trump et le Congrès ont l’intention d’aliéner de plus en plus.

Même pour défendre leurs propres intérêts, les capitalistes américains semblent avoir l’intention de se tirer dans le pied, comme ils disent. La qualité du leadership capitaliste américain, et plus encore de ses représentants politiques, s’est fortement détériorée au XXIe siècle. Comme Trump, leur arrogance surestime leur pouvoir d’intimider et de contourner les alliés et les adversaires. La poursuite par Trump de ses politiques économiques nationalistes d’extrême droite, combinée à l’agressivité de la faction de défense américaine, aura pour effet à long terme de réduire l’hégémonie américaine dans l’économie mondiale et non de la rétablir dans une nouvelle structure néolibérale au XXIe siècle.

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