Philippe Pelletier 2020, Effondrement et capitalisme vert. La collapsologie en question, Nada, Paris, octobre 2020, 352 pages.
Philippe Pelletier nous invite à nous interroger sur le caractère urgent, irréversible et planétaire de la crise écologique et environnementale, mis de l’avant par les médias et dans les débats publics. Pour nous montrer la faiblesse du fondement scientifique du discours dominant, l’auteur, en tant que géographe, attire notre attention sur la particularité de chaque territoire où les facteurs écologique, culturel, politique et économique se mêlent, ainsi que sur les rapports de forces qui se jouent derrière la scène médiatique.
L’analyse du lien entre la lutte contre le réchauffement climatique et le vaste réseau du lobbying nucléaire est particulièrement éclairante. On pourrait se demander pourquoi « les médias parlent davantage des ours polaires errant sur la banquise que des déchets nucléaires » (273).
L’auteur s’intéresse également à l’aspect socioéconomique de la mobilisation pour la cause environnementale : des origines à nos jours, la protection de la nature et de l’environnement est chérie par l’aristocratie soutenue par la bourgeoisie, tandis que les prophètes et les adhérents de la collapsologie et de la décroissance font largement partie de la classe aisée et diplômée du Nord. Leur discours qui responsabilise et culpabilise toute l’humanité et qui nous enjoint de changer nos habitudes sert à déresponsabiliser les capitaux et les politiques et nous empêche de nous interroger sur la propriété et le « qui décide, et où » (302).
La vraie menace, selon Pelletier, est l’emprise de la gouvernance par la peur dont le discours sur la crise urgente et irréversible nous inculque.