Walner Osna
La communauté haïtienne a voulu rendre hommage à Pierre Beaudet, hier à la Maison d’Haïti de Montréal. Nous présentons ici le témoignage de Walner, un collaborateur de la Plateforme altermondialiste.
J’ai rencontré Pierre Beaudet en automne 2020. Un professeur de l’Université d’Ottawa nous a mis en contact. Malheureusement, le contexte de la pandémie du coronavirus ne nous a pas laissé la chance de nous rencontrer physiquement. Vu la personnalité, cela ne nous a pas empêchés de vivre une riche expérience ensemble. Il m’est arrivé même d’oublier que nous n’avions pas eu l’opportunité de nous voir en présence. En tant qu’étudiant militant, tout de suite, je me suis rendu compte que la conviction d’une nécessité de transformation sociale radicale des sociétés et du monde nous anime tous les deux. Je n’ai pas beaucoup de choses à dire sur cette courte expérience avec camarade Pierre, par ailleurs, je tiens à souligner trois choses qui ont marqué mon expérience avec lui pour lui rendre hommage. Son sens de solidarité avec les luttes populaires, son niveau d’engagement et son sens de responsabilité.
Je regrette sincèrement d’écrire ces mots dans une telle circonstance, car du vivant de notre camarade Pierre, je n’ai pas eu l’occasion de lui exprimer toute mon admiration à son égard. Depuis ma première rencontre avec Pierre, il a fait montre d’une haute sensibilité pour les causes des luttes populaires haïtiennes. Il a toujours témoigné sa solidarité avec les mouvements populaires haïtiens. Il m’avait invité à contacter d’autres personnes susceptibles d’être intéressées à travailler ensemble afin de mettre une rubrique concernant Haïti sur le site de la plateforme altermondialiste alter Québec. C’est ainsi que Pierre, moi et deux autres camarades avons pu alimenter le site alter Québec quasi hebdomadairement avec des textes sur la situation d’Haïti. Pierre était toujours préoccupé par ce qui se dit sur Haïti dans les presses dominantes internationales. Il voulait toujours avoir la voix des militant-e-s, notamment ceux et celles qui risquent leur vie en Haïti à la construction d’une alternative populaire et de gauche. Son sens de solidarité envers Haïti m’a grandement marqué. Pierre restera vivant dans mon esprit, son sens de solidarité envers les peuples opprimés fait de lui, au fond de moi, un Immortel.
Le sens d’engagement et de responsabilité de Pierre m’a toujours épaté. Pierre se dévouait à rendre dynamique la plateforme alter Québec, parallèlement il avait le même niveau d’engagement et de responsabilité dans les Nouveaux cahiers socialisme. Encore en cohérence avec son principe de solidarité avec les peuples, en particulier le peuple haïtien, il m’avait invité sur le comité web des Nouveaux cahiers du socialisme. Il disait toujours qu’Haïti doit avoir une place importante sur le site. Moi et d’autres camarades, nous sommes censés assurer l’alimentation du site avec des analyses critiques « progressistes » sur la situation haïtienne. Pierre était toujours présent, et présent à l’heure dans toutes les rencontres. Il était toujours prêt à combler des vides, à prendre plus de responsabilités. Je me demande parfois combien d’heures qu’il dort par jour, compte tenu de ses implications et de l’ensemble de ces responsabilités qu’il a su toujours assumer presque sans faille. Pierre est un modèle qui m’inspire, à chaque fois que le découragement veut m’envahir, je pense, à des militants-es comme Pierre je retrouve ma motivation.
Je veux terminer mes propos pour attirer l’attention sur une valeur que j’admire chez le camarade Pierre. Ce dernier croyait beaucoup en la nécessité de renouveler la « gauche », il ne se voyait pas comme un baron des militants-es. Il était humble et traitait avec de jeunes militant-e-s d’égal à égal. Il me demandait souvent si je ne connais pas d’autres jeunes militant-e-s qui seraient intéressés à rejoindre la plateforme alter Québec et les Nouveaux cahiers du socialisme. C’était une de ses préoccupations, le renouvellement des espaces de lutte. Environ deux semaines avant sa traversée pour l’orient éternel, il disait qu’il se sentait mieux et il allait reprendre bientôt ses activités. Malheureusement, il est mort. Ce fut un grand honneur pour moi de pouvoir collaborer avec camarade Pierre. Certes, il s’agit d’une courte expérience, ô combien enrichissante et instructive.
Camarade Pierre, présent ! Camarade Pierre, toujours présent ! Moun k ap batay pa mouri !