Sadek Basnacki, Révolution permanente, 9 avril 2020
Un demi milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté à l’échelle mondiale suite au coronavirus, d’après l’ONG Oxfam. C’est plus que la population de l’Union européenne, qui était de 446 millions au 1er février 2020, selon Eurostat.
Dans ce rapport intitulé Le Prix de la Dignité, Oxfam explique que « Cela pourrait constituer à l’échelle mondiale un recul de dix ans dans la lutte contre la pauvreté, et un recul de 30 ans dans certaines régions comme en Afrique sub-saharienne, au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord ».
L’ONG pointe l’insuffisance des systèmes de protection sociale, voire leur absence. Et bien évidemment, ce sont les couches les plus paupérisées qui seront les plus impactées en particulier les femmes.
La date de sortie du rapport n’est pas anodine, puisqu’il sort juste avant les réunions du FMI, de la Banque mondiale et des ministres des finances du G20.
En guise de solution, le rapport indique qu’il faudrait une aide financière aux personnes les plus touchées et aux petites entreprises, et souhaite que les dettes des pays les plus pauvres soient annulées pour cette année.
Derrière ces chiffres, la réalité du capitalisme et de l’impérialisme
Les pays les plus pauvres seront les premiers impactés par la paupérisation, notamment à cause de l’impérialisme qu’ils subissent. C’est la domination et la dépendance aux puissances impérialistes qui rendent l’Afrique et les pays pauvres toujours plus vulnérables aux crises économiques et politiques. Face au coronavirus, l’impréparation structurelle et le sous-développement de ces pays risquent de provoquer une catastrophe humanitaire dans les prochains mois.
Dans ces pays, la population est plus à risque, devant faire face à d’énormes problèmes de santé publique, dont la malnutrition ou encore des épidémies, comme Ebola, le paludisme, le VIH. Au delà de la crise sanitaire, c’est la dépendance économique qui sera catastrophique sur le moyen et long terme.
L’arrêt de l’économie dans les pays impérialistes tels que la France influe sur les dévaluations de la monnaie dans ses anciennes colonies, comme avec le Franc CFA, qui est dépendant de la banque de France. Les difficultés de la Chine ont un énorme impact en raison du système Chinafrique ; les exportations sont en chute libre, ce qui aura un effet domino. Le fait qu’il n’y ait aucune solidarité internationale (il suffit de voir la bataille pour l’accès aux masques ou le refus de certains pays de recevoir des contaminés italiens) ne peut qu’accentuer les inégalités des pays dépendant économiquement.
À cela, il faut ajouter le fait que beaucoup vivent de l’économie informelle. Pour certains pays, en plus du confinement et des morts qui vont s’amonceler, il faut également prendre en compte les éventuels conflits armés, qui seront un désastre dans les pays pauvres. L’ensemble de cette situation est due à des siècles de pillage colonial et néo-colonial.
La situation économique poussera ces pays à accepter “l’aide” du FMI ou de la Banque mondiale, et de fait, à s’endetter encore plus et à prolonger toujours plus la dépendance. Pour l’instant, le FMI et la Banque mondiale ont proposé le gel des remboursements pour faire face au Covid-19 ; mais ces pays seront bien obligés de rembourser ces dettes scandaleuses dans le futur. Et ce n’est pas l’annulation de la dette pour cette année, comme le souhaite Oxfam, qui va régler le problème.
C’est la suppression pure et simple de l’ensemble des dettes qu’il faut réclamer. Et il ne faut pas s’attendre à ce que les pays impérialistes ou le FMI le fassent par bonté d’âme ou humanisme, car ils en sont dépourvus. Seul le profit et la domination comptent.