Nous, organisations syndicales de lutte et de transformation sociale de Guyane, soutenons la lutte du peuple haïtien et le combat des organisations syndicales haïtiennes qui, en ces troubles semaines, se déroule en Haïti pour le maintien de bases démocratiques dans la vie politique de l’état.
Depuis l’élection de Jovenel Moïse, les crises économiques succèdent aux crises politiques, aux scandales, aux coups d’éclat d’une corruption qui paraît sans limites, aux coups de force de la part du dirigeant pour détruire le pouvoir des parlementaires, de la cour des comptes, de tout ce qui constitue un contre-pouvoir.
Mais les crises économiques, alimentaires, sanitaires, sécuritaires, alimentées par la corruption des élites et des relations internationales ne servent qu’à maintenir sous pression la révolte des populations et des travailleurs. La répression violente des militants et de toute opposition est de fait organisée par le pouvoir en place et relayée par les médias internationaux. En tant qu’organisations syndicales indépendantes de partis politiques et d’organisations humanitaires, nous dénonçons l’instrumentalisation de la question de la durée du mandat présidentiel de Jovenel Moïse. Elle ne sert qu’à stigmatiser le fonctionnement de la République haïtienne, encore une fois uniquement présentée, par les médias et la communauté internationale, sous le jour de l’instabilité.
Cette situation est vécue dramatiquement ici en Guyane par une communauté trop souvent victime de discriminations. A l’inquiétude pour les proches, s’ajoute un énième report des jours heureux dans leur pays d’origine. De nombreux militants haïtiens ont rejoint la Guyane, faute de pouvoir exprimer leurs idées sans prendre le risque de perdre leur vie et de voir leurs familles menacées. Nos pensées fraternelles et notre solidarité militante vont aussi vers eux.
Nous n’oublions pas la responsabilité de la France comme ancien colonisateur et celle de ses alliés occidentaux dans les souffrances endurées par le peuple haïtien jusqu’à nos jours. Les manifestants ne se trompent pas quand ils affichent des slogans anti-impérialistes dans leurs cortèges.
Pour nos organisations syndicales la question est celle d’une défense des droits des haïtiens à l’expression démocratique, aux droits des travailleurs à l’auto-organisation, et à la manifestation libre. Nous serons toujours solidaires de ceux et celles qui défendent ces droits face à des formes violentes et autocrates du pouvoir.
Solidarité avec le peuple haïtien ! Solidarité internationale.
SUD éducation Guyane et FSU Guyane.