Emir Sader, ALAI, 14 août 2019
L’énorme défaite de Mauricio Macri aux primaires en Argentine traduit l’échec de la première tentative de restauration néolibérale. Après plus d’une décennie de gouvernements anti-néolibéraux, la droite a remporté sa première victoire depuis longtemps. C’était en Argentine, avec la victoire de Mauricio Macri, avec un programme typiquement néo-libéral.
Après une victoire commémorée comme un retour aux vieux temps de centralité du marché, de la destruction de l’image du marché et de la folie des gouvernements populistes qui ont gaspillé des ressources publiques avec des distributions insensées, on a eu le retour des ajustements budgétaires brutaux et inévitables.
Mais les choses ne se sont pas passées ainsi. Au-delà des sondages factices, la victoire d’Alberto Fernández et de Cristina Fernández a dépassé tout résultat prévisible. Les effets brutaux de l’ajustement néolibéral ont eu une incidence prépondérante.
Pour l’Amérique latine, quel est le sens de ce résultat?
Premièrement, cela signifie que la droite n’a pas d’autre modèle que celui néolibéral, qu’elle n’a pas la capacité de réactiver la croissance économique, encore moins de redistribuer les revenus. La trajectoire du gouvernement de Macri fait écho à celle de Michel Temer au Brésil, de Moreno en Équateur et se confirme déjà avec l’actuel gouvernement brésilien de Bolsonaro. C’est un échec pour la droite, qui indique déjà que le retour de certains gouvernements de droite en Amérique latine sera de courte durée, une parenthèse.
Deuxièmement, les dommages causés par les gouvernements de la restauration néolibérale représentent un énorme pas en arrière sur le plan économique, politique et social, dont les gouvernements qui les suivront hériteront, leur causant de grandes difficultés pour reprendre un modèle économique et social anti-néolibéral.
Troisièmement, pour vaincre ces gouvernements, il faut réunir toutes les forces qui leur sont opposées à travers un large front anti-néolibéral.
Quelles conséquences ces résultats peuvent-ils avoir dans la région? En premier lieu, il laissera Bolsonaro isolé de son grand allié. Dans le second cas, les prochaines élections en Bolivie et en Uruguay aboutiront probablement sur des gouvernements opposés à ceux de Macri.
Le cas argentin, le premier du retour à droite et de son modèle néolibéral, a également été le premier qui a démontré le nouvel échec du néolibéralisme en Amérique latine, ouvrant la voie pour un nouveau cycle de croissance et de redistribution des revenus dans la région.