Alexandre-Reza Kokabi (Reporterre), 8 décembre 2020
L’année 2020 a connu un nombre record de tempêtes suffisamment fortes pour avoir été nommées. Le changement climatique bouleverse le fonctionnement « naturel » de ces phénomènes extrêmes dévastateurs, qui frappent des sociétés mal préparées.
Avec trente tempêtes nommées, dont treize sont devenues des ouragans, la saison cyclonique 2020 dans l’Atlantique a battu des records. Elle a supplanté 2005 et ses vingt-huit tempêtes. Dans un contexte de changement climatique, ces phénomènes s’intensifient et pourraient être toujours plus dévastateurs dans les décennies à venir. Reporterre vous explique pourquoi.
Qu’est-ce qu’un cyclone tropical ?
Chaque année, les régions tropicales du globe sont le théâtre de violentes perturbations atmosphériques : les cyclones tropicaux, « qui naissent d’une accumulation de chaleur, d’humidité et de vents favorables en altitude », explique Caroline Muller, chercheuse au Laboratoire de météorologie dynamique (LMD).
Quand les températures océaniques sont chaudes, un air chaud et humide s’élève dans l’atmosphère. Des orages se forment et, plus il y a d’humidité et de chaleur, plus la zone devient perturbée. Des courants d’air ascendants et descendants forment une colonne de perturbation. La machine est alors lancée.
« Les cyclones tropicaux sont constitués d’un œil et d’un mur de nuages, autour duquel tournoient des vents à une vitesse très importante », décrit Matthieu Lengaigne, chercheur en océanographie à l’UMR Marbec. Une tempête, officiellement nommée à partir du moment où les vents dépassent une vitesse de 63 km/h, devient un cyclone tropical de catégorie 1 à partir de 119 km/h. Elle est ensuite classée en catégorie 2 à partir de 154 km/h, en catégorie 3 quand elle dépasse 178 km/h, puis en catégorie 4 quand elle atteint 209 km/h. Les vents de la catégorie 5, la plus haute, dépassent les 251 km/h. La machine ne s’enraye que si elle touche la terre ferme ou des eaux plus froides, qui la coupent de sa source de chaleur et d’humidité.
Outre les vents cycloniques, ces murs de nuages « produisent des phénomènes potentiellement dévastateurs lorsqu’ils parviennent sur les côtes : des pluies diluviennes ; une houle longue, qui se déplace plus rapidement que le cyclone ; et une surélévation anormale du niveau de la mer », dit Matthieu Lengaigne.
« Ces phénomènes et leurs conséquences ne passent pas inaperçues, alors les populations leur ont donné divers noms à travers le monde », précise Caroline Muller. Dans l’océan Pacifique Sud-Ouest et Nord et l’océan Indien Sud-Ouest, ils sont connus sous le nom de « cyclones ». Ils sont appelés « ouragans » dans l’océan Atlantique Nord et l’océan Pacifique Nord-Est et Sud-Ouest, et « typhons » dans l’océan Pacifique Nord-Ouest.
Pourquoi 2020 est une année exceptionnelle en Atlantique Nord ?
La saison 2020 a débuté précocement, dès le 16 mai, avec la tempête tropicale Arthur. En août, la cadence s’est accélérée. Le premier ouragan majeur, Laura, a balayé la côte de la Louisiane, dans le sud-est des États-Unis, le 27 août, provoquant la mort d’au moins 72 personnes, dont 31 en Haïti. En septembre, dix systèmes tropicaux se sont formés et, pour la deuxième fois dans l’histoire, cinq ouragans ont été enregistrés simultanément avec Paulette, René, Sally, Teddy et Vicky.
Le 18 septembre, pour la deuxième fois dans l’histoire de la météorologie, la tempête Wilfred a épuisé le dernier des vingt et un noms réservés à l’Atlantique. Le centre de prévisions météorologiques National Hurricane Center a été contraint d’utiliser l’alphabet grec pour nommer les tempêtes suivantes. En octobre, deux ouragans majeurs, Delta et Epsilon, ont frappé la péninsule du Yucatán, au Mexique, et la Louisiane.
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Les cyclones tropicaux entre 1945 et 2006 en fonction de leur force : dépression tropicale, tempête tropicale puis ouragan de catégorie 1 à 5.