Francesca Casadó, extrait d’un texte paru dans ALAI, 29 avril 2019
La rencontre en mars dernier entre le président Jair Bolsonaro et son homologue Donald Trump a concrétisé les orientations annoncées depuis l’élection de l’an dernier, en particulier :
- L’avancement d’un accord avec les États-Unis, spécialement en matière de défense et sur la crise au Venezuela.
- Le rapprochement avec Israël, après l’annonce du transfert de l’ambassade de Tel Aviv à Jérusalem.
- La révision du cadre du Mercosur pour en flexibiliser les règles de manière à favoriser les intérêts idéologiques et économiques des gouvernements conservateurs de la région et, surtout, à ouvrir des chemins légaux pour une négociation bilatérale avec les États-Unis.
- L’exemption de visas pour les citoyens étatsuniens et canadiens, qui serait ensuite étendue au Japon et à l’Australie.
Lors de la rencontre avec Trump, Bolsonaro a annoncé qu’il permettrait aux États-Unis d’utiliser, soi-disant à des fins non-militaires, le centre Alcántara dans l’État du Maranhao, pour le lancement de satellites. En matière de défense, la surprise fut l’annonce par Trump que le Brésil sera reconnu comme « allié de l’OTAN, ce qui conduira le Brésil à accède de manière préférentielle à l’achat de matériels de guerre US et recevoir une « aide à la formation militaire ». Entre-temps, le président argentin Mauricio Macri a autorisé, sans l’accord explicite du Parlement, l’installation de plusieurs bases militaires US dans des zones riches en hydrocarbures et en ressources aquifères.
Avant la rencontre des deux présidents, le ministre des relations extérieures du Brésil, Ernesto Araujo, a tenu une réunion avec l’amiral Craig Faller, chef du Commandement Sud des États-Unis, durant laquelle fut traitée la future coopération en matière de défense, marquant ainsi une nouvelle étape d’alliances bilatérales.
On a senti dans tout cela l’héritage de la doctrine Monroe qui, au 19e siècle, dénonçait le colonialisme européen, dans le but de placer tout un continent dans l’aire d’influence des États-Unis. Aujourd’hui, les États-Unis, de concert avec le Brésil, menacent le Venezuela. Pour Bolsonaro, « le Venezuela ne peut pas continuer de cette manière. Ce peuple doit être libéré et nous croyons et espérons, évidemment, le soutien étatsunien pour que cet objectif soit réalisé ».