Combattre l’islamophobie

John Clarke, extrait d’un texte paru dans Socialist Project, 7 mai 2019

 

Les gouvernements occidentaux et l’extrême droite xénophobe sont engagés dans une véritable guerre contre les musulmans. Une des manières par lesquelles cette attaque se déroule est un effort continu pour forcer les musulmans à adopter les « valeurs » dominantes et à changer leurs vêtements ou à abandonner leurs traditions religieuses.

Alors que cette attaque contre les communautés musulmanes se déploie, beaucoup de militants de gauche comprennent sa nature raciste et la nécessité d’une solidarité active avec ceux qui la reçoivent. Cependant, il existe d’autres dont l’opposition idéologique à la religion s’applique de manière assez rigide lorsque l’on aborde le hijab, le niqab ou la burka. Certains soutiennent la position selon laquelle aucune personne portant le hijab ne devrait être autorisée à enseigner à l’école et qui militent pour la fermeture des salles de prières musulmanes dans les écoles.

Cette « laïcité de gauche » aboutit selon moi à une approche erronée qui rend ceux qui l’adoptent passive complices face à la prolifération réactionnaire et dangereuse de l’islamophobie.

Laïcité

Je pense que toutes les grandes religions jouent un rôle réactionnaire et je travaille pour une société où le besoin de foi religieuse n’existe plus. Cependant, je suis également fermement convaincu que la seule approche juste et viable consiste à défendre la liberté de religion. Même avec des intentions progressistes, le recours à la prohibition et aux restrictions à l’encontre des croyants religieux serait à la fois erroné et vain. Lorsque de telles mesures sont utilisées de manière sélective par des gouvernements réactionnaires, il faut s’y opposer.

Comment alors le principe important de la laïcité s’intègre-t-il dans la situation ? Je conviens pleinement que c’est un principe vital pour lequel nous devons lutter. Malheureusement, il y a beaucoup de malentendus sur ce que c’est. L’État et ses institutions doivent être laïques et ne pas approuver ou promouvoir une quelconque religion. Les lois ne doivent pas être promulguées au nom d’un être suprême. Les parlements et les assemblées ne devraient pas afficher de symboles religieux et la journée d’école ne devrait pas commencer par une prière. Cependant, qu’en est-il de ceux dont les obligations religieuses exigent qu’ils s’habillent d’une certaine manière ou qu’ils accomplissent des rituels ou des prières à des moments particuliers ? L’État canadien a, dans une certaine mesure, accepté le principe des « aménagements raisonnables ». Dans le domaine de la religion, il reconnaît que des efforts raisonnables devraient être déployés pour permettre aux travailleurs ou aux utilisateurs de services publics de respecter les obligations de leur religion. Je trouve malheureux que des gens de gauche prennent une position pire que l’État sur une telle question.

C’est une violation du principe de laïcité que de forcer les élèves à commencer la journée par une prière, mais cela ne gêne pas le fait que ceux dont la religion exige un culte se voient accorder un espace séparé pour s’y conformer. C’est une brèche fondamentale et fondamentale pour un crucifix de s’accrocher au mur de l’Assemblée nationale du Québec, mais il est scandaleusement injuste de le dire à un enseignant, comme le prévoit la loi 21, qu’elle ne peut pas porter le hijab. Un crucifix dans une législature est une approbation du christianisme, tandis qu’une enseignante portant le hijab fait de son école une institution islamique. Elle est simplement une travailleuse et un membre de la communauté s’habillant selon sa conscience et ses choix personnels.

Contexte islamophobe

Nous vivons à une époque où la haine anti-musulmane est endémique et s’aggrave. Les pays à majorité musulmane sont attaqués par l’impérialisme dirigé par les États-Unis. Les populations musulmanes font face à une persécution massive. Les gouvernements alimentent cette tendance et de larges pans des médias l’alimentent. Des lois ciblent les musulmans, la législation québécoise susmentionnée n’étant qu’un exemple. Alors que la terreur de la suprématie blanche augmente terriblement, l’étiquette terroriste est presque entièrement réservée aux musulmans. Pour chaque attaque meurtrière de musulmans par des racistes d’extrême droite, il y a des centaines d’agressions et des milliers d’incidents violents. La poursuite d’une guerre sans fin, la nécessité d’un « ennemi intérieur » à l’ère de l’austérité et la montée de la droite populiste ont contribué à faire en sorte que l’islamophobie soit le préjugé de choix des sociétés occidentales, y compris au Canada.

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