Canada : halte au recrutement militaire israélien illégal

Karen Rodman, Rabble, 11 février 2021

Plus de 50 organisations au Canada et dans le monde se sont jointes à l’appel pour mettre fin au recrutement militaire israélien illégal au Canada. Cela fait suite à une plainte officielle qui a été fournie avec des preuves au ministre de la Justice David Lametti le 19 octobre 2020.

La plainte

Le 19 octobre 2020, une lettre signée par plus de 170 Canadiens – dont Noam Chomsky, Roger Waters, l’ancien député Jim Manly, le cinéaste Ken Loach, ainsi que le poète El Jones et l’auteur Yann Martel – a été publiée, appelant à « un une enquête approfondie doit être entreprise sur ceux qui ont facilité le […] recrutement pour les Forces de défense israéliennes (FDI) et, si cela est justifié, que des accusations soient portées contre toutes les personnes impliquées dans le recrutement et lncouragement du recrutement au Canada pour les FDI.  »

Le même jour, rabble.ca a publié un éditorial de Bianca Mugyenyi qui décrivait l’histoire de la loi sur l’enrôlement à l’étranger et décrivait la plainte qui avait été déposée.

La plainte était fondée sur le fait que recruter quelqu’un pour une armée étrangère est un crime au Canada. C’est aussi un crime d’aider et d’encourager un tel recrutement en offrant des incitations et en encourageant toute personne à servir dans une armée étrangère.

La loi sur l’enrôlement à l’étranger stipule:

«Toute personne qui, au Canada, recrute ou incite d’une autre manière une personne ou un groupe de personnes à s’enrôler ou à accepter une commission ou un engagement dans les forces armées d’un État étranger ou d’autres forces armées opérant dans cet État est coupable d’une infraction.»

La seule exception serait le recrutement de citoyens israéliens qui ne sont pas canadiens.

La preuve

Le 3 janvier, de nouveaux éléments de preuve ont été fournis à Rob O’Reilly, chef d’état-major du bureau du commissaire de la GRC, concernant le recrutement militaire israélien illégal au Canada. O’Reilly a également reçu plus de 850 lettres d’individus préoccupés par le recrutement militaire israélien.

Selon les  statistiques de 2017 de Tsahal, 230 Canadiens ont servi dans l’armée israélienne.

Sans se dérober à ce recrutement criminel ou aux actes illégaux de Tsahal, l’ancienne ambassadrice du Canada en Israël Deborah Lyons a organisé un événement largement médiatisé le 16 janvier 2020 à Tel Aviv en l’honneur des Canadiens servant dans Tsahal.

À plusieurs reprises, le consulat israélien à Toronto a annoncé qu’il avait un représentant de Tsahal disponible pour des rendez-vous personnels pour ceux qui souhaitaient rejoindre l’armée.

Non seulement le consulat annoncé qu’il facilite l’ enrôlement dans une armée étrangère, il a pris des dispositions pour les soldats de Tsahal et anciens combattants présents dans  les écoles, les camps d’été et d’ autres endroits au Canada dans le but d’encourager les gens à enrôler.

Les preuves fournies à la GRC ont également montré un recrutement actif dans des organisations communautaires au Canada telles que la  Fédération UJA du Grand Toronto  qui a organisé un webinaire de recrutement pour les Forces de défense israéliennes le 4 juin 2020. L’affichage a par la suite été supprimé.

La Fédération UJA du Grand Toronto a co-organisé la quatrième conférence juridique annuelle du 9 février 2021, « La primauté du droit en temps de crise ». Le ministre Lametti figurait sur la liste des orateurs et a été interrogé dans une lettre envoyée par l’avocat John Philpot au sujet de sa participation à une session organisée par une organisation qui a encouragé le recrutement par l’armée israélienne au Canada. Lametti n’a pas répondu.

Préoccupations soulevées au sujet de l’impunité

Des inquiétudes concernant l’impunité du recrutement illégal par l’armée israélienne persistent depuis plus de sept décennies.

Le 26 janvier 2021, une recrue britannique a abattu un jeune de 17 ans , le premier enfant palestinien qu’Israël a tué cette année.

Des tireurs d’élite de Tsahal ont abattu au moins deux Canadiens ces dernières années, dont le  docteur Tarek Loubani  , le 14 mai 2018.