D’ici le 1er mars, Meng aura passé deux ans et trois mois en détention, accusé d’aucun crime au Canada. Son entreprise, Huawei Technologies, dont elle est la directrice financière, n’est également inculpée d’aucun crime au Canada. En fait, Huawei jouit d’une bonne réputation dans ce pays, où elle a créé quelque 1300 emplois technologiques hautement rémunérés ainsi qu’un centre de recherche et développement à la fine pointe de la technologie.
L’arrestation de Meng était une bévue colossale de la part du gouvernement Trudeau, exécutée à la demande de l’administration Trump, qui a admis qu’elle était prise en otage comme monnaie d’échange dans la guerre commerciale de l’ancien président avec la Chine. Il y avait des spéculations, lorsque le procès d’extradition de Meng a été ajourné pendant trois mois en décembre dernier, qu’un règlement à l’amiable pourrait être conclu avant le 1er mars.
D’autres ont émis l’hypothèse qu’avec sa nouvelle administration à Washington, Joe Biden pourrait retirer la demande d’extradition de Meng dans le but de rétablir les relations avec la Chine. Cependant, jusqu’à présent, aucune demande de retrait n’a été présentée et au lieu de cela, Biden a intensifié les tensions avec la Chine au sujet de Hong Kong, de Taiwan et de la mer de Chine méridionale.
Selon la Loi canadienne sur l’ extradition , le ministre de l’Immigration peut, selon la règle de droit, mettre fin à une procédure d’extradition à tout moment d’un simple coup de stylo. Le premier ministre a subi la pression d’anciens piliers du Parti libéral, d’anciens ministres et de juges et diplomates à la retraite, qui l’ont publiquement exhorté à libérer Meng et à rétablir les relations avec la Chine, deuxième partenaire commercial du Canada. Ils espéraient qu’en libérant Meng, Trudeau pourrait assurer la liberté de Michael Spavor et Michael Kovrig, qui ont été arrêtés pour espionnage et détenus en Chine en décembre 2018.
Il y a deux mois, l’avocat de Meng a demandé un assouplissement de ses conditions de mise en liberté sous caution pour lui permettre de se déplacer dans la région de Vancouver sans escorte pendant la journée. Actuellement, elle est surveillée 24 heures sur 24 par des agents de sécurité privés et est suivie par un dispositif de surveillance de la cheville. Pour cette surveillance, elle paie plus de 3 000 $ par jour.
Cependant, le coût économique pour le Canada de la détérioration des relations avec la Chine a entraîné des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars pour les agriculteurs et les pêcheurs canadiens, ainsi que la fin d’un projet sino-canadien de fabrication de vaccins COVID-19 au Canada. Cette situation risque de s’aggraver si le gouvernement Trudeau cède aux avertissements du Five Eyes Intelligence Network, comme exprimé dans une lettre adressée au premier ministre en 2018 par les sénateurs américains Marco Rubio et Mark Warner, exhortant Trudeau àexclure Huawei du déploiement d’un réseau 5G au Canada.
Le 22 février, la Chambre des communes a voté sur une motion conservatrice déclarant que le traitement par la Chine de sa population minoritaire musulmane ouïghoure est un génocide.