Canada : un pays dans la chaîne impérialiste

Vijay Prashad, extrait d’un texte paru dans Socialist Project, 11 juin 2019

Dans la crise du Venezuela

Le Canada est l’un des chefs de file du groupe de Lima, un réseau de pays qui s’est réuni en 2017 dans le but exprès de changer de régime au Venezuela. Le corps diplomatique du Canada a joué le rôle de facilitateur pour le chef de l’opposition vénézuélienne Juan Guaidó. Trudeau et Guaidó se parlent régulièrement. Le gouvernement canadien a été l’hôte de la réunion du groupe de Lima cette année. Il a aidé à organiser les tournées de personnalités de l’opposition vénézuélienne. L’ambassadeur du Canada au Venezuela, Ben Rowswell, a organisé un dîner annuel et remis un prix des droits de la personne aux personnes qui ont amplifié la voix de ceux qui s’opposaient à la révolution bolivarienne.

Face au Venezuela, le Canada n’est pas un spectateur de cette guerre hybride.

Mon ami saoudien

Malgré tous les discours sur les «droits de la personne», Justin Trudeau a défendu un accord de vente d’armes de 15 milliards de dollars avec l’Arabie saoudite malgré les nombreuses critiques, notamment sur l’atroce guerre au Yémen. L’ accord sur les armes entre le Canada et l’Arabie saoudite a été signé en 2014 et réalisé cette année par le gouvernement libéral de Trudeau. La liste des armes vendues à l’Arabie saoudite par General Dynamics Land Systems du Canada comprend des armes que l’Arabie saoudite utilise contre la population du Yémen. En juin 2018, le Comité sénatorial permanent des droits de la personne du Parlement canadien a produit un rapport clé. Trois sénateurs canadiens – un libéral, un conservateur et un indépendant – ont constaté que «même si le gouvernement du Canada préconise la protection de la sécurité humaine à l’étranger, il semble trop souvent vouloir compromettre ses valeurs afin de promouvoir les intérêts économiques et autres de la politique étrangère.

Le dossier des minières

Des sociétés minières canadiennes occupent un rôle fondamental dans la politique étrangère du Canada, notamment en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie du Sud. D’un bout à l’autre de l’Amérique latine, les sociétés minières canadiennes ont été impliquées dans des scandales successifs. Le Groupe de travail sur les droits miniers et humains en Amérique latine a déposé un accablant rapport auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’ homme. Le rapport note que «le secteur minier joue un rôle fondamental dans les efforts du gouvernement canadien» en Amérique latine, dans la mesure de l’ingérence dans les affaires intérieures de plusieurs pays. En Colombie, au Honduras et au Pérou, le gouvernement canadien a dirigé la rédaction de la politique minière. La colère contre le Venezuela doit être comprise en termes d’intérêts miniers du Canada. En 2007, Peter Munk de Barrick Gold a écrit au Financial Times une lettre résumant l’opinion de l’ensemble du secteur minier canadien sur le Venezuela. La lettre qualifiait Hugo Chávez de «dictateur dangereux» et appelait à une intervention: «Ne donnons pas au président Chávez une chance de procéder à la même transformation progressive du Venezuela.

Pourquoi Munk était-il si énervé? Le gouvernement Chávez venait de faire pression pour que les sociétés étrangères renoncent à leur contrôle majoritaire sur les réserves de pétrole du Venezuela. Cela dérangeait Munk, mais il n’était pas seul. Des représentants de l’ambassade canadienne au Venezuela ont déclaré à James Rochlin, professeur à l’Université de la Colombie-Britannique, qu’ils se sentaient floués par Chávez. Les racines du groupe de Lima remontent à la colère des sociétés minières et au désir de Chávez d’utiliser les ressources du Venezuela pour le peuple vénézuélien.

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