Pierre Mouterde
Depuis le 7 octobre 2023 et l’attaque meurtrière du Hamas ayant fait 1400 victimes du côté israélien, les semaines et les mois ont passé, et au Québec à travers les écrans chatoyants de nos cellulaires et téléviseurs, n’ont cessé de nous parvenir des nouvelles et des images de Gaza chaque fois plus dramatiques et insoutenables.
Sous des bombardements incessants de l’armée israélienne, ce sont déjà plus de 30 000 Palestinien.nes dont la grande majorité est composée de femmes et d’enfants, qui officiellement ont été tués en guise de représailles. Et dans le sillage de ces morts et blessés, ce sont plus d’un million 400 000 Palestinien.nes, qui ont été forcés à fuir leurs domiciles soudainement réduits en cendres et poussières, pour se heurter au sud à une frontière égyptienne infranchissable, puis se retrouver pris à Rafah en souricière dans ce qu’on pourrait appeler un gigantesque camp de déportation à ciel ouvert.
Dans le froid et le dénuement, manquant de tout, sans toit, sans eau, sans nourriture ni soins médicaux, ou presque ! Le symbole même de l’inhumanité la plus vive, la plus douloureuse, et plus encore de l’absurdité érigée en tragédie politique : voilà que ce sont les personnes descendantes des victimes d’hier-celles de la Shoah où ont disparu 6 millions de juifs-qui, au fil les politiques sionistes du gouvernement d’extrême droite du premier ministre Benjamin Netanyahu, sont en train de se muer en bourreaux d’aujourd’hui, en promoteurs de politiques aux allures génocidaires. Le tout, sous le regard faussement embarrassé des grandes chancelleries du monde occidental (É.-U. en tête !), qui se refusent à tout nouveau projet de cessez-le-feu et semblent avoir pris faits et cause loin de toutes les résolutions onusiennes pour la politique de la canonnière et de la raison du plus fort.
Ce qui a changé
C’est fondamentalement ce qui a changé ces dernières années : non pas les volontés populaires tant du côté arabe que du côté occidental—de trouver une solution politique et pacifique aux sorts respectifs des peuples israélien et palestinien, car hier comme aujourd’hui continue à s’exprimer dans le monde entier et, au travers de gigantesques manifestations, un puissant courant d’opinion publique favorable à la paix et à une solution reconnaissant les droits des uns comme des autres. Non, ce qui a changé ce sont les positions de certains gouvernements occidentaux auxquels s’est rallié le Canada (et dans une moindre mesure le Québec) — qui, frileusement, et prenant appui sur le pseudo-prétexte de la guerre au terrorisme, ont décidé de passer outre les positions de leurs opinions publiques, enfermant hypocritement les yeux sur les droits inaliénables des Palestinien.nes tout en cautionnant sans états d’âme, les politiques sionistes de colonisation promues par l’extrême droite israélienne.
Et peut-être est-ce là, dans cette faille qui existe entre les gouvernements et leurs opinions publiques, que nous pourrions nous glisser et nous sortir de ce rôle de spectateurs impuissants qu’on nous oblige à tenir, alors que nous sommes en même temps si touché.es par cette inhumanité en acte dont Gaza est devenue le symbole par excellence.
Participer à un vaste mouvement d’opinion publique
Au-delà même de ce qui pourrait se faire au Canada, au moins ici au Québec, pourquoi ne pas participer à un vaste mouvement d’opinion publique qui, parce que de plus en plus large, forcerait le gouvernement Legault notre gouvernement provincial à oser se tenir debout et faire preuve d’un minimum d’humanité en la matière, en posant un geste à portée symbolique ?
Pour le lancer, relancer ce mouvement, on pourrait par exemple s’en tenir pour commencer à une seule exigence, mais sur laquelle on mettrait toutes nos énergies. Il s’agirait de refuser publiquement d’ouvrir, comme le gouvernement de la CAQ avait prévu de le faire, le bureau d’une délégation québécoise à Tel-Aviv, tant que ne sera pas instauré un cessez-le-feu permanent dans la bande de Gaza, et reconnu le droit d’exister au peuple palestinien.
Il y a déjà une pétition qui circule à ce propos, mais pourquoi ne pas la reprendre, la relancer et la faire signer partout, en élargir la portée, que nous soyons des milliers, des centaines de milliers à l’exiger de notre gouvernement. Comme un raz de marée que rien n’arrêterait et qui rappellerait au gouvernement de François Legault qu’il en va de la démocratie et de toutes les promesses d’émancipation et d’humanité qu’elle appelle d’ores et déjà à réaliser !