Joseph Biden a déclaré que l’objectif de sa politique étrangère était de « remettre les États-Unis en tête de la table » dans les conseils des affaires mondiales. Tout en essayant de rétablir les liens avec les alliés européens, il a déjà accru les tensions avec les rivaux des USA.
Les États-Unis ont dominé le capitalisme mondial de 1945 à 1991, puis avec la chute de l’Union soviétique, ils sont devenus la seule superpuissance mondiale. Une hégémonie basée sur les investissements extérieurs, 800 bases militaires dans le monde, des interventions dans les pays étrangers allant jusqu’à de véritables guerres.
Dans les années 2000, les États-Unis avaient commencé à décliner en tant que puissance impériale. La grande récession de 2008 a marqué un tournant, avec une économie étatsunienne en panne tandis que l’économie chinoise continuait de monter en flèche. Alors que la puissance US déclinait, la Russie a profité de l’occasion et s’est emparée de la Crimée en 2014, la première saisie impérialiste de territoire en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Tensions avec la Chine
Aujourd’hui, Biden fait face à une multitude de défis. Trump, faisant valoir que la Chine se livre à la manipulation du taux de change de sa monnaie et à la concurrence déloyale, a pris des mesures fortes contre le rival des Etats-Unis, y compris des mesures douanières, des sanctions économiques et des restrictions de visas. Biden a maintenu les mesures de Trump. Lors des récentes discussions bilatérales qui se sont tenues à Anchorage, en Alaska, le secrétaire d’État US Anthony Blinken a accusé la Chine de violations des droits humains à Hong Kong et au Xinjiang, la province d’origine des Ouïghours.
Les responsable aux affaires étrangères du Parti communiste chinois Zhao Lijian a à son tour accusé les États-Unis d’avoir leurs propres problèmes de droits humains, une référence à la répression des manifestations de Black Lives Matter l’année dernière. Zhao a déclaré que les pourparlers avaient une « forte odeur de poudre à canon ».
Les accusations mutuelles entre les des deux gouvernements au sujet des violations des droits humains sont, bien entendu, vraies, mais ces récriminations ne servent qu’à dissimuler la lutte sous-jacente pour le pouvoir.
La guerre verbale de Biden avec les Chinois l’empêche d’amener la Chine à faire pression sur la Corée du Nord sur la question des armes nucléaires. Et Kim Yo Jong — sœur et collaboratrice du dictateur Kim Jong Un — a déclaré : « Nous saisissons cette occasion pour avertir la nouvelle administration américaine qui s’efforce de répandre une odeur de poudre dans notre pays ».
Russie, Iran, Afghanistan…
Les relations avec la Russie sont également tendues après que Biden a qualifié le dictateur Vladimir Poutine de « tueur ». Le porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, a déclaré : « Les propos du président américain sont très mauvais, il ne veut clairement pas améliorer les relations avec notre pays, et c’est de ce principe que nous allons désormais partir. » Poutine, lui, a déclaré qu’il souhaiterait « des discussions ouvertes et directes » avec Biden. Si la remarque de Biden était certainement vraie, elle augmente les frictions entre les deux pays.
En ce qui concerne l’Iran, Biden aimerait revenir dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015 que Trump a quitté en 2018, mais l’Iran demande en préalable la fin des sanctions économiques dévastatrices — qui empêchent les exportations de pétrole iranien — tout en continuant à développer son programme nucléaire. Et ses alliés houthis du Yémen tirent des missiles sur des champs pétrolifères en Arabie saoudite. Biden, qui craint de paraître faible, a maintenu les sanctions de Trump en place, mais il devra probablement faire des concessions pour attirer à nouveau l’Iran dans le traité.
Trump avait promis que les États-Unis retireraient d’ici le 1er mai leurs derniers 2500 soldats d’Afghanistan, où les États-Unis sont en guerre depuis près de vingt ans. Biden exige maintenant qu’avant le retrait des États-Unis, l’Afghanistan forme un nouveau gouvernement comprenant les talibans.
Nous entrons dans une période qui ressemble au début du XXe siècle, lorsque les grandes puissances rivales ont défié ont remis en cause l’ordre international existant et notamment l’hégémonie de la Grande-Bretagne, ce qui a débouché sur la Première Guerre mondiale.
Aujourd’hui, les puissances rivales défient les États-Unis. Les socialistes étatsuniens sont confrontés à la tâche de s’opposer à l’impérialisme US et à toutes les puissances concurrentes tout en faisant preuve de solidarité internationaliste avec les luttes pour la démocratie, les réformes sociales et le socialisme dans les pays du monde entier.