G7 : un contre-sommet qui fédère autour de la lutte contre le système capitaliste

BARROUX RémiGARICOïX Michel, Le Monde, 22 août 2019

Il y a la couleur bleue, monotone, des uniformes des milliers de policiers français – 13 200 annoncés par le ministre de l’intérieur Christophe Castaner –, mais aussi espagnols et basques, chargés d’assurer la sécurité du sommet du G7 à Biarritz, du 24 au 26 août. Ils sont omniprésents aux ronds-points des communes jouxtant la ville bunkerisée, comme aux sorties d’autoroute.

Et il y a la diversité des couleurs que les opposants ont adoptées : rouge, jaune, vert, noir aussi… Comme autant de signes de reconnaissance des causes qui convergent pour protester contre les politiques des grands de ce monde, jugées au mieux inefficaces, au pire aggravant la situation sur le front climatique ou celui des inégalités sociales.

Au centre de conférences du Ficoba à Irun, au Pays basque espagnol, qui héberge en partie les travaux du contre-sommet du G7 du 21 août au 23 août, les thèmes de débats sont nombreux : anticapitalisme, altermondialisme, luttes climatiques, sociale, féminisme, internationalisme… Durant ces trois jours, qui déboucheront sur une manifestation samedi 24 en fin de matinée, du port d’Hendaye à Irun, les anti-G7, quinquagénaires habitués des forums sociaux ou jeunes manifestants des marches climat, se voient proposer pas moins de trente-six conférences et une soixantaine d’ateliers, dans le centre d’Irun et d’autres lieux disséminés dans la commune française voisine d’Hendaye. Au menu, l’agroécologie, les migrations, les accords de libre-échange, la Palestine, les énergies fossiles et fissiles, le rôle des mouvements sociaux en Catalogne, le processus de paix au Pays basque…

Des « mouvements assez différents »

L’anticapitalisme domine : « Sortons du capitalisme et de la dictature des multinationales » est la première des revendications de la plateforme d’appel, soutenues par une centaine d’organisations. Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, les députés de La France insoumise Clémentine Autain et Eric Coquerel, le secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts David Cormand, participeront au contre-sommet, comme l’ancien porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste Olivier Besancenot, les responsables des ONG de lutte climatique, écologique et sociale, et de nombreux intervenants associatifs ou syndicaux basques.

« On a réussi à fédérer des réseaux et des mouvements assez différents comme les “gilets jaunes”, les militants climatiques, ceux des luttes contre les grands projets inutiles… Sans oublier le mouvement abertzale basque dont la présence était indispensable ici, explique Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac, au cœur de l’organisation du rendez-vous. Nous n’avons rien à attendre du G7, dont les Etats membres ont été à l’inverse des engagements pris sur la diminution des émissions de gaz à effets de serre ou la réduction des inégalités dans le monde. »

Tous les manifestants anti-G7 n’ont pas rallié les salles d’Irun pour débattre. Si l’on franchit le pont sur la Bidassoa, frontière naturelle entre l’Espagne et la France, à une quinzaine de kilomètres de là, on parvient au camp qui accueillait, dès mercredi matin, plus de 1 500 personnes. Parmi eux, de nombreux « gilets jaunes », arrivés de toutes les régions, se sont regroupés dans un « village jaune ».

Une « marche des portraits »

Assis devant une banderole proclamant « la Planète bleue a besoin de jaune pour redevenir verte », sirotant une bière, René, 62 ans, enseignant à la retraite, est venu d’un village près d’Annonay, en Ardèche. Sur son gilet, il a écrit « le capitalisme tue la planète ». « Pourquoi je suis venu ? Macron m’avait dit qu’il voulait s’occuper des inégalités sociales, et j’attends toujours. Je suis venu le lui rappeler », explique l’homme très sensible aussi aux causes des peuples indigènes. Et de compléter son propos en énonçant les nombreux méfaits du capitalisme pour la planète : « Déforestation, exploitation minière, d’huile de palme, éradication ou déplacement de populations… »

Dans ce camp, on trouve un atelier vélo, une quincaillerie, un espace contre les agressions sexistes et homophobes, un stand contre la privatisation des aéroports, ou encore l’AmbaZADa, venue de la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes, qui se veut une sorte de quartier général des luttes.
Là aussi, réunions et assemblées générales sont quotidiennes en attendant les marches annoncées – qui font redouter à certains que le climat bon enfant et les références à la non-violence, au cœur des plateformes d’appel à cette initiative, soient occultés par des débordements. Des rumeurs font état de rendez-vous dans la zone interdite aux manifestations, soit Biarritz, Anglet et Bayonne.

Dimanche matin, c’est dans cette zone, au cœur de Bayonne, que les portraits officiels d’Emmanuel Macron, décrochés ces derniers mois des murs des mairies, devraient être rassemblés et présentés lors d’une conférence de presse, en conclusion de la campagne « Climat, justice sociale, Macron décroche, décrochons-le ! »

« Nous aurons l’occasion de montrer, avec cette marche des portraits, que le président du pays hôte du G7 ne mène absolument pas, contrairement à ce qu’il dit, de lutte sur le front climatique », avance Txetx Etcheverry, porte-parole de Bizi, organisation basque de promotion du développement durable, et cofondateur du mouvement écologiste Alternatiba. « Alors qu’on nous interdit de manifester, ils ont même annulé toute initiative culturelle ou encore le marché paysan du samedi matin, dénonce-t-il. Nous allons mener une action non violente de désobéissance civile. »

Les images de cette marche de dizaines de photos du chef de l’Etat dans les rues, relayées par la presse internationale, risquent d’être la hantise de l’Elysée et des services préfectoraux.


Page de l’évènement de la coalition Pour le contre-G7 ➡️ Tou·te·s à Hendaye pour le Contre-G7 !

Site de la coalition Pour le contre-G7 ➡️ https://alternativesg7.org/


 

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