Gangstérisation en Haïti: Un subterfuge créé pour régler les contradictions de classes entre les riches et les pauvres

Depuis l’imposition de Michel Martelly et de Jovenel Moise au pouvoir par les USA et le Core Goupe, on constate dans le pays une situation de démangeaison provoquée par le phénomène de ganstérisation. De telles situations empêchent les classes populaires de se mobiliser pour dénoncer l’augmentation du coût de la vie et les dilapidateurs des fonds publics de l’État. Réfléchissons un instant, un petit pays comme Haïti de 27 250 kilomètres carrés d’une population de douze millions d’habitants, dans lequel sont dépensés dix-huit milliards de dollars US dans l’espace de dix ans, soit de 2010 à nos jours. Attention, on ne saurait expliquer les motifs de la gangstérisassion que si on cherche à comprendre la corruption qui gangrène l’administration publique. Quand on a commis une bêtise, pour la consolider, il faut qu’on en fasse une multitude d’autres de plus en plus monstre. Ces deux compères, Michel Martely, Jovenel Moise et compagnie dénoncés de corruption, des dilapidateurs des fonds publics, ne voulant pas être arrêtés et jugés se trouvent dans l’obligation de gangstériser le pays au préjudice des classes populaires. C’est le seul moyen selon eux pour non seulement ne pas être jugés, mais aussi pour passer les cinquante ans au pouvoir comme ils l’avaient claironné dans la presse.

Contrairement à ce qu’on aurait pensé, les gangs armés ne sont pas des orphelins, ils ont des mères et des pères, ils sont baptisés ayant des parrains et des marraines. Ceux qui ne comprennent absolument rien, répètent à longueur de journée que l’État est impuissant face aux gangs, comme quoi cet État à la volonté de résoudre le problème. Alors que c’est ce même État gouverné par des classes dirigeantes qui ont détourné les fonds publics de l’État pour acheter des armes illégales dans le but d’armer les gangs. C’est une espèce de «deal» obligeant ces dirigeants à sous-traiter avec les gangs en vue de leur permettre d’assurer en lieu et place de l’État le monopole de la répression sur les classes populaires.

Ce qu’il faut comprendre, c’est que, à chaque moment historique, les classes dirigeantes s’entendent avec les classes dominantes sur une méthode de répression des classes populaires en vue de régler les contradictions d’intérêts de classe entre les riches et les pauvres. Aujourd’hui la gangstérisation leur parait la plus acceptable. Tandis que sous Duvalier on a créé un corps de macoute qui alla lui permettre de macoutiser tous les appareils de pouvoir de l’État. C’est grâce à ce corps que Duvalier a pu passer trente ans au pouvoir, réaliser une multitude de massacres. La macoutisation a touché tous les aspects de la vie sociale, les églises protestantes et catholiques, les cercles de la franc-maçonnerie, ainsi que le secteur vaudou; sans oublier le secteur économique, les écoles privées et publiques.

Tous ces subterfuges ont été conçus justement pour terroriser les classes populaires dans l’intérêt de la bourgeoisie qui sous l’auspice du régime a exploité la classe ouvrière pour un salaire de misère. De tels salaires sont incapables de permettre aux ouvriers de manger à leur faim, de s’instruire, d’avoir accès à la santé, au logement et aux loisirs. Le régime des Duvalier comme tous les autres n’entretiennent avec les masses que des rapports de répression et de paiement des taxes. Malgré tout on entend certaines personnes qui essaient de bonifier le régime des Duvalier comme ils l’ont fait pour Jovenel Moise. Les classes dirigeantes ont toujours mis au service des riches tous les appareils de pouvoir de l’État, elles qui détiennent les banques, les usines, les terres, le commerce. Pourtant c’est nous dans les classes populaires qui les travaillons pour produire les richesses. En retour nous sommes incapables de manger à notre faim. Parce que justement nous subissons le poids d’un État qui nous oblige à travailler pour enrichir les riches. C’est ce statu quo que tous les dirigeants haïtiens veulent maintenir. Pour ce faire elles utilisent plusieurs méthodes de répression : macoutisation, gangstérisation, chimerisation, zenglendisation.

Il faut dire aussi que la bourgeoisie locale n’est pas la seule à être bénéficiaire de ces formes de répression, le capital bourgeois international en a également tiré d’affaire. Lorsque nous avons une main-d’œuvre à bon marché, c’est sûr que nous serons convoités par les investisseurs étrangers qui veulent réduire les coûts de production pour augmenter leur taux de profit. À cause de la gangstérisation, les malfrats armés viennent escalader les bœufs et les chèvres des petits paysans pauvres, ce qui les décourage et les obligera à aller dans les villes, travailler pour un salaire de misère. Ainsi le pays sera plus dépendant des USA en matière de viande, une occasion en plus qui permettra à la bourgeoisie américaine d’exporter beaucoup plus et les devises haïtiennes seront transférées pour enrichir les capitalistes américains. Actuellement les gens qui travaillent dur dans la diaspora sont dépossédés de leurs terres et de leurs maisons sous l’œil malveillant de la justice et de la police, les denrées des paysans sont dévastées par des gangs armés Ce qui explique que le pays sera plus dépendant de l’extérieur. Pour ainsi dire, la gangstérisation parait un procédé qui permet aux apôtres néolibéraux de résoudre certains problèmes que le néolibéralisme ne pouvait pas résoudre.

C’est grâce à un pouvoir gangstérisé que certaines personnalités dans la classe d’affaires arrivent à être en possession des ports, elles en profitent pour faire entrer des drogues et des armes illégales dans le pays en vue d’alimenter les gangs. Là encore c’est une occasion qui permet à l’industrie d’armement de tirer les affaires. Les compagnies téléphoniques viennent récemment augmenter le prix des services qu’elles offrent à la population, parce que justement à cause des gangs armés les déplacements pour donner de l’argent «mano à la mano» deviennent plus difficiles, ainsi le service MonCash sera plus demandé et les compagnies en profitent pour augmenter les prix. Donc contrairement à certaines personnes qui veulent nous faire croire que tout le monde est victime de la gangstérisation, nous leur disons que c’est faux et archifaux.

Actuellement on assiste à une dictature bancaire contre les gens de petites bourses qui détiennent un compte en banque. En accord avec la banque centrale, les banques privées décident des transferts de la population provenant de l’étranger comme bon leur semble. L’argent transféré en dollar est stocké par les banques et payé en gourde contre la volonté de la population. Les banques privées particulièrement la UNIBANK décident carrément de répondre en gourde les formulaires de retrait remplis en dollars par les clients. Elles veulent garder le dollar pour faire quoi? La plupart d’entre elles ne sont que des complices des dirigeants corrompus qui ont détourné les fonds de l’État, ce sont elles qui blanchissent les fonds qui proviennent du commerce de la drogue. Elles le font au vu et au su des autorités de la banque centrale, du Ministère de l’Économie et des Finances. Seul un pouvoir gangstérisé peut tolérer ce type de rapport entre la bourgeoisie financière et la population.

En dépit du caractère inhumain et criminel du phénomène de la gangstérisation, les pays capitalistes riches, le Core Groupe et les USA n’ont pas hésité même une seconde à apporter leur soutien aux marraines et aux parrains des gangs armés. Cela se comprend, car c’est sur la base des fonds qui proviennent de l’esclavage, un crime contre l’humanité au même titre que la gangsterisation que se développe le capitalisme industriel. À ce sujet, permettez que je cite Ernest Mandel : «Il estime sur la base de différents auteurs qu’entre 1500 et 1750, la valeur des transferts des colonies vers l’Europe occidentale s’est élevée approximativement à plus d’un milliard de livres or anglais, c’est-à-dire plus que la valeur totale du capital investi dans toutes les entreprises industrielles de l’Europe vers 1802.» Ceci étant dit c’est grâce à l’esclavage reconnu comme un crime contre l’humanité que le capitalisme a réalisé ses richesses et est devenu ce qu’il est aujourd’hui. Remarquer bien ce n’est pas un cadeau qu’ils avaient fait à Christophe Colomb, lorsqu’ils avaient fêté grandiosement en 1992 les cinq cents ans de l’arrivée de ce monsieur en Amérique, parce que le pillage colonial qui alla être la genèse du capitalisme industriel a tiré les enseignements de son origine dans le mode de production esclavagiste grâce à l’arrivée de Christophe Colomb en Amérique.

Somme toute, on peut dire que la morale pour les bourgeois et les capitalistes c’est tout ce qui répond à leurs intérêts de classe et que les valeurs morales contrairement à ce qu’on pourrait croire ne sont pas universelles. Les gangs armés qui font pleurer les familles haïtiennes et qui détruisent l’environnement n’ont pas trop dérangé les riches, bien au contraire, ils en sont tirés d’affaire. Ce phénomène atteint un niveau dans le pays qui nous rappelle l’esclavage vécu et expérimenté par nos ancêtres de 1503 à 1803, soit trois cents ans. Nous sommes un peuple malgré notre indépendance a toujours été en résistance. En dépit de tout, nous devons être optimistes quant à la transformation radicale de la société vers une autre plus juste et plus solidaire. Comme disait l’autre : un peuple qui a fait la révolution peut toujours en faire une autre.