Dans la nuit du jeudi au vendredi, 19 avril 2024, un acte ignoble a plongé le cœur d’Haïti dans une torpeur invraisemblable. Les locaux des Presse nationales d’Haïti, héritage sacré datant des premières lueurs de l’indépendance et qui sont aussi les locaux et le siège du journal Le Moniteur, ont été la cible d’individus armés qui les ont vandalisés et saccagés. Au cœur même de Port-au-Prince, à proximité du pénitencier national, ces démons de la nuit ont laissé leur empreinte de destruction et de désolation.
Dans ce sanctuaire de la libre expression et de la vérité, le directeur révolté, Ronald Saint-Jean, a témoigné avec des larmes de douleur dans les yeux. Les Presses nationales d’Haïti, forteresse de la voix du peuple, ont été souillées par la violence aveugle et la cruauté des bandits sans foi ni loi. Fondée il y a plus de deux siècles, le 15 novembre 1804, cette institution symbolise la résilience et la dignité d’une nation forgée dans le feu de la lutte pour la liberté. Mais ce n’était pas suffisant pour ces forces de destruction. Le directeur, témoin impuissant de l’horreur, a aussi été enlèvé . Ils ont peut-être épargné sa vie, mais ont infligé des blessures profondes à l’âme d’Haïti. Ils ont dérobé l’argent, dispersé des documents officiels de l’organisme dans les rues, mais ce fut la dignité et l’honneur de tout un peuple qu’ils ont heurté.
Ces actes de violence ne sont malheureusement pas des incidents isolés. Ils s’inscrivent dans une spirale de chaos qui semble s’enfoncer toujours plus profondément dans le tissu social d’Haïti. Après le pillage de la Bibliothèque nationale d’Haïti le 3 avril dernier, c’est maintenant la presse qui est visée par les assauts des gangs.
Ces parasites de la société semblent vouloir s’attaquer aux racines mêmes de leur propre patrie. Ils piétinent l’héritage des ancêtres sans le moindre égard pour le passé, le présent ou l’avenir d’Haïti. Le nouveau conseil présidentiel pourra-t-il mettre fin à ce concert de violence et de destruction? L’avenir d’Haïti dépend de la capacité de ses citoyen.nes en Haïti comme dans la diaspora à résister à cet obscurantisme.