Antoine Lyonel Trouillot, Le nouvelliste, 21 mai 2021
Le seul mérite de Jovenel Moïse est de forcer chacun à aller au bout de sa vérité. Nul ne peut, d’un lieu de cioyenneté ou de simple dignité humaine, le regarder s’enfoncer et vouloir enfoncer le pays avec lui dans sa folie de tenir un référendum inconstituionnel afin de remplacer une constitution qu’il n’a jamais appliquée par une sorte de manuel du présidentialisme par voie d’élimination des procédures intermédiaires.
Pourquoi ce projet de référendum ? Parce que des technocrates de seconde zone du libéralisme veulent un texte qui leur permet d’aller vite, d’éviter le contrôle et la discussion. Parce que Jovenel Moïse/PHTK veulent légitimer une continuité néo-duvaliériste en rupture avec les acquis de 86. Parce qu… Mais sans dire que peu importe, le plus important est que Jovenel Moïse, président de facto exilé dans un délire égotiste, n’a pas le droit d’imposer au pays, au peuple haïtien cet acte abject et arbitraire. Le laisser le faire, c’est abdiquer, c’est trahir notre conscience citoyenne.
Le peuple a dit non, l’opposition politique organisé a dit non, les institutions de la société civile ont dit non. Et, malgré ce non massif, nous laisserions cette folie sans ancrage, cette folie porteuse de rien, ne pouvant même pas se réclamer d’une quelconque idéologie politique et sociale, triompher de notre raison !
Jovenel Moïse n’est même pas un fou de Dieu ou le fou d’une idéologie revendicatrice pervertie, c’est le fou du pouvoir de Jovenel Moïse. Qu’il lui plaise de voir de l’électricité où il n’y en a pas, de chanter un quant-à-moi dont même les enfants se rient, on ne peut pas réduire les gens au silence, libre à lui de le faire dans son sommeil ou sa cellule. Mais le laisser réussir son soi-disant référendum, ce serait accepter l’établissement de la dictature et l’écrasement de la volonté populaire et des organisations représentatives des différents secteurs de la société.
Nous ne pouvons accepter cela. Nous ne pouvons, cachés dans nos salons, espérer que d’autres diront non à notre place. Nous ne pouvons, comme le font les salles de nouvelles de certains médias, jouer au ni pour ni contre. On parle de changement de constitution, de violer celle en vigueur pour en imposer une autre, et je n’aurais pas d’opinion quand je joue par ailleurs au directeur d’opinion !
Allons, il n’y a pas de neutralité possible dans cette affaire. La vraie question référendaire est : acceptons-nous que Jovenel Moïse poursuive son viol de la Constitution en nous en imposant une autre ? La réponse majoritaire est NON. Il faut la chanter, la scander, la crier. Dans les rues, les médias, les lieux de culte et de vie : NON.
Ce sont des millions de dollars que le pouvoir de facto engage dans cette folie. En comptant sur la corruption et la répression pour arriver à ses fins. Notre argent. Notre sang. L’heure n’est pas à tergiverser. Vouloir tenir ce référendum c’est une guerre déclarée à Haïti. Il faut lui montrer que nous ne sommes pas des moutons qu’on mène joyeux à l’abattoir. Vous avez dit référendum ? référendum mon…
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