Il y a 121 ans, le 2 juin 1900, l’Almamy Samory Touré décédait. Ce fondateur de l’empire Wassoulou (empire précolonial) est considéré comme le plus grand résistant à la colonisation française en Afrique de l’Ouest.
Né en 1833 dans ce qui allait devenir la Guinée actuelle, Samory se fait rapidement remarquer pour ses capacités dans le maniement des armes. Il est alors nommé chef de guerre par son peuple, les Camara, en 1861. Il fonde alors une armée et s’évertue à construire un État stable. Il se convertit à l’Islam et prend le titre d’Almamy qui fait de lui le porteur des pouvoirs temporel et spirituel.
Conscient de l’approche des colonisateurs français, il négocie avec les Anglais l’achat d’armes à feu. À la fin de la décennie 1870, les colonisateurs français commencent leur conquête de l’Afrique de l’Ouest. Samory s’engage dans la résistance et refoule, en février 1882, une attaque de l’armée coloniale.
Après quatre années de combat, Samory est contraint de reconnaître la supériorité de l’armement français. Il signe en 1886 un traité de paix qui reconnaît une zone d’influence pour la France sur la rive gauche du Niger. Il se consacre alors à mieux organiser son armée afin de reprendre la résistance. Un an plus tard, l’armée de Samory compte plus de 30 000 hommes et est organisée en compagnies. La cavalerie compte plus de 3000 combattants.
En mars 1891, les troupes coloniales violent le traité et lancent une attaque contre l’armée de Samory. Celui-ci se lance alors dans une guerre de mouvement pour éviter l’affrontement frontal. Après la signature de la convention de Bruxelles en 1890, Samory Touré ne peut plus acheter d’armes aux Britanniques, ce qui affaiblit fortement ses troupes. Cette convention officiellement interdisait la vente d’armes en vue d’éradiquer l’esclavage. Dans les faits, elle fut une aide directe au colonialisme français. Les troupes françaises prennent alors le dessus et Samory est contraint de se replier vers l’Est.
Le 29 septembre 1898, Samory est capturé et exilé au Gabon. Il y meurt en captivité, le 2 juin 1900, des suites d’une pneumonie. Il fut l’adversaire le plus redoutable des Français en Afrique de l’Ouest et à ce titre devient, dans les mémoires populaires, un symbole de la résistance à la conquête. Son arrière-petit-fils, Ahmed Sékou Touré reprit le flambeau de son ancêtre en s’opposant à De Gaulle et en exigeant l’indépendance de la Guinée.
Repose en paix, frère et camarade.
La résistance n’a jamais cessé, elle doit continuer.
Texte : FUIQP et Alain Saint-Victor