La semaine en Haîti: du 1er au 7 novembre 2021

Photo: Dieu Nalio Chery Associated Press

Plus de trois mois après son installation à la tête de l’État, le Premier Ministre Ariel Henry et son gouvernement sont incapables de dénouer la crise socio-politique d’Haïti. Étant divisé, son gouvernement est incapable de trouver un compromis interne travailler ensemble. Selon des rumeurs persistantes, depuis l’alliance de Ariel Henry et les éternels opposants de Jovenel, un groupe d’acteurs qui s’autoproclament « jovenélistes » boycotte tous ces efforts et vont jusqu’à utiliser les gangs armés, notamment le G9 dirigé par le caïd Jimmy Cherisier (Barbecue) pour asphyxier les projets du Premier Ministre de facto. Ce chef de gang ne cesse d’exiger sa démission. C’est ce qui explique la grave crise de carburant à laquelle le pays est en train de faire face actuellement. La stratégie des « jovenélistes » est simple : contrôler et bloquer la route menant au principal terminal pétrolier du pays.

Par conséquent, le pays entier est en panne de carburant depuis environ un mois, alors qu’il y en aurait suffisamment pour satisfaire les besoins de base. Bien que Ariel Henry ait promis de créer un canal de sécurité pour faciliter la distribution de carburant à travers le pays, la route menant au principal terminal pétrolier est toujours bloquée par les gangs du G9. Selon le président de l’Association Nationale des Propriétaires de Stations-Services (ANAPROSS), le 1er novembre passé, six camions remplis de carburant –y compris leur chauffeurs- ont été détournés et séquestrés par ces gangs. Trois jours plus tard, quatre autres ont été encore détournés. « La pénurie d’essence provoquée par l’intransigeance des groupes armés est un fardeau pour tous les secteurs de la vie nationale en dépit des promesses du Premier ministre d’accompagner la population dans le processus de ravitaillement en mettant la Police nationale d’Haïti. En effet, ce jeudi 4 novembre 2021 les rares pompes qui livraient le fameux liquide le faisaient au compte-goutte et dans le désordre le plus total.  Longues files de voitures, gallons numérotés faisaient la queue en quête du précieux liquide. Si les terminaux pétroliers sont bloqués par les groupes armés qui font régner leur loi, les retombées sont presque générales et plongent la population dans l’incertitude et le désarroi » (Extrait, Le National, 5 novembre 2021). Entre temps, les prix explosent sur le marché informel lui aussi en situation de rareté et les écoles, les banques, les institutions publiques, les réseaux de télécommunications, les médias, le transport en commun et mêmes les hôpitaux offrent des services par compte-goutte.

Face à la situation de criminalité généralisée, le président de la République dominicaine, Luis Abinader, cherche à développer une leadership régional en faisant des démarches auprès d’autres chefs d’État de la région pour « aider » Haïti à résoudre sa crise. Cela est perçue par les autorités haïtienne comme un affront à la souveraineté d’Haïti. Ainsi, le ministre des Affaires Étrangères d’Haïti, Claude Joseph, a fait un tweet pour lui rappeler qu’il y aussi de la criminalité dans son pays et les deux pays doivent travailler ensemble pour éradiquer la criminalité sur l’île. Comme réponse, le gouvernement dominicain a choisi de suspendre indéfiniment le programme de visa pour les étudiants haïtiens et ainsi que d’autres mesures anti-migratoires visant essentiellement les migrants Haïtiens. Le gouvernement haïtien a dû envoyer un émissaire spécial au pays voisin pour calmer la situation. Selon des déclarations faites par Ariel Henri la semaine dernière, l’incident est sur le point d’être résolu.

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