Susan Price publié sur le site Green left, le 27 octobre 2021, Traduction Patrick Le Tréhondat.
Des millions de personnes restent dans les rues de Khartoum, la capitale du Soudan, et d’autres villes, pour s’opposer au coup d’État mené par le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al-Burhan. Au 26 octobre, 12 personnes avaient été tuées et plus de 100 blessées, la troupe ayant tiré sur les manifestants. L’Association des professionnels soudanais (SPA), qui a joué un rôle de premier plan dans le soulèvement de 2019 contre la dictature d’al-Bashir, a déclaré :
« Ce coup d’État est dans la continuation [des agissements] des forces de sécurité du Parti du Congrès national et de ses milices, qui ont commencé le 11 avril 2019 dans le but de bloquer le chemin de la révolution de décembre et de la faire avorter. Nous lançons un nouvel appel aux comités de résistance de tous les districts et à toutes les forces politiques, professionnelles et de défense des droits révolutionnaires de toutes les villes et des villages du Soudan pour qu’ils se rassemblent et occupent les rues et les barricadent, et qu’ils poursuivent toutes les formes de désobéissance civile et de grève jusqu’à ce que nous vainquions le coup d’État en atteignant ce que notre peuple mérite sous les drapeaux de la liberté, de la justice et de la paix. »
L’Alliance des travailleurs soudanais pour la restauration des syndicats a publié la déclaration suivante le 26 octobre, en réponse au coup d’État :
Front uni démocratique : Un appel à la solidarité !
Il n’y a pas d’autre alternative que de poursuivre la lutte, de faire obstacle au coup d’État, de mobiliser nos masses et de réaliser l’ensemble des revendications et des aspirations de la révolution de décembre.
Le coup d’État du capitalisme parasitaire a été fomenté par le chef de guerre, Hemeti, et Burhan, l’appareil de sécurité d’Al-Bashir, et le reste des chefs de guerre qui trafiquent sur la souffrance de leur peuple, et les courtiers politiques qui se présentent sous toutes les couleurs et toutes les formes.
Nous demandons à la classe ouvrière du monde entier d’être solidaire avec le peuple du Soudan.
Aujourd’hui, 25 octobre 2021, le grand peuple soudanais mène sa lutte brillante, dure et sanglante contre un coup d’État militaire. Il n’y a pas d’autre alternative que de renverser et de déraciner toutes les forces qui s’opposent à la transformation démocratique, et qui servant les intérêts du capitalisme parasite et de ses maîtres
internationaux et régionaux, et qui doivent être tenues responsables de tous leurs crimes, de leur corruption, et de leur hostilité profondément ancrée à l’aspiration de notre peuple à la liberté, à la justice et à la paix.
Nous, l’Alliance des travailleurs soudanais pour la restauration des syndicats, appelons nos membres, travailleurs et travailleuses, artisans, salariés, producteurs et travailleuses des campagnes et des villes à s’engager dans une lutte prolongée contre ce clair et indéniable coup d’État, nous les appelons à s’engager dans la désobéissance civile et la grève générale jusqu’à la chute de la contre-révolution. Nous devons le faire avec la vigilance et la prudence qui s’imposent pour résister à tous les marchandages ou accords qui vont à l’encontre des exigences de la révolution.
Nous devons éviter sans réserve les compromis, comme l’accord signé le 17 août 2019, qui a contraint la révolution de décembre 2018 à une impasse, et empêché la réalisation de tous ses glorieux objectifs. Nous exhortons le peuple à construire un bloc syndical démocratique indépendant qui tire sa légitimité du travail et qui s’engagera à respecter les principes qu’il a lui-même adoptés. Nous tenons également à préciser que l’Alliance des travailleurs soudanais pour la restauration des syndicats s’engage à faire tout son possible pour coordonner, mettre en réseau et fournir toutes les informations nécessaires à la diffusion de8 ce bloc démocratique sur nos pages de médias sociaux.
Le pouvoir du coup d’État est le pouvoir du capitalisme parasitaire. Il est intrinsèquement hostile aux intérêts communs des travailleurs et travailleuses et de toutes les classes de salariés ; il est nécessairement hostile à notre peuple et à son droit à une vie digne. Le capitalisme parasitaire est en contradiction avec la juste demande du peuple soudanais pour la souveraineté sur les richesses et les ressources de notre pays. Il n’y a pas d’autre alternative que la lutte prolongée pour la chute du coup d’État, la liquidation de ses institutions et agences compromises et l’annulation de toutes ses alliances régionales et internationales.
Notre message aux honorables sous-officiers, aux soldats des forces armées, aux officiers des forces armées, de la police et des mouvements armés est qu’ils doivent respecter leur devoir de protéger leur peuple et s’aligner sur la cause de la transition démocratique. Ils ne doivent pas pointer leurs armes sur les poitrines dénudées des filles et des fils du Soudan, qui se dressent fièrement avec détermination et aspirent à la liberté, à la justice et à la paix.
Nous devons être clairs. Ce coup d’État désastreux ne servira que les mêmes classes sociales, et les intérêts régionaux et internationaux que le régime de Bashir a toujours cherché à protéger, et qui à leur tour sont restés silencieuse face à sa corruption, et ses crimes tout au long du régime dictatorial.
Nous allons réussir.
Notre peuple est plus fort que les assassins et les saboteurs, nous avons accumulé un immense héritage de résistance qui ont été à l’origine de la chute de nombreuses dictatures qui pensaient avoir réussi à briser la détermination du peuple soudanais. La victoire de notre révolution est certaine, quelle que soit la brutalité des contre-révolutionnaires et la soif de sang des putschistes vampiriques.
Gloire au peuple du Soudan et aux martyrs de la révolution soudanaise de toutes les époques.
Vive la lutte de la classe ouvrière soudanaise, de tous les travailleurs soudanais. Gloire au bloc des affamés.